Aux commandes de ce film, un réalisateur espagnol, pas une surprise, l’ambiance rappellera pas mal de films de genre espagnols.
Bon, que dire ? D’abord, que l’ambiance est inégale. Je rejoins certains critiques. Ok pour le noir, le poisseux, le sanglant… mais si on est continuellement là-dedans, ça perd en force. Prenons la scène de la fête au village dans Sleepy Hollow au début. Elle apparaît soudainement et après la visite du lugubre village, et du coup elle marque directe. Là, du début à la fin c’est interlope et nocturne. Choix pas très payant à mon sens, d’autant que l’on apprécie pas forcément aussi bien les décors du coup, ni certains effets horrifiques peu lisibles. Enfin, malgré tout, la reconstitution est soignée, de beaux costumes, des décors raffinés et une photographie classique mais élégante. Quand je dis classique c’est parce que je retrouve fréquemment ces choix de couleurs, d’éclairages dans d’autres métrages ou séries concurrentes sur la période (par exemple L’Aliéniste). A noter un petit bémol de mise en scène car j’ai l’impression que le réalisateur était contraint de mettre des effets horrifiques mais ne voulait pas faire un film d’horreur, et il en résulte pas mal de coupures intempestives, de plans frustrants qui montrent sans montrer.
Le scénario est plaisant sur le papier, bien moins en vrai. Présence anecdotique et inutile de personnages connus totalement inexploités (Marx), fin très prévisible (je ne suis pas un Sherlock Holmes mais j’ai deviné au bout de 20 minutes) et surtout narration chaotique. Les choix narratifs ici sont très laborieux. J’ai eu le sentiment que ça aurait dû être une série dont ils ont compressé les épisodes pour faire un seul film. Où alors ils ont trop voulu caser de choses issues du livre. Enfin, dans les deux cas la narration manque de fluidité, l’enquête n’est pas si bien ficelé que ça, et le film semble renchérir (mais le livre sans doute aussi) dans le glauque pour faire oublier sa fadeur profonde. Pour moi c’était presque une évidence avec le cas de l’oncle par exemple (où les mariniers).
Le casting est bon. Nighy toujours top en général, des seconds rôles bien campés (Marsan notamment), une très jolie et piquante Maria Valverde face à une Olivia Cooke au personnage riche et complexe. De manière générale les personnages ont du relief (valable aussi pour John Cree et Douglas Booth) et on appréciera qu’ils ne soient pas (trop) manichéens. C’est le bon point du film, ce qui à mon sens le sauve de la déception réelle, vu ce que j’avais entendu du livre et les belles premières images du film.
Je persiste quand même à dire une chose : que ce film aurait été mieux en mini-série. Plus complet, plus soigné dans sa narration, il aurait convenu au format de L’Aliéniste. Il n’a pas du tout sur ce format l’efficacité d’un From Hell, mais je pense que la matière de base était aussi moins bonne (pour la fin notamment, même si j’imagine que ne pas avoir d’acteurs devant soi en lisant permet de moins percevoir les ambiguïtés des personnages). Je donne la moyenne, mais pour moi il manquait quelque chose, et l’on se rattrapera sur les acteurs et quelques belles séquences quand même. 2.5