Le temps de quelques jours est le premier documentaire que réalise Nicolas Gayraud, et pour ce premier essai, le jeune cinéaste a placé la barre très haut en s'intéressant à l'Ordre Cistercien de la Stricte Observance, groupe religieux pourtant réputé strict et autarcique, car vivant en retrait du monde. L'Ordre est (officiellement) né en 1892, et ses membres sont appelés trappistes. Leurs brasseries (la célèbre bière trappiste) et leur production fromagère ne vous sont sûrement pas étrangères.
"J’ai choisi de filmer un groupe de femmes vivant différemment: des religieuses cisterciennes cloîtrées. Je cherche à montrer avec elles, comment le travail sur l'esprit peut-être envisagé au quotidien, le travail sur soi, la quête de l’enrichissement de l’être", explique Nicolas Gayraud.
Au prime abord, les nonnes trappistes n'étaient pas désireuses d'être mises en scène dans un documentaire. Le réalisateur a dû entreprendre de longues discussions afin de les convaincre. Il confie : "Lorsque j’ai découvert ces moniales, la plupart d’entre elles étaient assez peu favorables à ma venue. Nous avons conversé durant plusieurs heures. Après avoir exposé mon projet à la mère Abbesse, elle m’a fait part de son enthousiasme à l’idée de faire un film sur ce qu’elles sont, leur vie, leur choix. Elle m’explique qu’elle a plusieurs fois refusé des projets de film et de livre. Un jour, une équipe de journalistes s’est rendue sur place… Je comprends. Elle souhaite que je prenne le temps nécessaire. Elle me dit rapidement qu’elle ne veut ni d’un reportage, ni d’un film journalistique. Moi non plus."
Aveyronnais, c'est à l'Abbaye Notre-Dame de Bonneval, située à Espalion, dans sa région d'origine donc, que le réalisateur Nicolas Gayraud s'est rendu pour son premier documentaire. "Je suis Aveyronnais et je retourne parfois en Aveyron où un ami journaliste m’a invité à rencontrer la Mère Abbesse de l’abbaye. (...) Ces moniales vivent dans l’abbaye de Bonneval située sur les contreforts du plateau de l’Aubrac dans l’Aveyron. J’ai choisi cette abbaye pour son caractère isolé au beau milieu de la nature, comme préservé. C’est pour moi une parenthèse, une « zone » à l’abri de la pression et de l’agressivité sociale. Un lieu où la perception du temps est modifiée, un lieu où se redécouvre la lenteur", affirme-t-il.
C'est par ces propos que l'illustre photographe-journaliste-cinéaste Raymond Depardon qualifia le film. Un soutien de taille, sur lequel comptait le réalisateur, à peine à ses débuts.