Ces dernières années, un virus mortel a décimé toutes les franchises SF adaptées de la littérature young adult. Certaines n'ont pas été touchées et nous ont quitté de mort naturelle ("Hunger Games"), d'autres ont été euthanasiées pour ne plus souffrir ("Divergente") mais la plupart ont été infectées à la naissance et leur propagation a pu être ainsi évitée ("The Giver", "Les Âmes Vagabondes", "La 5ème Vague", "Numéro Quatre" & co, paix à leurs âmes... ou damnation éternelle, c'est selon).
La seule survivante de cette épidémie cinématographique est la saga "La Labyrinthe" dont le dernier volet débarque bien longtemps après le pic de contagion et c'est d'ailleurs peut-être une des seules qui méritaient d'en réchapper.
On s'explique : bien sûr, comme toutes les autres et c'est sa principale faiblesse, ses enjeux, ici post-apocalyptiques, restent limités voire simplistes et ne prennent pas des risques énormes, une politique de polissage propre à tous ces films destinés avant tout à un public jeune mais les deux premiers "Labyrinthe" avaient pour eux de savoir jouer avec ses limites pour un résultat toujours honnête. D'abord, les deux films tout en étant logique narrativement étaient deux offres différentes (une donnée assez rare pour être soulignée) : l'un partait d'un pitch fantastique à mystère quand l'autre prenait la forme d'un roller-coaster embrassant totalement son côté post-apocalyptique et où même des infectés venaient pointer le bout de leurs nez pour grignoter de l'adolescent. Ensuite, les films ne sombraient pas dans le manichéisme lambda, ils offraient des intentions louables au camp ennemi, guérir l'humanité d'un terrible virus, mais les dotaient de méthodes aussi radicales que cruelles pour y arriver. Par ailleurs, comme dans toutes ces sagas, il y a avait bien sûr une donne sentimentale qui prit la forme d'un inévitable triangle amoureux dans le deuxième film mais, là encore, les "Labyrinthe" s'étaient encore differenciés en évitant la mièvrerie appuyée pour se servir avant tout du trio amoureux Thomas/Teresa/Brenda comme d'une variable en toile de fond aux rebondissements de l'intrigue. Enfin, et c'est encore le cas pour le dernier épisode, la franchise est le fruit d'une seule et même équipe avec toujours Wes Ball à la réalisation, le scénariste T. S. Nowlin à l'écriture, bien entendu le casting convaincant des jeunes héros et aussi des acteurs adultes (Patricia Clarkson, Giancarlo Esposito, Lili Taylor ou Alan Tudyk) peut-être moins connus que dans d'autres sagas mais qui ne donnent pas trop le sentiment d'être venus là pour uniquement cachetonner comme c'est trop souvent le cas.
De fait, malgré des intentions premières évidemment commerciales, la saga "Le Labyrinthe" est sans doute la plus honnête du genre dans ses ambitions par sa capacité à ne jamais les trahir et offrir un spectacle qui tente de tirer le meilleur du formatage de ce type de production.
Maintenant, il fallait que ce troisième et dernier volet tardif (à cause d'une blessure de Dylan O'Brien lors du tournage) parvienne à achever tout ça sur la même note de sympathie qu'on avait pu avoir pour ses deux grands frères...
On avait donc laissé Thomas et ses collègues au sein de la résistance, Le Bras Droit. Après une attaque de leur camp par les forces de WICKED prévenues grâce à une Teresa à la mémoire rebootée à 100%, la petite bande décidait d'aller récupérer leur ami Minho désormais aux mains de leurs ennemis.
"Le Remède Mortel" redémarre sur les chapeaux de roue six mois plus tard avec la tentative de sauvetage de l'ancien coureur par ses colocataires du Labyrinthe. Sans perdre de temps, le film s'inscrit dans la droite lignée de son prédécesseur en proposant son lot de séquences d'action et, comme la règle du dernier épisode d'une trilogie l'exige, en faisant des clins d'oeil au premiers piliers de la mythologie de la saga (coucou les Griffeurs, le Labyrinthe et le retour improbable d'un personnage qui fait plutôt plaisir tant l'acteur est bon !). Évidemment, le fin mot de toute cette histoire passera par une ultime confrontation entre les héros et les têtes pensantes de WICKED, ça ne se fera pas sans une certaine ironie car après avoir échappé à l'organisation, ils seront cette fois prêts à tout pour s'introduire en son sein.
Entre-temps, comme ses aînés, le film prendra le temps de nous rattacher émotionnellement à tous ses nombreux personnages (on se rappelle assez vite pourquoi on les aimait bien et la dynamique de leur groupe fonctionne toujours parfaitement) ou de nous présenter des petits nouveaux (un Walton Goggins qui en impose) en faisant émerger un nouveau camp aussi capital qu'inattendu par ses agissements dans la dernière partie.
Le triangle amoureux avec cette inconnue qu'est désormais Teresa sera une fois de plus une composante parfaitement justifiée pour faire progresser l'intrigue et réservera in fine le climax d'émotion le plus touchant de toute la franchise. De même, le film en profitera pour augmenter encore un peu plus les nuances chez la grande patronne/nemesis de WICKED au travers de dialogues avec son chef intransigeant de la sécurité trahissant la profonde blessure de son incapacité à trouver un antidote au virus Braise, jamais la frontière entre la perception du bien et du mal n'aura été aussi ténue qu'à l'approche de la conclusion de toute cette histoire.
Le dernier acte sera d'ailleurs une des plus chouettes réussites du film (si l'on excepte un duel avec un des grands méchants qui a tendance à s'éterniser) en mettant en place un feu d'artifice final sous forme de guérilla urbaine impressionnante. Qui aurait pu prévoir que la saga se conclurait dans un contexte pareil alors qu'elle aura suivi paradoxalement un cheminement assez linéaire pour aboutir sur un inévitable renversement de régime typique de ce genre de récit ? Cela restera définitivement une des grandes forces des "Labyrinthe" d'avoir su garder cette impression de fraîcheur dans la trop souvente uniformité des adaptations de la littérature young adult.
Bon, tout n'est cependant pas parfait. Il faudra bien entendu fermer les yeux sur de grosses facilités (plus que dans les deux précédents). On en vient très souvent à se demander si les plans de Thomas tiennent de l'art de la divination ou de la chance miraculeuse (ou si les membres de la sécurité de chez WICKED sont simplement un troupeau de chèvres pour se faire toujours avoir ainsi par une bande d'ados) tant la méticulosité avec laquelle ils se réalisent relève d'un pouvoir omniscient...
Mais, dans le fond, peu importe, ne boudons pas notre plaisir, "Le Remède Mortel", dernier représentant d'un genre en perdition, réussit à conclure la saga "Le Labyrinthe" sur la même bonne note que les deux autres précédents films en répondant à toutes les questions laissées en suspens de la meilleure des manières. Et, rien que pour ça, cela valait vraiment le coup de se perdre dans les méandres de ce Labyrinthe...