Bon. Par ma note, vous allez supposer que je prends à contre-pied les avis des allocinéens dans leur ensemble. Oui et non. Pour tout vous dire, j’ai le sentiment qu’on n’était pas loin d’un très bon divertissement. Mais avant de vous dire que je nage en plein délire à propos de "Tu veux ou tu veux pas", laissez-vous aller à lire l’argumentation qui suit. Disons que tout le meilleur du film se situe grosso modo dans la première moitié : c’est frais, pétillant, le rythme est soutenu, certaines répliques sont succulentes par leur double sens (« je suis bonne ? ») et les deux acteurs principaux cabotinent à loisir. Certes on peut reprocher cette lubie qui consiste à montrer la capacité de Judith à voir les hommes dans leur plus simple appareil et à faire disparaître toutes les femmes de sa vue, ou cette relative insistance sur le fantasme de Lambert à propos des chaussures ouvertes. Mais bon, que voulez-vous ? Les fantasmes sexuels sont parfois curieux mais comme je dis souvent, il faut de tout pour faire un monde. Et puis heureusement que nous n’avons pas tous les mêmes désirs tout comme les façons de voir les choses ou tout simplement de vivre, car le monde dans lequel nous évoluons serait bien ennuyeux sinon. Déjà que ce n’est pas toujours très folichon… Bref ! revenons à nos moutons, ou plutôt à nos émoustilleries. La vedette reste Sophie Marceau. D’accord, c’est une belle femme. Une femme sur qui le temps ne semble avoir aucune emprise. Mais elle révèle ici une de ces aptitudes à séduire, houlala ! « Votre bas est en train de filer ! C'est pour vous indiquer le chemin...». Comment voulez-vous résister face à un raz de marée de propositions toutes plus directes les unes que les autres ? Parce que Judith n’a de cesse de revenir à la charge encore et encore tant qu’elle n’a pas eu ce qu’elle voulait. Patrick Bruel, lui, est plus sur courant alternatif : tantôt pas très bon (ses premières explications sur sa condition sont marquées par un jeu sentant un peu trop l’école), tantôt excellent. Le baiser volé (et très appuyé) vaut son pesant de cacahuètes ! Donc oui, la première partie qui consiste à faire rencontrer les deux personnages (et à les faire apprendre à se connaître) est dans son ensemble très bonne malgré quelques petites faiblesses ici et là. Mais après, bizarrement, ça s’essouffle : rythme, humour, surprises… pire, on a l’impression de tourner en rond. Car on retourne vers du plus convenu. Alors on devine comment tout cela va se terminer. Et c’est moins drôle. On sent même une baisse d’intensité dans le jeu d’acteurs. Et je ne parle même pas de la présence pénible de Sylvie Vartan. Et encore, je suis gentil en disant « pénible ». En revanche j’ai trouvé les apparitions de Patrick Braoudé et de Jean-Pierre Marielle intéressantes dans la profondeur du propos. Si le dernier est égal à lui-même, on peut tout de même se questionner sur la façon un peu ridicule de mettre en scène Patrick Braoudé. Globalement, la seconde partie se révèle quand même assez ennuyeuse. Et donc extrêmement décevante quand on a eu une première partie aussi enlevée et empreinte de bonne humeur. Aussi je comprends que les allocinéens puissent être énormément frustrés au point de sanctionner aussi sévèrement le long métrage de Tonie Marshall. Bon c’est vrai que Sylvie Vartan amène un goût de gâchis. Par contre j’ai lu à plusieurs reprises des commentaires assez assassins à propos de Philippe Lellouche. Oui, il est agaçant. Ou plutôt oui son personnage est agaçant. Et alors ? Vous n’en connaissez pas de gens qui n’hésitent pas à détourner dans l’entourage de ses proches et/ou de ses potes l’objet de son désir ? Ou au pire entendu parler ? Allons allons bien sûr que si ! Et puis son personnage sert à installer la notion de jalousie dans ce jeu de la séduction inspiré des désirs les plus vifs puisés dans l’interdit ou du moins dans l'indécent. Il est simplement dommage que le scénario finisse par tomber dans une triste et regrettable banalité sans saveur.