Sept ans. Sept longues années que Jon a quitté son pays natal, le Danemark, et n’a pas vu sa femme et son fils. Soldat en Amérique avec son frère Peter, Jon a fait sa vie ici, et le jour des retrouvailles arrive enfin. Sa famille vient enfin le rejoindre dans le pays de tous les possibles. L’émotion ce jour-là est intense. Palpable. Jon est ému. Il ne sait pas quoi dire. Il ne fait qu’embrasser du regard. En souriant tendrement. Puis ils prennent une calèche pour se rendre dans chez lui. Une maison simple, sur un bout de terre que Jon s’est acheté. Dans la calèche, deux hommes sont avec eux. Deux brigands. L’émotion laisse place à la tension. Puis la tension bascule dans le drame. Jon tue froidement ceux qui s’en prennent à sa famille. Malheureusement, ces hommes ne sont pas n’importe qui. Ils sont les sous-fifres du plus terrible des bandits : Delarue. Et Delarue ne va pas laisser passer un tel affront.
Le spectateur suit avec passion cette descente aux enfers, dans un monde cruel où le plus fort règne. Le placide Mads Mikkelsen (Casino Royale), impeccable dans le rôle de cet homme n’aspirant qu’à être un bon citoyen, avec une vie sans histoire, se retrouve confronter à un homme sans pitié, capable de tuer des inconnus pour assouvir sa soif de vengeance. Jeffrey Dean Morgan (Watchmen : Les Gardiens) dépeint ce Diable avec une efficacité sans faille, et trouve ici l’un de ses meilleurs rôles. Ses postures, ses mimiques, son air patibulaire… Toutes les attentions se fixent sur ce grand gaillard au charisme stupéfiant.
Et le tout sans réelles grandes lignes de dialogues, puisque The Salvation se veut être film taiseux. Pas de longues tirades, juste quelques répliques, qui accentuent encore plus ce côté oppressant, où tout peut arriver.
Certes, le scénario n’a rien d’original, ni même de surprenant, mais c’est dans ce classique brut de décoffrage que le film puise sa force. Le fil rouge du récit n’est jamais occulté par quelques rôles ou histoires secondaires inutiles : une action amène à une conséquence, les personnages réagissent en fonction, prennent des décisions, qui amèneront inévitablement à de nouveaux comportements. Malgré un rythme très lent, tout s’enchaîne sans fioriture.
Du coup, on peut sentir une certaine frustration pour certains protagonistes totalement invisibles – Eric Cantona a deux lignes de dialogue, le frère du héros, Mikael Persbrandt (Beorn dans Le Hobitt : la Désolation de Smaug) est trop mal exploité, malgré qu’il est l’une des meilleures scènes du film – mais ça permet à The Salvation de monter en puissance, et de sentir ce bouillonnement incurable qui donne envie de tout brûler.