"Julieta", un nouveau Pedro Almodovar bien intéressant, mais qui aurait pu l'être bien davantage !
C'est sans doute l'impression ressentie à l'issue de la projection de ce dernier opus centré sur un drame familial où les thèmes de la disparition, de la culpabilité, de l'incommunicabilité et de la séparation se mêlent et s'entrecroisent à la manière du célèbre cinéaste espagnol...
Et malgré sa signature artistique et cinématographique évidente, (couleur flamboyantes, cadrages élégants, intérieurs et tenues très colorés..., un vrai petit régal !), cette histoire manque de netteté et de lisibilité en terme de rupture familiale...
Bien qu'on puisse expliquer et déceler les failles de cette famille, son dysfonctionnement latent et ses non-dits, il manque l'événement crucial, décisif et implacable qui expliquerait le basculement entre cette mère et sa fille...
Une situation simplement inversée et à mon avis évidente, aurait eu tout le potentiel pour le provoquer, et donner toute la force à cette scission un peu forcée à mon goût, trop de pistes ou de questions restant dans l'ombre malgré les explications ou confidences un peu fabriquées et appuyées des personnages entre eux, et données comme telles au spectateur en faisant d'une pierre deux coups !
Procédé de fait plutôt maladroit et facile...
Le dernier tiers du film se réveille et se révèle d'ailleurs d'une puissance bien plus prenante, quant au message final du réalisateur !
Message ou enjeu, trop longtemps mis sous silence, un peu disproportionné par rapport à un début nous montrant une vie de famille un peu trop lisse, sans éclats particuliers d'aucune sorte permettant de camper et d'annoncer la suite.
D'emblée, un aspect vraiment passionnel aurait ainsi apporté plus de crédibilité et de persuasion quant à l'évolution de chacun des personnages,et de légitimité à cette décision radicale.
Ce qui n'empêche pas l'actrice Emma Suárez interprétant Julieta dans le deuxième versant de sa vie, d'être excellente, contenant puis libérant une souffrance extrême, sentie et vécue à fleur de peau comme rarement !
Cette histoire prend donc à ce moment beaucoup plus d'intérêt, et ce, presque trop brutalement en manquant d'articulation, de cohérence et se trouvant en décalage avec une première partie plus sage et consensuelle.
Au final et malgré tout, un bon film loin d'être à jeter comme l'était "Les Amants Passagers", mais un cran en dessous de l'émouvant "Parle avec Elle" ou encore du surprenant et intrigant "La Piel que Habito"...