Idée de départ intéressante, pas neuve, mais intéressante : la dérive d'un groupe de jeunes idéalistes, gagnés aux idées libertaires, glissant progressivement vers le grand banditisme (avatar d'une chronique de la bande à Bonnot), avec une cerise sur le gâteau, le groupe est infiltré par un jeune policier, indécis dans ses propres convictions.
Hélas, ni le scénario, ni les dialogues, ni la mise en scène, et encore moins le jeu des acteurs, ne répondent à l'appel; Le film manque de souffle et de passion. Le scénario s'empêtre dans une fleurette à l'eau de rose, s'embourbe dans les clichés du film d'infiltration, passe à côté du mouvement anarchiste (si ce n'est une vague citation de Michel Bakounine !), et court-circuite allègrement la lente dérive d'un mouvement contestataire à de pures actes criminelles vaguement justifiés par la nécessité de financer l'action militante (leitmotiv bien connu de tous les terroristes !)..
Adèle Exarchopoulos s'essaie à jouer les Louise Bourgoin et y parvient sans peine (ce n'est pas un compliment !) ; Tahar Rahim, trainant toujours son air hébété du sortir du sommeil, peine à être crédible dans le rôle du flic taupe pseudo anarchiste italien du dix-neuvième siècle, avec son accent qui devrait le cantonner dans les rôles du beur de service. Guillaume Gouix et Swann Arlaud essaient de sauver les meubles, mais c'est cause perdue !
La photographie est prétentieuse, avec cette sur-coloration bleutée, et la reconstitution historique plutôt moyenne malgré l'effort vestimentaire (comparez avec "Les illusions perdues" !) Bref, les moyens mis en œuvre en font un TV film de luxe et la réalisation un long moment ennuyeux.