Si je ne m'abuse Le jeune Karl Marx est le premier que je vois de Raoul Peck et il m'a donné exactement ce que j'avais envie de voir. Disons qu'il propose une vision de la jeunesse de Marx où il s'oppose aux intellectuels de son temps, y compris ceux qui pourraient être dans son camp (Proudhon, Weitling...) et finalement le film ne brille jamais plus que dans ces moments là. C'est bien beau de montrer la vie de famille de Marx, de voir Engels lutter avec son paternel bourgeois, mais le réel plaisir du film est la mise en scène des oppositions sur ce qu'est le communisme, sur sa nature, sur ce qu'il faut faire, révolution, pas révolution... donner le même salaire à tous et prolonger la société actuelle, ou bien changer fondamentalement la société ?
D'ailleurs Peck ne s'y trompe pas, puisqu'il va s'en donner à cœur joie, multipliant les rencontre en Karl Marx et d'autres philosophes, les discussions dialectiques... Et en fait le plus gros défaut du film, c'est limite que je n'en aurais voulu encore plus. Il y a un côté fascinant à tout ça, que ça soit dans les idées avancées ou dans la trame politique qui se joue là, avec Mark et Engels qui évincent petit à petit tous les autres penseurs jusqu'à qu'ils puissent former la la ligue communiste.
D'ailleurs il faut noter que le film est tourné en allemand, français et anglais, ça qui renforce l'immersion et le côté vivant des dialogues où les gens passent d'une langue à l'autre en fonction de leur interlocuteur et de leur aisance à parler la langue. Il y a un côté naturel qui vient donner du dynamisme. (d'ailleurs, anecdote inutile, mais j'ai commencé par regarder le film en version allemande et en voyant Olivier Gourmet mal doublé, avec une synchro labiale aux fraises, j'ai relancé le film du début avec la bonne piste son)
Les acteurs sont tous excellents, même si August Dielh fait clairement plus vieux que son personnage, j'aime beaucoup son regard amusé sur la situation. On sent qu'il dégage une certaine sérénité pour ce qui concerne la politique et qu'au contraire il est beaucoup plus à cran dès que ça touche au bien être de sa famille.
On sent que Peck adore vraiment le personnage de Marx, il prend systématiquement son parti, il est toujours montré comme ayant raison et la fin en fait peut-être un peu beaucoup (après je ne suis pas historien). Mais il n'en reste pas moins jouissif de voir un portrait aussi mélioratif du personnage, seul (ou presque) contre tous, brillant par sa méticulosité.