Le résumé du film laisse présager un film douloureux sur un sujet lourd, or il n’en est rien. Avec « Le rôle de ma vie », Zach Braff réussi une tragi-comédie qui fait passer du rire aux larmes à toute allure, une scène triste étant quasi immédiatement désamorcée par une scène légère, où l’humour le dispute à l’absurde. C’est réalisé avec soin, avec même le souci de faire quelques scènes particulièrement belles. Le casting est tout à fait étonnant de justesse car hormis Zach Braff lui-même, tous les rôles qui l’accompagnent sont écrits, touchants, parfaitement incarnés, que ce soit par les adultes (Kate Hudson en tête, magnifique) ou par les enfants. A mon sens, c’est le casting impeccable qui est la première réussite du film et qui fait qu’on rentre dedans dés les toutes premières minutes de la toute première scène. Il n’y a que le rôle du chien paternel qui est sous-exploité alors qu’il y avait surement matière ! Le scénario est touchant et quasi universel, quels que soient les rapports qu’on ait ou qu’on ait eu avec son père, on peut difficilement rester insensible à cet homme qui est propulsé à l’âge adulte sur le tard, à la mort de son père, parce qu’inconsciemment il sait qu’il doit prendre le relais. Le film de Zach Braff manipule des sentiments délicats et complexes qu’il est parfois difficile de montrer au cinéma sans sombrer dans le pathos. Je reconnais que certaines scènes sont peut-être un peu trop longues, voire superflues et qu’il y a un peu de larmoyant vers la fin mais on sent la sincérité de Braff dans chaque scène, dans chaque plan, dans chaque dialogue, et çà gomme tous les petits défauts. Le fait qu’il ait co-écrit le scénario de son deuxième film avec son frère, et qu’il ait eu partiellement recours au crowdfunding pour le financer prouve à mes yeux l’authenticité totale de sa démarche. Il met beaucoup de lui dans « le rôle de ma vie », y compris son humour qu’il a déjà maintes fois eu l’occasion de rôder à la TV. Il n’a pas peur de moquer (avec tendresse, mais de moquer quand même) des juifs orthodoxes avec les scènes à l’école rabbinique et le personnage déconcertant de sa fille. Il le fait sans haine et sans cynisme, avec ironie et second degré. Et puis, il y a des clins d’œil rigolos à la culture TV, des allusions à « Star Treck », à « Games of Thrones » et même quelques scènes loufoques tournées au Comic-con de San Diego. Avec « Le rôle de ma vie », on passe du rire aux larmes pendant plus d’1h45 et le film se termine sur une note délicate et optimiste. Pas de doute Zach Braff a réussi son film, sans Hollywood et son argent, sans ses scénarii formatés pour plaire aux plus grand nombre, sans stars au casting : du vrai cinéma américain (très) indépendant comme on l’aime !