Même en cherchant bien, je ne vois pas quoi reprocher au film de Jeanne Herry. J’ai beau le prendre sous tous ses aspects, rien ne me vient… Le casting est parfait, je suis de plus en plus fan de Sandrine Kiberlain au fil du temps, ici elle est toujours juste, elle ne caricature pas du tout son personnage alors qu’il aurait été facile d’en faire un poil trop avec un rôle de fan éperdue. Laurent Lafitte est un grand acteur et son personnage de chanteur populaire (mélange de Julien Clerc et de Patrick Bruel) là aussi est parfaitement dosé. J’ajoute à cela deux seconds rôles bien écrits pour les policiers incarnés par Olivia Côte et surtout Pascal Demolon. Avec beaucoup de justesse aussi, ils composent deux flics à la fois opiniâtres et intuitifs mais en pleine crise conjugale, et çà aura son importance sur le déroulement de l’histoire, ce n’est pas du tout anecdotique ! Le scénario fonctionne de la première minute à la dernière image, je n’ai absolument pas vu passer les 1h45 de film, je n’ai jamais décroché ou trouvé qu’à tel ou tel moment le film çà tombait à plat ou sonnait faux. Il y a du suspens quand il faut, on sent qu’on peut à tout moment tomber dans le drame absolu et sordide, comme le personnage de Vincent on est toujours dur le fil du rasoir. Les rebondissements tombent bien, le montage est réussi. Les pointes d’humour sont discrètes mais bien dosées, souvent basée sur une certaine ironie (l’objet qui tue la compagne de Vincent, par exemple). L’ascendant de Vincent sur Muriel s’inverse tout doucement au fil des scènes, et le scénario se termine sur note ouverte, légèrement amorale et assez réjouissante. Le point d’orgue de ce film, à mon sens, c’est la garde à vue de Muriel et la façon dont elle tient tête aux policiers qui pourtant ont « des billes » et en ont surement vus d’autres. Ce petit bout de fan dont on sent bien qu’ils la prennent un peu de haut au début (avec un poil de condescendance) va se montrer d’une intelligence et d’une force de caractère qui va les désarmer complètement et c’est assez réjouissant à voir pour le spectateur ! Les décors sont soignés, le marchandising de Vincent Lacroix frise le mauvais gout parfois mais quand on a été fan (et je l’ai été…) on sait qu’il n’y a rien d’exagéré ou de surréaliste à la collection de Muriel. La musique est discrète et, ironiquement, on n’entendra jamais une seule chanson de Vincent Lacroix. Peut-être que Laurent Lafitte est un piètre chanteur ?! A moins qu’il ne s’agisse d’un parti pris tout à fait volontaire du scénario. Quoi qu’il en soit je trouve que c’est une bonne décision, l’entendre chanter de bonnes ou de mauvaises chansons n’apportent rien au film, au contraire, çà aurait pu parasiter le propos. Non, en résumé, pas moyen de trouver à redire à « Elle l’adore », même l’affiche est réussie, avec Sandrine Kiberlain et ses doigts ensanglantés derrière un Laurent Lafitte au premier plan mais trouble. Si vous ne devez voir qu’un seul film en cette rentrée 2014 (ce qui serait dommage), choisissez plutôt celui-là !