Un film avec Bryan Cranston, çà ne se refuse pas. L’excellentissime « Dalton Trumbo » ou Walter White (personnage central de la série « Breaking Bad ») change radicalement d’univers puisque cette fois, il s’infiltre dans le monde des cartels de la drogue, espérant remonter jusqu’à Pablo Escobard himself ! S’il cumule les rôles au cinéma depuis les années 90, ces derniers temps ont été plus prolifiques et nous ont permis de (re)connaîre le talent de ce caméléon hors pair ! Une fois encore, avec « Infiltrator », il nous donne une belle leçon de cinéma ! Plus vrai que nature, l’agent Robert Mazur aura fort à faire pour gagner la sympathie de ces trafiquants de grande ampleur et usera de stratégies diverses pour entrer au sein de ces cartels imposants. L’acteur et son personnage se confondent et ne forment plus qu’un au point qu’on en oublierait presque les traits de l’interprète. Il paraît que Bryan Cranston a passé beaucoup de temps avec l’agent spécial pour être au plus près de la réalité : pari relevé ! Le héros central dont est tirée cette biographie était d’ailleurs présent dans la salle ce 2 septembre parait-il… vrai ou pas, cela ajoute une petite touche particulière à sa diffusion. Le protagoniste doit être fier d’être interprété ainsi de main de maître par un Bryan Cranston impeccable mais nous n’avons pas pu le lui demander, anonymat exige !
Seule représentante de l’équipe du film, Diane Kruger nous confie, dans un français impeccable, qu’elle a d’ailleurs été très intimidée par son partenaire de jeu. Très fan de la série « Breaking Bad », elle n’osait quasiment pas l’aborder le premier jour du tournage. Après, c’était plus facile. Elle a été particulièrement impressionnée de voir combien l’acteur s’efface totalement devant son personnage. Il a énormément travaillé pour préparer ce rôle et cela se voit. Le comédien n’a malheureusement pas pu être là le jour de l’avant-première car il est actuellement en tournage en tant que réalisateur : on lui souhaite d’ailleurs autant de succès derrière la caméra que devant ! Mais revenons sur la jolie blonde qui se révèle elle aussi dans ce film. La comédienne, habituée aux grands écarts filmographiques (passant de Marie Antoinette chez Benoit Jacquot à Hélène de Troie ou de « Michel Vaillant » à « Benjamin Gates »), assume un rôle délicat avec brio. Complice de Robert Mazur, elle n’hésite pas à mouiller sa chemise et à partager les délicates missions de son partenaire.
Ils ne sont pas les seuls à assurer dans leur prestation, le casting secondaire est lui aussi costaud : John Leguizamo (« John Wick », « #Chef »), Benjamin Bratt ou Yul Vazquez en sont quelques exemples.
Basé sur une histoire vraie, le scénario de « Infiltrator » est bien pensé et assure bien plus que la réalisation de Brad Furman. Le jeune américain a déjà quelques films à son actif : « Players », « La défense Lincoln », c’était lui. Ici, il nous propose une histoire rythmée mais inconstante. Les premières minutes nous fournissent une multitude d’informations dans lesquelles on peut aisément se perdre pour finalement nous entraîner au cœur d’une affaire de grande envergure. Si le temps peu sembler long à certains moments, notons que la performance des acteurs sauve ce manque de structure rythmique.
Sans trop dévoiler l’intrigue du film, on peut dire que l’idée de Robert Mazur est vraiment efficace. Plutôt que de remonter les traces de la drogue, pourquoi ne pas suivre celles de l’argent qui fait vivre les cartels ? Ainsi, Bob s’infiltre progressivement dans le monde des barons de la drogue en proposant des blanchiments d’argent. Le risque n’est-il pas trop grand ? Parviendra-t-il à faire tomber toutes ces têtes dangereuses ? Comment ne pas se faire démasquer lorsqu’on est en permanence traqué ? Le suspense et l’action sont au rendez-vous !
Présenté dans le cadre des « avants premières » du Festival de Deauville, le dernier film de Brad Furman offre un bon divertissement et un casting excellent. S’il démontre quelques petites faiblesses, on saura vite le lui pardonner et on se laissera emporter dans cet univers fermé avec un plaisir incontesté.