Morte n'importe comment, une femme étrange a eu un jour la drôle d'idée d'aller passer l'éternité dans le noir. Victime d'une méchante allergie à la lumière, son existence se résume à gratter des parquets chez des particuliers et à hurler comme une furie dès qu'elle en a l'occasion. Forcément pas très sociable, elle vampirise de sa présence une mère et ses deux enfants jusqu'à dézinguer tout leur entourage.
Jour, nuit, jour, nuit, jour,... Regarder "Dans le Noir", c'est un peu comme assister à un one-man-show d'un type attardé en train de s'amuser à tripoter un interrupteur pendant 1h20.
"Lights Out" était un court-métrage très efficace de David F. Sandberg (on retrouve d'ailleurs la même actrice en ouverture du film) qui a fait son petit buzz sur la toile grâce aux apparitions dans l'obscurité de son spectre. Le problème c'est qu'il ne racontait pas grand chose et, forcément, pour l'adapter dans un format plus long, il fallait étoffer un propos très rudimentaire ne reposant que sur la peur du noir. Pour cela, David F. Sandberg va faire le choix stupide de démystifier l'aura de cette silhouette fantomatique, pourtant réussie à l'origine, en lui adjoignant (très rapidement en plus) un background ridicule ressemblant à un immense recyclage des poncifs fatigués du genre. On se désinteressera vite de ses motivations (on comprend au moins pourquoi elle est hystérique, son existence remplie de malheurs rendrait le sourire à un cancéreux agonisant) et de sa relation envahissante avec la mère et les enfants du film (vraiment dommage car la métaphore familiale avait un certain potentiel) tellement tout cela donne le sentiment d'avoir été écrit à la va-vite pour justifier cette foire commerciale aux jumpscares inefficaces.
Car, oui, le court-métrage était avant tout un bel exercice de mise en scène et on retrouve même quelques chouettes idées de ce côté-là dans cette version longue (bien vu, le coup des phares !) mais "Dans le Noir" n'est hélas qu'un tour en train fantôme cinématographique de plus qui plonge dans toutes les facilités de la "frayeur" facile et répétitive (la principale innovation consiste à augmenter les décibels avec les hurlements de la spectre, youhou !). À moins de ne jamais avoir vu un film d'épouvante contemporain, "Dans le Noir" vire rapidement à la mauvaise routine avec tous les baillements que cela peut impliquer et semble s'éterniser le double de sa pourtant très courte durée.
Pauvre Sandberg, on souffre avec lui à l'idée de la suite déjà prévue, le producteur James Wan lui a ordonné de trouver une prolongation à cette "histoire " (un bien grand mot) et des nouvelles idées de mise en scène d'apparitions. Il va nous faire un burn-out et tenter d'avaler une boîte d'ampoules pour en finir, ce pauvre bonhomme...