Haramiste a vu le jour suite à la commande d'un producteur recherchant à faire une série de courts métrages sur l'amour moderne. Ici, le film dénonce principalement le manque de liberté des femmes, débat bien présent dans la société contemporaine.
Lors de l'écriture du scénario, très rapide, le réalisateur Antoine Desrosières s'est inspiré de nombreuses oeuvres mais plus précisément du court métrage Une sale histoire de Jean Eustache.
C'est une première au cinéma pour Inas Chanti et Souad Arsane. Toutes deux sont en effet des comédiennes non professionnelles et donc novices en la matière.
Durant huit week-ends avant le tournage, le réalisateur a travaillé avec ses comédiennes et son équipe sur ce qu'il a appelé des "improvisations prospectives". Il raconte : "Je les lançais sur chaque sujet et je leur demandais de tenir le plus longtemps possible, de l’épuiser, de creuser les paradoxes, de se moquer comme d’une guigne d’être ennuyeuses, de ne pas chercher à être « bonnes » à tout prix. Chaque prise ne faisait pas moins d’une heure, filmée par Johanna. C’est là qu’Inas et Souad se sont approprié l’histoire. En dépouillant ces rushes, on a pris en note les minutes magiques et monté un nouveau scénario de 50 pages à partir de leurs trouvailles et de la base d’origine. Après, Inas et Souad ont assimilé ce nouveau texte au cours de nouvelles répétitions où elles le réimprovisaient à leur sauce mais en suivant le nouveau canevas. Lorsque l’on est arrivé sur le tournage, je n’avais plus qu’à leur dire : « Allez-y ! ». La première prise sur la place devant le supermarché a fait 40 mn. 25 % du scénario d’origine oublié, 25 % rajouté inventé sur le terrain. J’avais prévenu les techniciens – et le perchman – que ça serait long. C’était le premier tournage des filles, alors elles ne se rendaient pas compte qu’on ne fait pas comme ça d’habitude. On tournait à deux caméras."
Le début du film, qui se passe en extérieur, a été tourné à Châtellerault dans le Poitou-Charentes. Cette partie du tournage s'est révélée plus complexe que prévu. Antoine Desrosières raconte : "Il y avait un climat très spécial. Les figurants trouvés sur place la veille du tournage pour faire les dragueurs se sont désolidarisés du film au fur et à mesure, influencés par leurs grands frères : « un bon musulman ne drague pas une fille voilée ». Heu… pendant ce temps là d’autres « bons musulmans » qui ne jouaient pas dans le film ne se gênaient pas pour draguer nos deux demoiselles voilées même lorsque, un peu à l’écart du tournage, elles n’étaient plus identifiées comme actrices du film. Bref, la situation s’est envenimée et pendant les prises on entendait un grondement grandissant d’hostilités menaçantes, jusqu’à ce que, vers midi, on se fasse éjecter de la place où nous avions prévu de tourner jusqu’à 17h."
Pour rythmer son film, Antoine Desrosières a choisi les chansons Yéyé des années 60. Selon lui, les jeunes femmes voilées dont il décrit la vie ont aujourd'hui à peu près le même degré de liberté que les femmes de cette période, avant la liberté sexuelle.
Le metteur en scène s'est entouré d'une équipe solide pour matérialiser son film sous toutes ses variantes. George Lechaptois à la photographie l'a aidé à tourner comme il le souhaitait, à savoir deux plans très longs filmés avec deux caméras. Il a également travaillé en étroite collaboration avec le décorateur Laurent le Corre. Il explique : "Pour en revenir à l’univers : je le voulais très coloré, ce que nous avons fait avec le décorateur Laurent Le Corre, éclairé de manière douce avec notamment des sources lumineuses dans le champ, un peu comme dans mon premier long de 1994. Nous avons trouvé une collection de photos de chambres de jeunes filles dans le monde entier qui m’a un peu inspiré la décoration, et j’ai plagié le papier peint de celui vu dans la chambre de la fille de l’actrice jouant la mère. Elle m’a d’ailleurs donné le très beau calendrier de la Mosquée de Poitiers. George n’avait qu’un assistant pour gérer les deux caméras (dont une sur son épaule) et la lumière et c’était très bien comme ça. J’aime travailler avec des gens que j’admire et qui nourrissent le film. C’est aussi le cas de Simon Thoral, le monteur, de Annabelle Bouzom, la productrice, de Jules Pottier, coproducteur, ingénieur son, monteur son, mixeur…"
Le film a reçu le Prix du Public au Festival Côté Court à Pantin. Par ailleurs, la chaîne Arte a acheté et diffusé le film et il est également proposé en VOD dès le 3 juillet 2015.