Cemetery of Splendour est un film d'Apichatpong Weerasethakul sortit en Septembre 2015. Ce film est dans la traditionnelle lignée de la filmographie du cinéaste asiatique ; cinéaste dont la principale volonté est de transmettre des messages à travers un Cinéma au visuel très terre-à-terre, principalement filmé dans un environnement de proximité, voir même local.
Cemetery of Splendour est lourd, très lourd. Pas dans le sens pénible, difficile à assimiler, mais dans le sens d'imposer sa lourdeur, tout son poids, à l'esprit du spectateur, pour mieux impacter ce que ce long-métrage est vraiment. Le film sait ce qu'il fait, celui-ci impose litérallement son rythme, accélère puis ralenti son tempo, sans cesse pendant ses 2H02 du durée.
De ce fait, je suis déjà séduit. Je me rends disponible, fortement à l'écoute, et je regarde attentivement.
L'idée première d'A. Weerasethakul dans ce film est de transmettre un, voire 2 ou 3 messages, que je vais tenter d'évoquer ci-dessous :
a.) L'opposition de la vie réelle, telle qu'elle est objectivement vécue sur Terre ; et les rêves du sommeil, ceux qui sont subjectifs et qui sont imaginaires. Je suis très intéréssé par celà : de cette façon, je comprends facilement les pensées de quotidien du réalisateur ; puis j'y découvre son imaginaire.
b.) L'espérance d'un monde meilleur sur la santé humaine. En effet, sans dénoncer une seule micro seconde les coutûmes qui sont celles d'aujourd'hui, lui, espère un avenir où la guérison avec des pomades de graisses et autres matières naturelles, limites absurdes, suffiraient à guérrir (guérrir de maladies très graves, je veux dire, dont certains noms sont cités par un acteur dans un passage). A. Weerasethakul prône le principe de la guérison par la recherche du bien-être intérieur - corporel d'abord, puis mental, ensuite - et ce principe est de plus, tout à fait légitime et fondé.
c.) Le cinéaste thaïlandais parle par ailleurs de transfiguration à travers l'amour dont tout homme et femme est censé être pourvu dans son fort intérieur. Lorsque je parle du terme d'amour, j'y entends l'amour en général, celui de tous (d'un point de vue relationnel) et de toutes choses (d'un point de vue matériel). Lorsque ce très prodigieux réalisteur évoque celà, il soumet, à travers les pensées de ses acteurs (pensées qui sont traduites en sous-titrage français) comme si tout cela en serait un acte éternel, un souffle intemporel, qui varieraient plus et moins, sans cesse sur cette Terre. Sans avoir à placer de barre de spoiler et en essayant de rester évasif, j'invite à tout spectateur de s'attarder sur la scène finale, lorsqu'un groupe faisant du stretching (ou faisant de la rééducation médicale, éventuellement...) fait du sur-place et dont le but serait d'aller vers l'idéal, un peu comme une recherche du bonheur perpétuelle. Lorsque l'on regarde le personnage principal qui, depuis lors de début du film, a maintenant la possibilité d'ouvrir les yeux, réellement et littérallement j'entends, ayant suivi cette quête de la guérison soutenue par son amie dôté de dons surnaturels ; je trouve cette scène comme une des plus magistrales qui m'ai été donné de connaître.
Je reviens sur la notion d'opposition entre le monde réel et imaginaire du magnifique talent de ce cinéaste : son film ne se repose, de plus, pas seulement ce que je viens d'évoquer. Le film a le luxe, maintenu par une maîtrise cinématographique phénoménale de rythmes, de cadrages, de tons, de visuels, de bouleverser le spectateur par cette très forte et pourtant si subtile notion d'opposition. Quelques scènes, nottament après la prière de Jenjira, lorsqu'elle mange son sandwitch seule sur une table dans un jardin de l'hôpital, bouleversent le spectateur de cette notion d'opposition entre une mise en scène très sobre, sans le moindre artifice - et évidemment sans le moindre artéfact numérique visuel - et une mise en scène presque théatrale, tout à fait onirique, et pendant plusieurs minutes, qui tendrait à regarder un film de Cinéma de genre fantastique. Ou lorsque Keng fait découvrir le cimetière ancien de sous l'hôpital à Jenjira, autre scène tout à fait magnifique, incroyable de finesse, entre d'autres dont je n'irai pas plus loin afin d'en prendre comme exemples.
Cette oeuvre cinématographique relève du génie. Je considère d'ailleurs, ce film là comme un des meilleurs du cinéma contemporain. Même si je crois qu'il est impossible de faire un classement de notations convenablement, afin d'en dire que c'est le 4ème, 12ème, 1er ou 30ème meilleur film ; il est indéniable que je considère celui-ci parmi les plus intelligents, de ces 10-20-30 dernières années.