Que dire de ce film, tout est déjà dit, après Cannes et toutes les louanges qui l'ont encensé ? La performance des acteurs, la maestria du metteur en scène.
Nous pouvons parler de la langue car bien que le film soit en français, les sous-titres sont nécessaires ! C'est un français québécois que l'on n'enseigne sûrement pas dans les écoles, incompréhensible pour nous, mais aussi certainement pour la plupart des Canadiens, tellement white-trash ! C'est ce langage, ordurier et drôle en même temps, qui nous fait tout de suite pénétrer dans le contexte sociologique.
Parlons ensuite du rapport entre la mère et le fils : elle éternelle ado, son goût vestimentaire bien assorti à son langage, le fils, violent et fragile, entre eux des tensions œdipiennes, mais un amour réciproque. Cette femme qui déborde d'amour n'arrive pas à s'en sortir, elle est encore plus démunie face à son fils. Arrive une troisième personne, la voisine elle-aussi handicapée par la vie pour former un trio qui se donne un réconfort mutuel. L'alternance entre scènes d'insultes, de violences même, et les scènes de tendresse donnent une profondeur et une intensité incroyable à ce film pour illustrer cet amour intense ! Bien que l'histoire soit différente, il y a dans cette femme quelque chose qui nous rappelle le personnage du film "Party Girl", quelque chose de terriblement touchant et émouvant.
Et puis, ce qui nous a tellement étonnées, c'est l'âge du metteur en scène. Nous n'avons pas vu ses premières réalisations, mais il démontre une maturité en complet décalage avec son âge, impressionnant ! Xavier Dolan promet...et les jurés de Cannes ne s'y sont pas trompés en lui décernant le Prix du Jury. Il n'y a que la bande-son qui trahit sa jeunesse, le seul défaut du film peut-être, un choix trop facile et léger au risque de banaliser une histoire bouleversante. Mais la jeunesse ne garde-t-elle pas toujours un soupçon de légèreté ?