Rien… Franchement, j’ai beau y réfléchir, je n’ai rien à dire au sujet de ce film. Que m’arrive-t-il ? Suis-je victime d’un manque d’inspiration ? D’une certaine manière j’ai envie de dire « oui ». Mais le manque d’inspiration ne vient pas de moi. Le manque d’inspiration, je l’ai ressenti dans ce film. Parce que oui, à part Virginie Efira dans ce film, il y a quoi ? Comme beaucoup, je pourrais saluer la fraîcheur et le talent de l’actrice belge, mais à dire vrai, son seul vrai talent dans ce film, ça a surtout été de cacher la misère. Parce qu’au fond, que nous raconte cette « Victoria » ? Il s’agit là juste du portrait d’une femme. Qu’en ressort-il ? Qu’en est-il dit ? Bah rien d’extraordinaire justement... Victoria est une femme qui se prend le chou pour rien. Victoria est une femme qui ne sait pas faire de choix ; qui ne sait pas se fixer de discipline ; qui ne sait pas faire le tri entre les choses qui lui sont fondamentales et celles qui lui sont nuisibles. Et qu’est-ce qui lui permet de remettre les choses en place ?
La rencontre du grand amour ?
Sérieusement ? Mais quelle blague ! Tout ça pour retomber sur ce schéma vide et éculé ? Franchement, Virginie Efira a bien du mérite. Réussir à donner un minimum d’humanité et de sympathie à un personnage au fond aussi médiocre, c’est franchement pas si mal. Parce que derrière elle, rien ne l’aide. Le film est lent ; il ne parvient pas à poser ses scènes clefs comme devraient l’être des scènes clefs (
la scène de sexe entre Efira et Lacoste en est notamment l’un des plus bels exemples : en plus d’être une scène sensée être intense, elle est aussi posée comme un tournant dans la vie du personnage de Victoria. Et pourtant, tout ça tombe à plat et semble durer des plombes
) ; mais surtout, le gros défaut du film, c’est qu’il ne parvient jamais à sortir du schéma classique du misérable vaudeville. Alors certes, tout le décorum de la petite bourgeoisie est sollicité, entre confort de vie soft et frasques de petits galopins, tout y est. Mais cela ne retire rien à la nature de ce qu’on nous sert comme spectacle, ni à la manière dont on nous le sert. C’est triste à dire mais, en voyant ce « Victoria », j’ai juste eu l’impression que son auteure ne savait rien raconter d’autre qu’elle-même ; qu’elle ne savait pas présenter un autre monde que le sien ; et qu’elle ne savait pas construire d’autres intrigues que celles auxquelles elle (comme nous) a toujours été habituée. Alors après, si encore Justine Triet avait eu une vie hors du commun, si encore elle était une personnalité marginale et originale – je ne dis pas – cela aurait pu valoir le coup. Mais non, Justine Triet est juste une femme normale, issu d’un milieu bourgeois qu’on ne connait que trop bien puisqu’il domine le cinéma français d’une main de fer, et dont les problèmes et préoccupations sont juste au fond bien banals. Malgré tout, entendons-nous bien : peut-être ai-je tout faux sur la personnalité de Justine Triet. Peut-être est-elle une femme à mille lieues de sa Victoria. Seulement voilà, moi, quand je vois sa Victoria, je ne vois rien d’autre que du banal, du vide, du déjà-vu… Alors après – je ne dis pas – peut-être certains s’y identifieront et s’y retrouveront, et tant mieux pour eux. Moi, personnellement, je n’ai rien contre les quadras bourgeoises, mais j’avoue que leurs problèmes ne me parlent que très peu, surtout quand l’écriture et la réalisation sont incapables d’en tirer quelque-chose d’un temps soit peu original et/ou universel. Restent donc seulement pour moi la sympathie que suscitent Virginie Efira et Vincent Lacoste. Heureusement, ce sont les deux personnages principaux. Ainsi, à eux deux ils parviennent à sauver le film du naufrage. Mais bon, même s’ils m’ont fait tenir jusqu’à la fin sans qu’il n’y ait eu trop d’ennui me concernant, je dois malgré tout bien avouer que le bilan au sortir du film fut assez navrant. Sans être totalement désagréable – et s’en est presque un de ses grands mérites – « Victoria » est un film vraiment insipide, et à mon sens, il suffit juste de dire cela pour en poser toute la limite. Personnellement, quitte à voir une « Victoria » je me dis que mieux vaut encore voir celle de Sebastian Schipper, sortie en 2015. Le personnage est tout aussi creux et basique, mais au moins le dispositif mis en place autour est bien plus intéressant… Bien que perfectible, la « Victoria » de Schipper ne s’oublie pas parce qu’au moins c'est un film qui a tenté des choses. Celle de Triet par contre s’oublie sitôt vue. Du coup, la question qui pourrait se poser à vous serait la suivante : « est-ce qu’au fond, « Victoria » mérite-t-elle qu’on perde son temps à la voir ? » Moi j’ai ma réponse. C’est non. Maintenant c’est à vous de définir la vôtre.