Septième plus gros succès dans les salles françaises en 2013, Les Profs avait su attiré pas loin de 4 millions de spectateurs, alors que le top 10 annuel n’était composé que de titres américains. Et comme partout ailleurs (les studios hollywoodiens, malgré tout le mal que nous pouvons en dire, ne sont pas les seuls à se fourvoyer de la sorte), qui dit réussite commerciale dit forcément suite ! Et l’adaptation de la bande-dessinée n’échappe donc pas à la règle en cette année 2015. Résultat : un score moins imposant que le précédent mais qui reste tout aussi exorbitant (presque 3,5 millions d’entrées). Mais honnêtement, Les Profs 2 n’a vraiment pas de quoi se vanter !
Il est vrai que je n’avais pas grandement apprécié le premier opus. Certes, celui-ci n’avait aucune prétention si ce n’est celle de promettre amusement et bonne humeur (ce qu’il faisait) pendant la durée de son visionnage, avec un casting qui s’éclatait réellement et une première partie en sketches (comme pour Les Sous-Doués) plutôt réussies. Mais très vite le film partait dans le n’importe quoi typique des comédies françaises à gros budget pour finalement n’être qu’un divertissement lourdingue qui ne faisait pas vraiment honneur à la BD d’origine (malgré des personnages bien retranscrits) ni au cinéma français dans son ensemble. Avec cette suite, autant dire que je n’en attendais pas grand-chose, si ce n’est le même constat. Au final, si le plaisir de revoir les mêmes comédiens (hormis Didier Bourdon remplaçant Christian Clavier) était là et qu’un sourire se dessinait sur mon visage à quelques moments du long-métrage, regardé Les Profs 2 s’est avéré bien plus douloureux que prévu.
La faute revenant – on s’en serait douté à l’avance – du scénario, qui roule sans se cacher sur les acquis du précédent opus : après une première partie cumulant des cours sous forme de sketches, l’autre moitié du long-métrage s’intéressant plutôt à un fil conducteur narratif tenant difficilement la route car partant dans tous les sens. Vous enlevez la fraîcheur (bien que cela soit un bien grand mot) du premier film, et vous aurez des gags et un humour qui ne marche plus du tout dans cette suite. En effet, Les Profs 2 se repose sur les lauriers du premier en reprenant ses situations comiques (
la prof sexy mettant en émoi ses élèves, la prof bombardant ses élèves de craies, le prof de sport à côté de la plaque…
) sans vraiment les modifier. Même, en termes de comédie en générale, Les Profs 2 n’invente strictement rien, reprenant bêtement les nombreux clichés réalisés maintes et maintes sur les différences culturelles entre la France et l’Angleterre (
à commencer par l’accent british
). Sans parler des blagues référentielles mille fois vues qui ne font plus du tout leur effet (
la traversée du passage piéton par les Beatles
). Non, Les Profs 2 n’a décidément rien pour lui, si ce n’est se montrer monotone au possible, ennuyeux, et assez vulgaire par moment.
Du coup, le rythme du film en pâtit, n’ayant pas grand-chose à nous proposer de concret. Peut-être deux ou trois gags de situations, et encore ! Cela, il faut également le mettre sur le compte de Kev Adams, véritable star du film. Et pour cause, alors qu’il n’était que secondaire dans le premier opus, il se retrouve ici propulsé au rang de personnage principal de l’histoire, recalant du coup les fameux profs (pourtant bien présents sur l’affiche et le titre) au second plan. Rien que la présence de son rôle dans l’intrigue n’en est que plus vaseuse (
« On amène Boulard avec nous parce qu’il n’a pas eu son Bac l’année dernière »
). Un fait qui, mine de rien, nuit grandement au rendu final, ne se présentant alors que comme une énorme promotion du jeune humoriste qui, au lieu de retranscrire le comique propre à la bande-dessinée, reprend le sien sans vergogne histoire de faire plaisir à ses fans. Sauf que voilà, ce n’est plus Les Profs 2 mais plutôt un énième one man show de Kev Adams, aidé par des acteurs. Ni plus ni moins !
Déjà que pour moi, Les Profs premier du nom ne volait pas bien haut, sa suite loupe les rattrapages en beauté. Bien plus paresseuses et molles, ne se reposant que sur ses têtes d’affiches et le succès de son prédécesseur, elle ne mérite pas du tout son score au box-office, faisant ainsi de l’ombre à des films nationaux qui auraient très bien pu se trouver à sa place avec les honneurs qui leur sont attribués. Mais bon, on ne peut pas vraiment contester le choix des spectateurs.