Amis des animaux, bonsoir. Vous pourriez trouver dans Shaun le mouton des Studios Aardman, réalisé et écrit par Mark Burton et Richard Starzack, votre nouvelle mascotte. Le dernier film des créateurs britanniques à l’origine de Chicken Run, Wallace et Gromit : le mystère du lapin-garou ou encore Souris City vous permettra de retrouver votre âme d’enfant, à partir du 1er avril, le temps d’une aventure hilarante et sans temps morts. Nous étions à l’avant-première ce dimanche 29 mars.
Shaun est un mouton paisible, mais il s’ennuie. Il convainc ses congénères de tromper le fermier pour prendre un peu de repos et s’offrir des vacances. Le plan de Shaun dérape et le fermier se retrouve dans la grande ville, seul et amnésique. Le troupeau de mouton et le chien de berger partent alors à l’aventure pour retrouver leur maître.
Shaun le mouton signe le grand retour sur nos écrans, à la fois de l’humour anglais et de la patanimation. Sans esquisser l’ombre d’un dialogue parlé, le long-métrage d’animation réussit à transmettre tous l’éventail des sentiments sur les visages en pâte à modeler. Incroyable mais vrai, on s’attache à ce mouton et peut-être encore plus au benjamin de la famille, un agneau tout mignon. Et même aux cochons, un poil voyou, qui saccage la maison. Chaque plan est pensé comme une blague. Pas un seul n’est monté au hasard. Il y a, derrière chaque nouvelle image, un prétexte au rire. Les zygomatiques de l’auditoire sont soumis à rudes épreuves. Shaun le mouton est juste incroyable de ce point de vue. Comédie totale, tout converge à rendre les spectateurs hilares et les réalisateurs, également scénaristes, veillent à multiplier les degrés de lectures. Jusque dans le générique final, qu’il ne faut pas rater, puisqu’il met en lumière certaines boutades du film en en remettant une couche. Ainsi, Shaun le mouton vous fera tordre de rire de sept à soixante-dix-sept ans.
Shaun le mouton n’est pas que terriblement drôle, il est aussi émouvant et par moment réellement sarcastique. Il n’y a qu’à voir la scène où le fermier amnésique, devenu coiffeur de renom, est invité à poser pour une pub. Tout sourire, il est retouché sur Photoshop pour lui donne un air plus sérieux, autrement dit, plus triste. Un signe dramatique de notre temps, ou conscient que la morosité est la norme, on demande aux gens de ne pas sourire sur leur carte d’identité pour pouvoir les identifier correctement le plus clair du temps… De plus, fermier de son état, il crée une coupe mouton, signe que dans un monde de moutons, la mode la plus ridicule peut s’imposer. Et puis, il y a aussi cette grande ville impersonnelle. Et au cœur de celle-ci, le sanctuaire d’un monde bien attristant : la fourrière. L’agent de la fourrière, grand méchant du film, va subir échec sur échec face à l’inventivité de la troupe ovine. Et son antre, la salle des cages, être le lieu des moments les plus marrants du film, avec sa galerie de personnage tous plus originaux les uns que les autres. Remplis de marginaux, à l’image d’une prison, la fourrière n’est que le symbole de l’uniformisation des villes.
Pour petits et grands, qui y prendront tous un plaisir certain, Shaun le mouton révèle que l’animation en pâte à modeler n’est pas morte et peut offrir encore des trésors d’ingéniosité. Le travail minutieux des artisans d’Aardman donne à nouveau un petit chef d’œuvre de l’animation. Dans chaque petite minute, on peut sentir l’amour mis dans sa réalisation.
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