Ce film ne plaira indéniablement pas à tout le monde, et moi le premier suis surpris de l’effet qu’il m’a procuré. Et c’est pourquoi il doit être vu pour se forger son opinion. La réalisation, croisant le documentaire au film, dépayse au départ, voire crée une atmosphère dérangeante, mais passé le premier a priori, elle concrétise une réelle sincérité sur les sentiments amoureux, leurs paradoxes et irrationnalités, et la nature humaine. Sans surintellectualiser le film, celui-ci reflète assez bien le sens de notre existence, à savoir n’en avoir aucun, car jonché continuellement de moments d’égarement et de tâtonnements. Dujardin apparaît plus qu’insupportable (et cela pourra en rebuter plus d’un!), mais c’est aussi cela qui rend l’ensemble réaliste. Car il n’est pas un héro, ni même un anti-héro, ce n’est qu’un homme, de surcroît doté de nombre de défaut, qui, toutefois, par son sale caractère et son flegme désabusé va apparaître inaccessible et, partant, séduisant aux yeux d’une femme, Elsa Zylberstein, ravissante et spirituelle, dont la grandeur d’âme n’a d’égale que son optimisme. Car c’est parfois cela l’amour : l’affection inexplicable entre deux êtres que tout semblait opposer, causant du tort au reste du monde, et fourdoyant les convictions les plus ancrées. Nous en avons connu des films subventionnés de bien mauvais goût, mais celui-ci, que l’on adhère ou non au style ou au scénario, n’en fait certainement pas partie, selon moi.