« La Promesse de l’aube », d’après le roman autobiographique de Romain Gary, semble remplir son contrat par la grande fresque que Éric Barbier nous propose...
Un film très narratif, très descriptif dont la deuxième partie est beaucoup plus intéressante que le début un peu fastidieux.
Et justement, c’est bien là que le bât blesse, par ce côté presque hollywoodien à vouloir tout englober, tout montrer, tout nous faire comprendre sur le pourquoi du comment de cette relation dévastatrice, entre une mère castratrice au plus haut degré, et un fils soumis et en même temps fasciné par elle...
Une impression s’en dégage très vite, celle de plus vouloir nous plonger dans ce qui est à voir, plutôt que dans ce qui est à ressentir, à percevoir et à analyser !
Et pourtant, les deux acteurs Pierre Niney et Charlotte Gainsbourg se démènent vraiment, jusqu’à là aussi presque trop en faire, mais sans délivrer de véritables émotions.
Comme si le cinéaste avait privilégié davantage le récit, plutôt que dévoiler la véritable psychologie des personnages...
On aurait aimé plus de dépouillement et de force, mais moins de faste et de belles cartes postales.
Un resserrement sur cette terrible relation aurait permis d’entrer à fond dans le fonctionnement de ces deux esprits, bien que pas mal de moments nous démontrent la folie qui gagne ce duo, inter-dépendant, antagoniste et pourtant indissociable !
Ici la mante religieuse dévore son fils, le broie, le culpabilise en croyant l’aimer pour en tant que mère, mieux se valoriser et se réaliser, en compensant ainsi ce qu’elle a raté personnellement !
À ce niveau, certaines scènes sont d’une cruauté terrible et le mécanisme est plutôt bien montré dans une deuxième partie, ainsi plus pertinente et nettement plus efficace !
Alors sans démériter pour autant, ce film semble se disperser par tous les bouts, comme s’il voulait ne rien oublier, et être le plus exhaustif possible quitte à perdre en passant ce qui fait l’âme du roman de Romain Gary.
Un travail plus personnel, un peu moins scolaire était sans doute préférable mais il n’en reste pas moins que ce récit édifiant pourra plaire dans son déroulement.
Une destinée assez terrible dont la fin à elle seule, retranscrite par les mots de l’auteur lui-même en guise de conclusion, nous saisit d’effroi et ceci avec beaucoup de résonance et de portée...