"L'Outsider" de Christophe Barratier après déjà d'excellents et judicieux films sur la finance, ("The Big Short", "Le Loup de Wall Street, "Margin Call"), arrive tout de même à se faire sa petite place malgré des défauts, en mettant en avant des points intéressants quant à son contenu et ce qu'il laisse percevoir...
Au delà du fonctionnement complexe des marchés financiers et de leur compréhension, ainsi que des dessous de la prise de risque de Jérôme Kerviel, c'est surtout la personnalité de ce dernier et l'ambiance générale très bien rendue, qui méritent le détour.
L'évolution et la fascination du héros à travers son addiction maladive aux défis de plus en plus gros, feront de lui plus un véritable joueur qu'un trader pur et dur, ce qui d'ailleurs est superbement illustré par une des meilleures scènes où Xavier De Maison, étonnant en tant que mentor, réalise qui est sur le fond ce fameux Jérôme Kerviel !
Pour l'incarner, l'acteur Arthur Dupont prend petit à petit une certaine épaisseur, une certaine dimension où la folie et l'angoisse finissent par l'habiter rien qu'à ce regard insensé où se reflètent les courbes des profits !
C'est ici toute la démonstration et l'enjeu du film, qui mine de rien, rend ce personnage complexe, convoité, admiré et sublimé pour sa banque qui le couvrira jusqu'à des limites insoupçonnées et inavouables !
À ce niveau et malgré des zones d'ombre évidentes sur le pourquoi du pourquoi, ça ne fonctionne pas mal du tout pour devenir donc au final très intéressant, par quelques détails comme ces soirées en boîte où les chefs et les opérateurs deviennent copains, délaissant ainsi les limites de la hiérarchie et de la méfiance !
Quant à la morale du film, de voir tous ces hommes manier les chiffres rivés à leurs écrans comme s'ils jouaient tête baissée au poker ou autre jeu d'argent, en délirant complètement, et faire des coups monstrueux, juteux et fumeux, (ou pas !), nous laissent rêveurs mais assurément et complètement sur le carreau...
Ce qui est donc en soi, un vaste tout de passe-passe qui dirige le Monde, un baromètre de son bon état de santé bien loin des préoccupations quotidiennes d'un homme lambda plus préoccupé de joindre les deux bouts, qu'à faire des profits abstraits et énormes qui n'ont même plus de sens à l'échelle humaine !
C'est donc surtout en cela, et même si on le sait déjà, que cette histoire pourtant très connue est une bonne peinture ou un bon exemple d'un monde insensible et déshumanisé où ces hommes "jouent" plus pour le plaisir que pour leur propre gain, tout en faisant par contre de très bonnes affaires pour leur entreprise !
Loin du Scorsese de référence en la matière, ce film a pourtant des atouts indéniables qu'il serait dommage de bouder pour autant...