Il y a, semble-t-il, une valeur documentaire réelle dans ce premier long-métrage de Lucie Borleteau, qui donne à voir la vie à bord d'un cargo, d'un point de vue technique comme humain (l'ambiance est assez proche de l'esprit carabin, avec ces conversations qui tournent autour du sexe, le bizutage, mais aussi la camaraderie). Mais ce qui est fort dans Fidelio, c'est son personnage central, figure féminine doublement émancipée : Alice (Ariane Labed, très convaincante) est mécanicienne dans un milieu très viril où elle parvient à se faire sa place, mais c'est aussi sentimentalement qu'elle dénote. Elle assume, à l'instar de ses co-équipiers, qui ne font aucun mystère de leurs fantasmes, une sexualité libre et aime deux hommes à la fois (précisons qu'elle est heureuse en couple et que le désir ne vient pas d'un manque à combler !). Sans donner tort ou raison à ses personnages, la réalisatrice nous permet de réfléchir, finalement, sur l'importance de la tradition culturelle dans notre vision du couple en général et de la sexualité féminine en particulier, encore taboue. Sensuel et bien interprété (même les seconds rôles sont soignés), c'est un bon début pour une jeune cinéaste.