Ah quelle chouette vie il a, cet Evan !
Architecte de profession, marié à une femme sculpteur célèbre (dont les œuvres sont majoritairement des cactus phalliques multicolores, ça fait un carton !) et père de deux charmants bambins qui possèdent les plus insupportables voix d'enfants en VF qu'il ait été donné d'entendre (sérieusement, si vos gosses ont cette voix-là, étranglez-les pour le bien des oreilles de l'humanité), bref, il est tellement heureux, le bonhomme, qu'on a très vite envie de brûler toute sa petite famille au napalm.
Heureusement pour nous, Madame emmène les deux petits en séjour avec elle et laisse Evan tout peinard à la maison pour travailler... du moins, jusqu'à ce que deux charmantes jeunes femmes frappent à sa porte pour lui demander son aide. Et Evan va très vite regretter de leur avoir ouvert sa porte...
Eli Roth s'essaye donc au home invasion axé plus grand public que ses précédents long-métrages et perd en cours de route tout ce qui faisait leur charme. Si la première partie s'avère la plus amusante dans ce jeu du "cédera/cédera pas" aux avances de ces deux jeunes filles plus qu'entreprenantes (bon, on connaît tous la réponse comme on a tous vu la bande-annonce), la deuxième, elle, va rapidement tourner à l'ennui poli.
La folie des deux tortionnaires ne sera hélas jamais contagieuse et traduite de manière très maladroite par ses deux interprètes en totale roue libre (non, jouer les psychotiques ne consiste pas seulement à ouvrir tout grand les yeux en poussant des éclats de rires déments), encore qu'en jeune fausse "candide", Ana de Armas s'en sort avec les honneurs au contraire de Lorenza Izzo (madame Roth à la ville) transparente au possible.
Et ce n'est ni les différents ressorts scénaristiques éculés du genre (coucou la visite impromptue du personnage-qui-servait-à-rien-au-début-et-qui-allait-forcément-revenir) ni les fausses bonnes idées (le "jeu") utilisés pour dynamiser le récit qui changeront la donne.
Il faudra alors supporter un soi-disant message moralisateur et féministe (mouais) aussi bien retranscrit de manière visuelle (la caméra se détourne invariablement des scènes de sexe pour finir sur les portraits de famille disposés partout dans la maison (mais vraiment, il y en a absolument PARTOUT !!), et ouais, les gars, on est dans un thriller érotico-plus-que-soft, désolé pour vous !) que dans le discours rabaché toutes les cinq minutes par les deux femmes.
Mais, alors que l'on désespère en regardant sa montre en même temps qu'un réveil dans le film égrène les heures, un petit miracle se produit dans les cinq dernières minutes, comme si Eli Roth se réveillait enfin dans l'épilogue pour mieux nous laisser sur deux grands éclats de rire d'humour noir très acerbe.
Hélas, le mal est déjà fait et rien ne pourra sauver "Knock knock" de ce qu'il est : un bon gros pétard mouillé.