Tout le monde parle du prodige Dolan. Quel talent à seulement 25 ans, et quelle maitrise d’un sujet qui réclame de la maturité. Le format carré n’est pas qu’un effet de style, une vraie trouvaille pour nous surprendre, et serrer les trois protagonistes au plus près. Avec de sublimes élargissements, qui soudainement font relâcher très temporairement la tension.
L’annonce de début de film, cette loi nouvelle qui autorise à se « débarrasser » d’un enfant ingérable nous prévient sans que l’on ne comprenne le sens,de ce qui ne n'adviendra qu’à la fin.
Le fils est malade mental, d'accord, mais en réalité la mère n’est pas mieux .
La voisine qui va les soulager, porte elle-même une histoire douloureuse (perte d’un enfant ?) qui ne sera jamais dite. Xavier Dolan ne prétend pas tout savoir, il filme ses personnages se débattre face des situations sans issue, et dont on voudrait qu’il s’en sortent mieux que la Amy dans Gone girl, film de Fincher sorti sur les écrans la même année.
Je t’aime moi non plus, je veux t’aider mais je te fais du mal. Rarement, on n’a su aussi bien illustrer ces situations d’amour destructeur, et d’impossibilité de se sortir des traumatismes du passé (le décès accidentel ? du père, lui aussi non explicité).
La fin n’est pas écrite, on reste suspendu. On voulait qu’ils s’en sortent tous les deux, mais la vie est sans pitié. Dolan dit que son film est guidé par l’espoir. Optimisme respectable de sa jeunesse, que contredisent ses images.
La musique est appropriée, les acteurs sont époustouflants. En particulier, la scène finale de Diane Després, qui accueille avec nonchalance l’annonce du départ de sa voisine, avant de se liquéfier dès que la porte est refermée.
Comment ne pas penser à Alain Resnais qui savait nous donner de telles secondes d’introspection de l’âme humaine?
Octobre 2014