Depuis "Hostel 2" et sa participation au "Grindhouse" du duo terrible Tarantino/Rodriguez, Eli Roth ne s’était plus trop montré derrière une caméra, se contentant seulement de faire l’acteur que se soit pour un vrai rôle ("Inglorious Basterds", "Aftershock", "Rock Forever") ou pour un petit caméo ("Boulevard de la Mort", "Piranha 3D", "L’Homme aux Poings de Fer"). Inutile de préciser que son retour en temps que réalisateur était très attendu, d’autant plus qu’il avait annoncé qu’il s’agirait d’un hommage aux films de cannibales du cinéma italien des années 70 : rien de mieux pour trépigner d’impatience !! Malheureusement, pour des raisons obscures, "The Green Inferno" est toujours invisible sur grand écran ; et c’est à la surprise générale (le film n’ayant fait pratiquement aucune publicité) que Roth sort sur les écrans "Knock Knock" : Evan, un bon père de famille architecte habitant sur les hauteurs de Los Angeles, se retrouve seul pour le week-end pour terminer un projet. Le soir, alors qu’un furieux orage sévit, deux jeunes femmes perdues sonnent chez lui pour lui demander d’utiliser son téléphone ; il ne se doutait certainement pas que sa gentillesse allait chambouler sa petite vie bien tranquille…Et ouais, Eli Roth nous revient donc avec un home invasion dans la plus pure tradition…enfin non pas si pure que cela : le bonhomme a déjà bien bourlingué depuis son premier métrage et a toujours eu un petit message contestataire à faire passer dans ces films et il décide de faire de même ici en s’attaquant directement à la sacro-sainte famille américain et son idéal de « way of life ». Ici, pas d’hypocrite qui se fait passer pour un homme bien mais qui se laisse aller à ses plus bas instincts primaires dès que l’occasion s’en présente (comprenez : dès qu’un peu de chair fraîche lui passe devant le nez !!) ; non ici c’est un homme bien sous tout rapport qui va malheureusement commettre une simple petite erreur après avoir longuement résisté mais qui va le payer très cher. Roth ne se prive pas pour imprégner Knock Knock de cynisme, à un tel point que, bien loin d’un Dustin Hoffman dans "Les Chiens de Paille" de Sam Peckinpah qui redevient un animal sauvage pour se défendre, le personnage d’Evan ne fait que subir tout du long du film, tour à tour malmené, entravé, ligoté, torturé…même son ultime tentative pour se sortir de ce foutu bordel se solde par une nouvelle calamité, rendant ainsi la scène d’une drôlerie noire absolue (
en tentant de supprimer la vidéo de son facebook, il la « like » sans le faire exprès…irrésistible !
) Cependant, alors que l’on aurait pu s’y attendre avec lui aux commandes, Roth se retient dans sa violence graphique et évite de tomber dans le trash, ce qui est bien dommage car il y avait matière à faire un joli brûlot au même titre que "Cabin Fever" et "Hostel". On aurait pu assister à une version gore et ultra bourrine de "Funny Games" mais malheureusement, et pour une raison qui m’échappe (même si le fait qu’une star soit le rôle principal me semble être l’explication la plus évidente), Roth a choisi d’être sage…et je ne cache pas que cela m’a un peu déçu, restant un peu sur ma faim à la fin du visionnage. Un petit mot sur les acteurs : Keanu Reeves est aussi inattendu dans ce rôle qu’il en est impressionnant de crédibilité ; et quand aux deux furies qu’il affronte, la méconnue Lorenza Izzo (elle a joué dans "Aftershock" qu’a produit Roth et a rencontré ce dernier sur le tournage…avant de l’épouser : c’est pô bien Eli de faire du piston pour ta femme !!) en fait des tonnes et surjoue à mort mais cela donne du cachet à son personnage de folle psychotique mais la belle surprise vient de Ana de Armas qui est bien plus juste et raisonnée que sa collègue…et puis elle possède de si beaux yeux verts ! Bref, "Knock Knock" est la bonne surprise d’Eli Roth qu’on avait pas prévu : un home invasion honnête qui s’amuse à retrourner les codes du genre qui aurait été parfait si il avait été plus trash et rentre-dedans qu’il ne l’est.