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    Le Jeune Karl Marx
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    79 critiques spectateurs

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    poet75
    poet75

    269 abonnés 703 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 29 septembre 2017
    Si, comme je l’ai lu dans une critique, l’ambition de Raoul Peck était, en réalisant cette œuvre, de « déconstruire le vocabulaire du cinéma hollywoodien », on peut affirmer sans hésitation que le cinéaste a totalement échoué. Ce film ne déconstruit rien du tout. Au contraire, il est de facture on ne peut plus classique et ne déparerait nullement si on le comparait à nombre des « biopics » les plus traditionnels des productions d’Hollywood. Cela étant dit, « Le jeune Karl Marx » n’en est pas moins un film très intéressant et bourré de qualités. Classicisme n’équivaut pas nécessairement à banalité ni à médiocrité.
    L’une des forces du film de Raoul Peck, c’est de nous confronter non pas au Karl Marx hirsute que l’on voit sur toutes les photos, mais au jeune homme de 24 ou 25 ans cherchant à répondre dialectiquement aux oppressions dont il est l’un des témoins. C’est le Karl Marx qui débat et qui cherche sa voie que nous voyons à l’œuvre, quittant l’Allemagne pour rejoindre Paris, puis trouvant refuge à Bruxelles, et c’est captivant. Les cinéastes prennent toujours de grands risques lorsqu’ils mettent en scène des disputes philosophiques, le plus grand d’entre ces risques étant de faire sombrer dans l’ennui les spectateurs. Or, dans ce film, ce danger est toujours habilement contourné. Tous les débats, qu’ils se déroulent avec Proudhon, Bakounine, Weitling et, bien sûr, Engels, sont filmés de manière extrêmement vivante et, du coup, l’attention ne diminue jamais.
    On peut peut-être reprocher au film son aspect exagérément didactique. C’est un peu comme s’il avait fallu à tout prix glisser dans le scénario toutes les doctrines et tous les slogans qui fusaient à l’époque. Et c’est vrai que, de ce point de vue, il ne manque rien, pas une idée, pas une revendication, pas un cri de ralliement. Mais cette faiblesse, si c’en est une, est en même temps une force : elle donne au film un ton séduisant. On se régale d’entendre Marx contester le fameux slogan de Proudhon, « la propriété c’est le vol », par exemple. Ce qui n’empêchera pas, en fin de compte, Marx et Engels, d’imaginer eux aussi leur propre formule, en l’occurrence « prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! ».
    « Le jeune Karl Marx » est-il un film marxiste ? Pas vraiment. Ce que Raoul Peck met en évidence, c’est que les conditions de vie dégradantes, insupportables, des ouvriers de l’époque, ne pouvaient qu’engendrer des réponses de révolte, voire de révolution. La rencontre de Marx avec Engels fut déterminante et les conduisit à l’élaboration de leur critique commune. Sans doute n’imaginaient-ils pas, tous les deux, en fondant le parti communiste, qu’ils ouvraient la voie à de nouvelles dictatures, pas meilleures que celles qu’ils combattaient. Dans le film de Raoul Peck, on a affaire à deux jeunes hommes scandalisés (et qui ont raison de l’être) et donc contraints de chercher à mener leur combat, tout en gardant leur simplicité et leurs désirs (on est content de les découvrir amoureux, par exemple). Un film ayant des défauts, certes, mais aussi et surtout beaucoup de qualités. 8/10
    Olivier Barlet
    Olivier Barlet

    293 abonnés 393 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 25 septembre 2017
    (...) Dans le style à la fois dense et épuré qui caractérise son cinéma, Peck est attentif aux détails des décors en ne gardant que les objets signifiants. Sa mise en scène est minutieuse et dépouillée, tout en laissant aux acteurs par la durée des plans leur faculté d’interprétation qui donne au film sa chair. Il insiste sur les problèmes financiers de Marx qui n’arrive pas à se faire payer ses écrits par les éditeurs, détrônant ainsi l’icone pour le ramener à l’engagement d’un être humain qui nous devient familier. Il baigne les ambiances dans les lumières tamisées des intérieurs ou bleutées des rues la nuit pour mieux rendre audibles les joutes verbales magnifiquement écrites avec son fidèle scénariste Pascal Bonitzer avec qui il travaille depuis Lumumba. Le film est ainsi tout sauf didactique. (...)
    Car si ce sont les mots qui importent avant tout dans ce film, ils sont toujours l’objet d’une mise en scène qui nous rend proches les personnages et les situations. Ils sont prononcés dans la langue où ils semblent les plus percutants ou bien pour n’être compris que par l'interlocuteur, ces exilés permanents dominant le français et l’anglais aussi bien que l’allemand. Ainsi, loin d’être un discours ou un slogan, Le Jeune Karl Marx a la quotidienneté d’une plongée dans l’intimité de deux couples, Marx et Jenny d’une part, Marx et Engels d’autre part. Si ce dernier duo fournit les textes, ils sont aussi pensés au niveau du premier, et ce n’est pas la moindre qualité de ce film que de laisser aux femmes la place qu’elles méritent. On sent la tendresse et la reconnaissance de Marx pour sa femme qui a quitté pour le suivre la sécurité de la riche famille de Westphalie dont elle est issue. Mais plus encore, Jenny, qui pétille d’intelligence, est une battante qui ne recule devant rien, prête à tous les risques, soulignant qu’ « il n’y a pas de bonheur sans révolte ». C’est dans cette énergie que se meut ce trio et partant le film. (...)
    Peck se concentre sur ce qui est pertinent pour aujourd’hui, s'organiser autour d'une pensée, et opère ce retour à l’Histoire, de Baldwin à Marx, pour reconsidérer le temps présent. Il le fait en s’ancrant dans le réel de l'époque, scrupuleusement étudié et reproduit. Et réussit le pari de dépoussiérer l’Histoire pour donner toute sa force à la colère de ces jeunes qui osaient penser qu’ils pourraient changer le monde et en débattre avec tous. (lire l'intégralité de la critique d'Olivier Barlet sur le site d'Africultures)
    dominique P.
    dominique P.

    832 abonnés 2 027 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 27 septembre 2017
    J'adore les films historiques.
    Celui-là est passionnant et brillant.
    C'est un film de grande qualité et très intéressant.
    Marx, sa femme et Engels sont à l'origine du parti communiste.
    Les années 1840 à l'ère de la révolution industrielle sont bien reconstituées et captivantes.
    Gérard Delteil
    Gérard Delteil

    200 abonnés 1 903 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 30 septembre 2017
    Il a fallu une certaine audace à Raoul Peck pour se lancer dans un tel sujet. Faire vivre à l'écran deux monstres sacrés comme Marx et Engels, il fallait oser. L'exercice était d'autant plus difficile que Marx a tout de même passé l'essentiel de son existence à écrire des livres, des courriers et prononcer des discours, ce qui n'est pas particulièrement cinématographique. Certaines séquences sont très réussies, comme la visite de la filature par le jeune Engels aux côté de son propriétaire de père et la discussion avec un autre grand patron qui justifie le travail des enfants par la nécessité de faire face à la concurrence - air connu. Côté acteurs, Olivier Gourmet campe un Proudhon formidable. Le spectateur qui n'est pas très au fait des débats qui agitaient le mouvement ouvrier au 19ème siècle risque cependant d'avoir quelques difficultés à comprendre ce qui divise les protagonistes. Le film oscille entre un certain didactisme, avec des lectures d'extraits de textes classiques, et une illustration un peu sage de la vie de ces deux jeunes révolutionnaires. Les citations font parfois "catalogue" ou quatrième de couverture. Quand Engels dit à Marx, "Tu as remis la dialectique de Hegel sur ses pieds", on ne peut s'empêcher de sourire. En dépit de ces lourdeurs un peu maladroites, Le jeune Marx reste un film attachant, parfois émouvant et le post générique sur les révolutionnaires qui ont succédé à Marx et Engels lui donne un certain souffle.
    traversay1
    traversay1

    3 534 abonnés 4 820 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 29 septembre 2017
    Entre pédagogie et hagiographie (on n'en est pas loin parfois), Le jeune Karl Marx a pour rude mission de remettre dans leur contexte un homme et ses idées. Mais le titre du film est trompeur, Engels a tout autant d'importance dans le récit et son personnage est d'ailleurs bien plus captivant : issu de la bourgeoisie et se mêlant volontiers aux ouvriers, il sait de quoi il parle et n'a pas cette arrogance affectée dont le très intellectuel Marx est affligé. Quoi qu'il en soit, le film aurait dû s'appeler Friedrich et Karl, histoire d'une amitié et de convergences de vues dans une Europe pré-révolutionnaire. Le film passe parfois par de longs tunnels didactiques et l'on a l'impression d'être dans une version filmée de Les bases du communisme pour les nuls. L'aspect romanesque des vies de nos deux héros est cependant évoqué avec bonheur, que l'on doit notamment au beau tempérament des deux actrices qui les incarnent. Grâce au personnage d'Engels, le film ne manque pas sa reconstitution de l'industrie de l'époque et les combats idéologiques sont relativement bien illustrés avec notamment les figures de Proudhon et de Bakounine alors que le Dropping Names qui menace se limite à peu près à Courbet. La réalisation de l'haïtien Raoul Peck n'est pas d'une légèreté folle et frise un peu l'académisme mais on n'attendait pas un film révolutionnaire, si l'on ose dire. Prolétaires de tous les pays, la vision de ce film est loin d'être inutile pour comprendre peu ou prou ce qui mouvait Marx et Engels. Comme un préambule à la lecture du Capital ? Euh, oui, pourquoi pas ?
    Jrk N
    Jrk N

    38 abonnés 239 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 28 septembre 2017
    Excellents acteurs, belle mise en scène, très bien filmé. Le scénario se concentre sur les quelques années du début de la carrière de Marx et donne une grande place, méritée évidemment à Jenny. On le voit militant comme il l'a été toute sa vie, agissant pour la constitution d'un parti ouvrier mondial. En revanche on ne comprend pas très bien d'où il vient ni son trajet intellectuel jusque là. Les attaques contre les Feuerbachiens néo-hégéliens ne sont pas expliquées, ni surtout leur fondement. Ce qui est plus grave c'est que sa théorie économique, qui aurait pu être brossée en quelques minutes n'est pas vraiment abordée. C'est un défuat important du film mais on ne peut pas lui ôter la qualité majeure (surtout en ce moment) de nous rendre Marx et Engels vivants, attachés à la classe ouvrière et à ses premiers mouvement politiques, et surtout clairement placés comme des intellectuels au service et au sein du mouvement d'émancipation des travailleurs. Et pas des penseurs bourgeois qui apportent leur science artificielle comme les staliniens et leurs successeurs depuis 1930 ont présenté Marx et Engels. Il y a probablement des problèmes de détails historiques mais ils ne me semblent pas très graves.
    circusstar
    circusstar

    134 abonnés 718 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 15 octobre 2017
    Film historique passionnant sur la naissance du communisme. Des acteurs extraordinaires. Une période de l’histoire revisitée. Un très bon film très intéressant.
    PaulGe G
    PaulGe G

    107 abonnés 607 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 28 septembre 2017
    un film historique sur le milieu du dix neuvième siècle avec une reconstitution très minutieuse des décors et costumes. le bouleversement de l'industrie de ces années engendre une nouvelle forme d'esclavage que dénonce un certains nombre de personnes . Marx l'idéaliste et Engels le fils d'industriel écrivent les premiers textes sur le communisme . une superbe mise en scène avec des éclairages surprenants et une interprétation admirable, du très grand cinéma .
    anonyme
    Un visiteur
    4,0
    Publiée le 15 septembre 2017
    Scenarisation, dialogue, décors jeux d'acteurs ce biopic est de mon avis à la hauteut de l'œuvre et qui plus est donne l'envie de se replonger dans l'œuvre de cet humaniste aux idées révolutionnaires.
    Ce second long métrage est hypersoigné et mérite l'attention sans modération d'une majorité de spectateurs.😃la fin pose problème à certains.pour ma part J'ai trouvé que le diaporama final sur des images célèbres du Vingtième montre que le problème de notre société exploitants/exploités est toujours d'actualité.
    Courez c'est Une franche réussite !
    anonyme
    Un visiteur
    5,0
    Publiée le 27 septembre 2017
    Il était temps!
    Ce qui se passait avant est toujours d'actualité maintenant et plus sournois car c'est bien un système qui plaît dans cette occident ou il faut se soumettre.
    Seemleo
    Seemleo

    63 abonnés 888 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 21 octobre 2017
    Enfin un film "européen" qui n'est pas une soupe internationale sans saveur. Sur une mise en scène classique et efficace, on conte avec beaucoup d'énergie et de passion, la jeunesse européenne d'un certain Karl Marx et de son ami Friedrich Hegel entre le Paris, Londres et Bruxelles des années 40. Celles du XIXème siècle.

    Ces fondus sans concession ont créé de nouvelles idéologies qui vont influencer l'Histoire jusqu'à aujourd'hui et initié le communisme dans une société en mutation profonde, parfait miroir du monde actuelle.

    Le réalisateur construit son récit sur la chaude amitié de Karl et Friedrich et démontre l'influence de cette rencontre sur leur vie et leur oeuvre respective.

    Tout en étant didactique, le film évite toute lourdeur et se laisse voir avec bonheur. La VO (français allemand et anglais) est indispensable
    anonyme
    Un visiteur
    3,0
    Publiée le 29 septembre 2017
    1843-1848 où Karl Marx de 25 à 30 ans. Ce sont ces cinq années qu’a choisi de raconter le cinéaste Raoul Peck. Cinq années fécondes qui marquent l’émergence de la pensée du jeune intellectuel Prussien. Deux ans déjà qu’il a passé son doctorat de philo et débuté dans le Journalisme. La période est marquée par deux rencontres décisives : Jenny, sa précieuse épouse et Engels avec qui naîtra une profonde complicité qui débouchera sur la rédaction du Manifeste du Parti communiste. La statue du commandeur commence à prendre forme.
    Sous l’influence d’Hegel puis de Proudhon, Marx affine sa dialectique dans La Gazette Rhénane, où il commence par dénoncer l’exploitation des travailleurs dans les filatures de Manchester, avant d’étendre sa critique au travail salarié. De Berlin à Londres en passant par Bruxelles et Paris, il pourfend le fétichisme de la marchandisation et de l’argent ; démonte les rouages du capitalisme ; prône de la lutte de classes, s’implique dans l’agitation des mouvements sociaux et en appelle l’unité des prolétaires… La renommée grandissante n’empêche pas son couple de vivoter.
    Sur un scénario honnête mais sage et en s’appuyant sur une mise en scène d’un classicisme ordinaire, le cinéaste Haïtien déroule de façon linéaire ces cinq années décisives. Un peu de romanesque s’invite dans ce biopic, grâce à quelques jolies scènes avec sa femme et avec Engels. On est sensible à l’effort de pédagogie du réalisateur pour nous familiariser avec la pensée de l’auteur du Capital sans tomber dans le didactisme historique. Mais s’il faut juger du film en se détachant du sujet, alors on reste dans le correct, à l’image des acteurs.
    anonyme
    Un visiteur
    3,0
    Publiée le 29 septembre 2017
    Si vous pensez que le titre fait référence à l’article naguère célèbre de Louis Althusser «Sur le jeune Marx » paru en 1961 dans la revue « La pensée » et qui avançait l’hypothèse d’une « rupture épistémologique » dans l’œuvre de Karl, vous allez être déçu. Pardon de spoiler. Non, cet honnête biopic conte avec une certaine recherche de réalisme la vie quotidienne du penseur durant les années qui précèdent 1848, donc ses trente ans. Tout cela est plus apte à porter le spectateur à s’assoupir qu’à enclencher un élan révolutionnaire. Il convient de reconnaître qu’au delà de la banalité revendiquée de nombreuses scènes (Marx fait l’amour avec sa femme, se soule avec Engels, a des problèmes avec ses créanciers, etc.) , le film se donne la peine de présenter de nombreux partenaires et/ou contradicteurs de Marx : Engels évidemment, mais aussi Bakounine, Proudhon et une brochette de noms moins connus qui posent son marxologue. Cette érudition serait appréciable si le réalisateur était parvenu à camper de manière lisible les diverses orientations et les enjeux du mouvement ouvrier naissant. Malheureusement, c’était difficile. Il n’y est pas parvenu et, dans la confusion, on distingue mal l’originalité des positions de Marx, un type un peu suffisant, au demeurant assez débonnaire avec ceux qui ne sont pas à son niveau. La petite fresque se termine en queue de poisson sur la publication du « manifeste communiste » alors que le texte devrait être le prétexte à une scène forte, un frémissement, sinon à un hymne à la révolution. Non, c’est fini et, avant d’enchaîner sur le générique, sont passées des photos de grands révolutionnaires comme le Che, Mandela et quelques autres sur fond sonore de « Like a rolling stone » de Bob Dylan. L’ensemble de ce projet, qui est loin d’être inintéressant, a néanmoins de quoi rendre perplexe.
    lhomme-grenouille
    lhomme-grenouille

    3 324 abonnés 3 170 critiques Suivre son activité

    0,5
    Publiée le 7 octobre 2017
    Pfff… Je ne sais pas quoi dire… Moi ce genre de films là, ça me sidère… Tu fais un film sur Karl Marx et tu décides de faire l’impasse sur sa philosophie… Ça, je ne COMPRENDS pas. Le pire c’est que ce n’est pas comme si le film s’était interdit de parler politique parce qu’il voulait éviter le blablatage. Non, même pas. Ce film, c’est du blablatage de long en large. Quand bien même il aurait su retranscrire avec intelligence la pensée marxiste ou bien même – à défaut – brosser la structuration des mouvements ouvriers j’aurais déjà trouvé que c’était un gros problème. Parce que pour moi, un biopic doit savoir aller au-delà de la simple resucée de page Wikipedia. A un moment donné, l’art oblige à incarner des personnages et une époque. Ça doit passer par des artifices scénaristiques. Ça doit passer par de la chair, de l’émotion, des enjeux… Là, on a juste à faire à un premier quart d’heure qui essaye de se débattre comme il peut avec une introduction imagée puis à une relation amoureuse assez plate entre Karl et Jenny (avec en guise de cerise sur la gâteau la traditionnelle scène de coït qui tombe à plat car elle n’est absolument pas l’aboutissement d’une tension sexuelle traduite précédemment à l’écran. Le fail classique quoi…) Et puis après ce premier quart d’heure là, les efforts disparaissent. On rentre très rapidement dans le schéma plan-plan : Karl rencontre ses potes philosophes pour philosopher OU Karl est avec sa famille, confronté à la nécessité de l’entretenir. Autant dire que c’est vraiment l’application la plus basique et la plus poussive du biopic qui soit… Mais bon, comme je le disais plus haut, le pire n’est pas là. Le pire c’est qu’en plus de tout ça, le marxisme est finalement le grand absent du film. C’est même totalement dingue de constater comment ce film avance tout en excluant très rapidement les ouvriers et les idées de ses centres d’intérêts. A la place, on se retrouve avec une seule lecture évènementielle de sa vie, dépourvue de toute chair et de toute idée, un peu comme une adaptation pourrie du « Seigneur des Anneaux » qui n’a pas compris que l’intérêt du bouquin se trouvait dans la description de l’univers et non dans le récit superficiel des étapes du parcours… Ainsi voit-on dans ce film un Proudhon et un Marx jouter souvent ensemble mais sans vraiment rentrer dans les détails. Au bout d’un moment, on se retrouve carrément avec les deux gars qui se fightent par bouquins interposés, les fameux « Philosophie de la misère » contre la « Misère de la philosophie » ; mais à aucun moment le film ne nous prend la peine de nous expliquer le contenu des deux ouvrages. On a juste droit à la place à une femme qui expose aux gens que Proudhon a écrit le premier et que Marx l’a désossé avec le second. Comment ? Avec quel résultat final ? Bah ça on n’en saura jamais rien. Le film fuit tellement son sujet qu’à la fin, quand j’ai entendu pour la première fois le mot « communisme », je me suis carrément surpris à me dire « Ah mais oui c’est vrai qu’on me parle du Marx qui est à l’origine du marxisme ! » Et là, j’en suis venu à me demander qu’est-ce qui a pu passer à l’esprit de Raoul Peck quand il s’est lancé dans ce film… Parce que bon, qu’on ne sache pas retranscrire un débat d’idées en situations concrètes et incarnées, ça encore je peux le comprendre. Effectivement ça nécessite un talent et une créativité que tout le monde n’a pas forcément. Mais par contre, vouloir faire un film politiquement correct et absolument pas subversif en choisissant comme sujet Karl Marx, là, moi, je ne comprends plus du tout la finalité de la démarche. Là on n’est plus dans l’absence de talent, on est carrément dans la stupidité pure et dure. Non mais oh quoi ! Marx sans politique ? Mais c’est comme vouloir faire une adaptation de « Fifty shades of Grey » au cinéma qui soit seulement interdite aux moins de 12 ans ! (Euh.. Ah oui c'est vrai...) Alors OK, au moins ça sait poser une caméra sur un trépied, ça sait faire jouer ses comédiens pas trop gauchement et ça fait une photographie pas trop hideuse. Mais après ? Quand l’idée de base est déjà moisie dès le départ, plus rien ne peut la sauver. Du coup, vous l’aurez compris, moi des films comme ça, je les range sans scrupule aucun aux côtés des gros nanars qui, non seulement n’apportent rien, mais qui en plus font plus de mal qu’autre chose. Parce que bon, réduire Marx à cette espèce de peinture bobo sans fond ni âme, c’est un peu comme faire fabriquer des T-shirts Che Guevara dans des usines de fringues au Viet-Nam : plus qu’un contresens, ç’en devient une hérésie… Après, ce n’est que mon point de vue. Donc si vous n’êtes pas d’accord et que vous voulez qu’on en discute, n’hésitez pas et venez me retrouver sur lhommegrenouille.over-blog.com. Parce que le débat, moi j’aime ça… ;-)
    Jan F
    Jan F

    3 abonnés 31 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 2 octobre 2017
    C'est un biopic, donc c'est un film soumis à cette difficile contrainte d'être une fiction basée sur des faits réels, d'être un récit qui emporte le spectateur dans le récit, tout en lui rendant pertinent le parcours des personnages.
    De ce point de vue le film de Raoul Peck, avec Pascal Bonitzer en co-scénariste, est très réussi.
    Et comme les dialogues sont tirés d'échanges réels (en français, en allemand et en anglais), même si l'on connaît l'apport de Marx à la pratique politique, on s'étonnera de leur actualité.
    Une vraie réussite, avec de superbes reconstitutions, des acteurs bien dirigés, et l'émotion qui forge un bon récit.
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