Bon, j'avais ce film en DVD, et la durée est quand même super rebutante, 4h, même si ça a bonne réputation, faut se les taper les 4h. Mais dans un moment de faiblesse j'ai décidé de lancer le DVD (comprendre de l’introduire, légèrement humecté dans le lecteur).
De Cléopâtre je connais la "légende" et le film de Cecil DeMille. Alors ce que je ne sais pas, c'est si la légende veut que Cléopâtre soit apparu pour la première fois à Jules César enroulée dans un tapis. Mais c'est dans les deux films. Et si on excepte les passages obligés les deux films sont très différents.
Mais je dois dire que les deux ont un sens du grandiose et du spectaculaire.
Cléopâtre c'est des gens qui ont dépensé sans compter et ça se voit, parce que c'est splendide en tous points. Les décors (sans un pet de numérique, forcément) sont magnifiques, ça a de la gueule quand même lorsque ce n'est pas de la CGI. Et c'est sublimé par une photographie des plus splendide qui met très bien en avant les qualités "artistiques" du film. Ces plans de nuit où le bleu et l'orange se mélangent, c'est beau. Vraiment très beau.
Et j'avoue avoir été agréablement surpris par l'érotisme latent qui se dégage de la première partie du film, Taylor, magnifique, se baignant nue dans son bain, ou portant des décolletés ne laissant que peu de place à l'imagination. Brrr. Ceci me rappelle qu'à l'époque où j'étais un grand passionné d’égyptologie, Cléopâtre c'était un peu mon fantasme. Et je crois que ce film me l'a ravivé. Enfin cette image d’Épinal que l'on peut avoir de Cléopâtre et dont le personnage se joue en accueillant César dans son "bain". Cette reine sublime, faiblement vêtu, si ce n'est de légers draps transparents.
Seulement c'est là où Mankiewicz (que j'aime beaucoup par ailleurs) se perd. Pour moi il se trompe de sujet (où était-ce ce que les studios lui ont obligé de faire, je ne sais pas), pour moi le sujet n'est pas tout la dimension politique que peut avoir Cléopâtre, ses idées, ses plans un peu foireux, son ambition, le tout parfaitement rendu par la mise en scène bien grandiose et le côté très pompeux du film. Mais ça manque de chair. De désir brûlant. Ardant. D'érotisme. D'intimité.
On a de grandes obsessions, un final shakespearien, mais je trouve ça sans âme. C'est très bien huilé, sans nul doute. Et comme je l'ai dis visuellement c'est une baffe. Mais à force de trop vouloir en mettre plein la vue, de traiter de grandes idées, de Rome de façon aussi peu naturelle, j'ai eu l'impression que j'étais au théâtre (sans que ça soit péjoratif).
Et en parlant Shakespeare et théâtre, je trouve que Mankiewicz a très bien joué avec le fait qu'il avait déjà tourné Jules César dix ans plutôt et offre une vision de l'assassinat de César différente mais entièrement compatible avec son film précédent. Il refuse la redite, ainsi point de Calpurnia et de ses avertissements, nul vieillard sur les marches du forum vociférant "beware the ides of march", nul discours de Brutus, nul discours de Marc-Antoine, point de batailles Marc-Antoine contre Brutus, il l'a déjà dit et ce n'est pas le sujet. Donc là il s'en est bien tiré.
Seulement voilà, si ce n'est jamais chiant, que les 4h passent vraiment bien (bien que la fin je la trouve un peu longuette, genre la dernière demi-heure ça tourne un peu autour du pot), le sujet principal du film n'est pas traité et finalement je trouve ça assez banal sur le fond (pas que ça soit inintéressant, mais pas marquant) et le côté grandiloquent de la forme vient de rajouter une belle couche. C'est trop superficiel je pense, les personnages sont là, mais ne vivent pas. Leurs amours me semblent ôté de toute passion (un comble car Taylor et Burton fricotaient ensemble pour se marier un an plus tard). J'aurai aimé être déchiré, que ça soit humain et pas juste l'exemple même de ce que Hollywood peut faire question machinerie et logistique. Pour moi on n'est quasiment jamais dans le vrai, le pur.
Et au début du film, j'ai eu vraiment du mal avec l'accent britannique de Rex Harrison. Ben ouais déjà que ce n'est pas tourné en latin, si en plus César parle avec un accent de noble anglais… mouais. Et les Égyptiens je les trouve très pâle. M'enfin bon, on n'est pas dans la vérité historique, vu que Cléopâtre aurait eu des enfants avec Marc-Antoine, mais bon. Un peu de vraisemblance c'est cool parfois.
Tout ça pour dire que je suis déçu, c'est bien, mais trop grandiloquent, trop c'est trop et ça manque d'humanité. Je trouve ça transparent.