Le Rôle de ma vie est le dernier film réalisé par Zach Braff après un premier succès rencontré 10 ans plus tôt avec Garden State. Je n'ai jamais entendu parler de ce film et encore moins de Zach Braff. Moi inculte? Peut-être. C'est donc sans aucune attente ni appréhension particulière que je me suis aventuré au cinéma pour découvrir ce film qui avait une affiche plutôt cool. Quelques recherches sur Google plus tard, j'apprends que le film a été financé grâce à une campagne de levée de fonds lancée sur Kickstarter. De quoi s'assurer un joli coup de pub même si le mode de financement est légèrement douteux. Mais pour quel resultat en fin de compte? Je ne connaissais donc strictement rien du film et du sujet initial avant de rentrer dans la salle. Les 10 premières minutes m'ont agréablement surpris avec un humour que j'affectionne. Voir ce père de famille un peu tocard sur les bords demander à ses enfants de se comporter en bons juifs pour ne pas froisser le grand-père, j'aime bien. Ca ressemblait un peu à A Serious Man d'ailleurs, il y a pire comme référence. Le film arbore des allures de comédie dès le départ avec justement ce personnage principal qui galère à trouver un job de comédien en participant à divers casting de manière désespérée. L'histoire simple d'un type qui galère dans la vie et doit faire des concessions pour ne pas se retrouver à la rue. Un sujet de départ sympathique qui aurait gagné à ne pas sombrer dans la quête initiatique vers le sens de la vie. C'est bien simple, Braff ne semble pas savoir où se mettre, le cul entre deux chaises. C'est bien beau de faire une comédie acide et décalée, mais si le reste tombe dans le conventionnel l'intérêt devient moindre. Car c'est bien ça le problème du Rôle de ma vie, ça manque sérieusement de relief. Au fond nous voilà dans une chronique familiale banale, sans rien de plus ou presque. Les relations familiales sont terriblement bâclées, aucun personnage n'est réellement creusé. Braff reste en surface de son sujet, n'inculque aucune profondeur. A la place on place une intrigue convenue avec une bonne dose de pathos en plus (les terribles violons notamment). Les personnages sont sympas pourtant. J'aime bien les ratés au cinéma, je les trouve attendrissants. Et j'aime voir les ratés essayer de sortir de leur condition sans jamais forcément y arriver, ce qui est d'ailleurs le cas ici. Certaines séquences ne dégagent tout de même rien du tout et cèdent parfois même dans la caricature (la rencontre avec les rabbins notamment). Le potentiel est bien là mais Braff manque d'ambition, de mordant. Je ne lui demandais pas non plus de faire du Altman comme dans Short Cuts mais de porter un regard plus critique, plus osé. Quitte à insufler une partie dramatique dans son film, autant le faire à fond. Il y avait d'ailleurs cette relation père-fils entre le patriarche et ses deux rejetons ratés qui aurait pu avoir plus d'impact. Le problème vient du fait que ça tente d'être cynique. Je précise bien "tente" alors que cette relation est traitée de manière cynique pour finir en pleurnicherie dispensable. Comme si, justement, Braff évitait d'être trop méchant pour ne pas gâcher l'aspect feel-good de son film. D'un point de vue technique, le film peine aussi à se montrer intéressant. C'est bien filmé, bien cadré, la photographie est assez belle aussi mais l'ensemble est alourdi par des ralentis sous fond de musique pop-rock assez inutiles et qui sentent bon le film américain indépendant qui veut se la jouer cool. Sauf que ça ne marche pas forcément, n'est pas Wes Anderson qui veut. J'ai l'impression que ce genre de scènes se reproduit comme des lapins depuis Little Miss Sunshine. On a quand même une interprétation qui est globalement réussie, j'aime bien l'énergie de Braff en tant qu'acteur. Une énergie qu'on ne retrouve pas tellement dans sa réalisation malheureusement. Les gamins arrivent à ne pas être énervants, ce qui est une prouesse aujourd'hui (d'ailleurs la fille joue aussi dans White House Down où elle y est absolument insupportable donc Braff > Emmerich en direction d'acteurs, c'est déjà ça). Puis l'alchimie fonctionne quand même entre les différents membres de la famille. A défaut d'être profondes, elles restent convaincantes, c'est le principal. Pas réussi sans être une abomination, Le rôle de ma vie fait partie de ses films qui ont de bonnes intentions mais qui n'en font presque rien de peur de brusquer le public. Le ton qui navigue sans cesse entre drame et comédie en est la preuve, Zach Braff ne se positionne pas concrètement, n'ose pas. Le Rôle de ma vie reste quand même plutôt drôle, il n'excelle clairement pas dans le drame mais ça se laisse regarder sans problème. C'est un film pas désagréable basé sur des personnages attachants mais malheureusement sans envergure. Facilement oubliable en somme, dommage.