Ce qui est merveilleux avec la démocratisation récente des nouvelles technologies, c’est qu’il est maintenant possible de faire de très bons films de S-F, comme celui-ci, pour des budgets rikikis. Quand je constate que ce petit bijou formel a été produit avec seulement 4 millions de dollars, je me dis que c’est quand même super chouette. Parce que oui, même si ce n’est pas forcément la première chose que je retiendrais de ce « The Signal », je voudrais tout d’abord insister sur le fait que je le trouve très beau, très pro, avec une très belle photo et, notamment, parfois de magnifiques scènes de ralentis très esthétiques qui savent vraiment contribuer au soin de l’atmosphère de ce film. D’ailleurs, si j’avais quelque-chose à mettre en avant dans ce film, ce serait justement l’atmosphère. L’univers dans lequel nous plonge ce « The Signal » est quand même vraiment sympa et je trouve qu’on sent bien tout l’enthousiasme et la sincérité qu’à William Eubank à nous le dévoiler. L’air de rien il y a de temps en temps de véritables audaces visuelles (
notamment tout ce qui concerne les prothèses aliens : moi je trouve ça assez chouette
) et surtout il y a aussi dans ce film un certain art à savoir générer le mystère nécessaire pour rendre cet univers captivant. Donc franchement, rien que pour cela, ce « The Signal » collectionne vraiment les bons points et c’est d’ailleurs pour cela que, globalement, ce film m’a fait passer un vrai bon moment. Maintenant, le souci que je lui trouve à ce film, c’est qu’il n’a pas forcément la maîtrise de son audace. Autant d’un point de vue technique visuelle il n’y a rien à redire, autant d’un point de vue technique narrative je trouve que le film pèche parfois sur des petits détails qui, malheureusement, ont régulièrement nui à mon entière immersion. Il y a d’abord le souci de cette introduction qui, à mon sens, est totalement hors sujet. Tout ce temps passé à nous focaliser sur l’univers des hackers, sur le relationnel entre le héros et sa copine pour qu’au final
tout cela ne soit pas exploité du tout parce que le sujet se trouve ailleurs, je trouve ça vraiment dommage. Le pire, c’est que je pense comprendre la démarche de William Eubank. Il s’est dit que s’il voulait donner de la chair à ses personnages et faire en sorte qu’on se prenne d’empathie pour eux, il fallait préparer le terrain, sortir des clichés habituels, poser des ressorts émotionnels suffisamment solides pour que les spectateurs puissent se préoccuper vraiment de leur sort. Et le pire c’est qu’en cela, l’intro fait son taf et fonctionne plutôt bien. Le problème c’est que, d’une part, elle ne prépare pas du tout à ce qui va suivre, et puis de l’autre, elle frustre tous ceux qui voulaient voir les pistes lancées être exploitées alors que finalement elles ne le seront jamais.
L’autre souci, c’est que pas mal de ressorts de l’intrigue ne sont pas expliqués suffisamment clairement alors que d’un autre côté le film s’attarde sur des choses qui me semblent pourtant limpides, du coup je vivais souvent les choses en décalage avec ce qui était certainement voulu par ce « The Signal ». Il y a des choses qui se passaient à l’écran dont la logique m’échappait juste parce que je ne la comprenais pas assez vite, ce qui est désastreux pour l’immersion. (
Je prends par exemple le cas de Jonah. Le voir débarquer comme ça en plein milieu du désert, capable de retrouver ses deux compagnons en fuite, je me suis demandé d’où ça sortait. Ça ne me semblait tellement pas logique ! Il m’a fallu un certain temps pour faire le lien entre son évasion et l’évasion de la « bête » qui a zigouillé une vache… D’ailleurs pourquoi a-t-il zigouillé la vache ? Enfin passons… Et puis tout cela n’explique pas comment, dans un désert immense, ils aient pu retrouver ses deux compagnons en fuite. A l’inverse, je trouve qu’à trop insister sur les tests de Damon sur Nic, le twist final s’évente très vite. Même chose quand le film s’attarde sur l’interrogatoire de la preneuse d’autostoppeuse qui déraille : je trouve que là il sème un indice évident qui ne permet plus la place au doute, alors que visiblement c’était là pour épaissir le mystère.
) Bon bref, voilà un bon spectacle un peu gâché par quelques erreurs de débutants, mais personnellement, j’aime des erreurs à cause d’un excès d’envie et de générosité plutôt qu’un film sans erreur et sans idée. Ainsi « The Signal » a vraiment toute mon estime. Il a su remplir les codes du genre tout en essayant d’y apporter sa patte. C’est un film vraiment honorable et formellement très soigné. Donc rien que pour ça, ce « Direct to DVD » mérite vraiment le détour…