Batman v Superman : L’Aube de la Justice était sans doute un des projets d’adaptation de comics les plus fantasmé depuis des années par de très nombreux fans de comics et de spectateurs friands de films de super-héros. Et ce face à face tant attendu entre ces deux icônes mythiques de la pop culture est devenu réalité grâce aux studios Warner Bros et DC Comics qui lancent pour de bon leur ambitieux DC Extented Universe. Mais Batman v Superman : L’Aube de la Justice a connu une histoire assez mouvementée tout au long de sa promotion et ce jusqu’à sa sortie. Il s’agit d’un film au destin situé entre scepticisme, interrogation, haine, déception, moquerie, ambition, fascination et excitation. Et étrangement, après une excitation de moins en moins forte vis-à-vis de ce film que j’attendais pourtant énormément, je n’ai pas du tout été déçu et j’ai même plus qu’adoré ce Batman v Superman ! Craignant que Superman n’abuse de sa toute-puissance, le Chevalier Noir de Gotham City décide de l’affronter au moment où l’on se demande si le monde a davantage besoin d’un héros aux pouvoirs sans limites ou d’un justicier à la force redoutable mais d’origine humaine. Mais pendant que les deux héros s’affrontent sans merci, une grande menace se profile à l’horizon, en la personne du redoutable et du très intelligent Lex Luthor. D’abord j’aimerais commencer cette (longue) critique en disant que Batman v Superman : L’Aube de la Justice ne mérite pas, mais alors pas du tout, ce bashing médiatique dont il est victime depuis sa sortie en salle. En effet, le film s’est accompagné d’un flot de critiques négatives sans précédent aux Etats-Unis, ce qui fut à la fois surprenant et pas du tout, tout en étant un gros succès commercial au box-office mondial avec plus de 805 millions de dollars de recettes dans le monde au moment où j’écris cette critique. Mais pour les studios qui ont investi un budget de production et de promotion énorme de 400 millions de dollars, Batman v Superman : L’Aube de la Justice est une sorte de déception amère et inquiétante pour la suite du DC Extented Universe à cause de ses très mauvais retours. Il est vrai qu’à la vue de la promotion complètement ratée du film, qui dévoilait quasiment tous les ressorts principaux de l’intrigue avec des images inédites à chaque nouveaux trailers et spot TV, on pouvait se dire que le film de Zack Snyder méritait peut-être une partie de ce lynchage médiatique terrifiant. Et il est vrai qu’en regardant tous les principaux trailers, eh bien nous avions vu tout le film en l’espace de 3 ou 4 minutes… Donc forcément je m’attendais à être déçu mais j’avais envie d’y croire quand même car je ne voulais pas que le DC Extented Universe chute ou que le film se ramasse comme jamais au box-office. Et donc je soutiens que les personnes qui ont qualifié ce film de navet ou de pire film de super-héros de l’histoire disent du grand n’importe quoi même si c’est leur avis et qu’elles pensent ce qu’elles veulent… Le film est tous sauf une catastrophe titanesque comme on nous l’a vendu dans la presse, il est selon moi une vraie grosse claque qui réussit d’une manière incroyable à nous emporter jusqu’au bout bien que nous sachions de très (trèèèès) nombreuses choses sur le scénario. Et en le regardant, j’ai vu en Batman v Superman : L’Aube de la Justice le blockbuster 100% comic book ultime et je pense qu’il faut l’appréhender comme ceci en allant le voir. Car en effet, il nous faut oublier l’ère Batman de Christopher Nolan avec un réalisme et une noirceur poussé à l’extrême. Ici, avec Batman v Superman : L’Aube de la Justice, nous sommes dans un « comic book movie » total où il faut s’imaginer voir une bande-dessinée complètement folle et psychopathe s’animer et se mettre en mouvement et en parole devant nous. Je crois que beaucoup de gens n’ont pas réfléchit de cette façon et qu’ils ont été perturbé par l’extrême sérieux de ce film qui va tout de même très loin dans la surenchère d’action et dans cet irréalisme dantesque cher à Zack Snyder. Réalisme et surenchère ne sont pas des éléments qui s’assemblent quand on regarde la trilogie Dark Knight de Christopher Nolan. Mais je pense aussi que beaucoup de spectateurs ne sont pas encore habitués au style de Zack Snyder dans le domaine des films de super-héros et qu’ils ont encore énormément de préjugés et de visions négatives sur lui. Et pourtant, car Zack Snyder est un des meilleurs (le meilleur ?) metteurs en scène de comics au cinéma et on voit bien qu’il adore s’éclater dans un registre sombre et sérieux à la Nolan, comme c’est le cas ici. Les exemples de 300 et de Watchmen sont souvent repris pour montrer l’immense talent du réalisateur pour transposer sur grand écran des comics cultes et son Man of Steel se démarquait par une ambiance très « nolanesque » avant de littéralement disparaître pour passer à du Snyder pur jus avec des scènes d’action énormes et des destructions massives à gogo. Et pour Batman v Superman c’est la même chose car le réalisateur a conservé la noirceur et le sérieux que Nolan avait apporté à Man of Steel mais cette fois il laisse son style visuel et esthétique s’épanouir totalement : couleurs chaudes et noires, lumière grisâtre, ralentis somptueux, délires explosifs colorés, un son assourdissant, une musique bruyante, du symbolisme, des réflexions sur les êtres divins, une iconisation totale des héros,… bref ce film est esthétiquement et scénaristiquement très comic book, très Snyder avec une légère touche de Nolan. Car oui Batman v Superman : L’Aube de la Justice c’est du Zack Snyder à l’état pur, avec de très grandes qualités mais avec encore les défauts habituels du metteur en scène, comme c’était le cas pour Man of Steel. Donc oui le film est plus que génial et je le démontrerais plus loin mais je reconnais qu’il y a beaucoup de défauts comme le fait que la dernière partie du film finisse complètement en cacahuète avec des destructions encore plus inimaginables que celles de Man of Steel, que Doomsday ne soit peut-être qu’un élément de trop plein scénaristique et de bourrinage gratuit, que la Batmobile soit trop irréelle et bourrine elle aussi (mais on est dans un film de comic me direz-vous), que les membres de la future Justice League soit amenés de manière trop grossière, que ce soit Lex Luthor qui ait inventé leur logo (étrange), que le montage du film semble avoir été très haché car il manque des scènes (d’où la nécessité de la fameuse version longue de trois heures que j’ai hâte de découvrir), que la présence de scènes très « grosses comme une maison » nuise un peu à l’ensemble sérieux du film, que l’aspect « film introductif » soit trop appuyé et qu’il nous apparaisse donc comme une sorte d’épisode de série TV et non pas comme un film propre avec un début et une fin fermée, que l’intrigue soit trop fournie et que le film aurait pu développer plus de sujets passionnants qui sont traités trop vites,… bref Batman v Superman : L’Aube de la Justice est un cas vraiment particulier dans le genre du film de super-héros mais c’est ce qui en fait sa plus grande force. Le film est donc très long (2h33 avec générique) et nous avons droit à des thèmes symboliques et métaphoriques, à des scènes d’action jouissives et ahurissantes, à une bande-originale assourdissante juste titanesque qui convoque l’épique et le divin signée par les très en forme Hans Zimmer et Junkie XL,… et tout ça tient dans un scénario qui possède deux histoires parallèles fascinantes : celle de Superman qui est de plus en plus rejeté par la population qui remet en question ses actions et sa présence, et celle de Batman qui est guidé par sa vengeance personnelle envers Superman et sa volonté de protéger le monde en voulant l’éliminer. Ces deux histoires se rejoignent ensuite pour ce qu’on nous a vendu comme étant le combat de gladiateurs du siècle et dont certains ont été extrêmement déçu sous prétexte qu’il n’est que très peu présent. Probablement qu’ils n’ont rien compris car cette opposition entre Batman et Superman est sous nos yeux durant tout le film puisqu’il s’agit avant tout d’une opposition idéologique et d’un débat sur la manière d’appliquer la justice et de sauver le monde. Le face à face devient ensuite dans la dernière partie du film totalement physique avec un combat violent et musclé entre les deux super-héros qui ne déçoit pas du tout ! Jamais nous n’avons vu une telle violence entre deux super-héros au cinéma et surtout un Superman plus que jamais affaiblit et pas loin de la défaite voire de la chute. Le scénario, signé des mains de Chris Terrio et de David S. Goyer, est vraiment très intéressant et sur de nombreux thèmes qui malheureusement ne sont pas assez développés du fait du trop-plein d’idée et de sujets à traiter. Par exemple le thème de la divinisation de Superman est complètement dingue car Zack Snyder iconise et divinise au maximum l’Homme d’acier comme une sorte de nouveau messie sur Terre, qui est d’ailleurs toujours aussi bien interprété par Henry Cavill. Les scènes de ralentis (magnifiques) qui présentent le super-héros sauvant des vies des flammes, apparaissant comme un Christ dans le ciel, se retrouvant auréolé par une foule, accomplissant des miracles surhumains, emmène le film dans une dimension mystique et religieuse, Lex Luthor ne cesse de le comparer à un dieu par exemple. Pour moi c’est une des grandes réussites du film et ce Superman est en plus remis en question par certains suite à la destruction de Metropolis et des milliers de victimes qu’il a causé mais il est aussi aimé par une partie de la population qui le voit comme un sauveur, son rôle est plus que jamais au centre de l’intrigue car doit-il rester accomplir ses missions tout en sachant qu’il peut y avoir des dommages collatéraux ou doit-il être éliminé par crainte qu’il ne détruise l’humanité par ses pouvoirs illimités et surhumains ? Le personnage est dans cette Aube de la Justice en pleine quête de rédemption, il veut se racheter mais l’opposition grandissante d’une partie de la population, la menace de Lex Luthor et l’entrée dans la partie du Chevalier Noir, vont rendre la tâche très compliqué pour Superman qui est totalement dépassé. La dimension politique est aussi très intéressante dans ce film comme l’épisode du procès de l’Homme d’acier qui est sur le papier génial mais finalement peu exploité et rapidement conclu par un évènement inattendu. On aurait aimé un dialogue entre la justice et Superman, la réaction des gens, les arguments de l’opposition à Superman,… mais Snyder n’a pas le temps et il doit avancer dans son film. De plus, la fin du film revient sur un épisode fondamental des comics que je ne pensais pas voir dans le film et ce fut une belle surprise, presque émouvante tant elle si bien traitée je trouve même si on connaît la suite par les comics ! Hormis le développement messianique et divin de Superman ainsi que la critique qui s’acharne contre lui, le film s’attache ensuite à développer son aspect plus noir et torturé en se consacrant brillamment au personnage de Batman. Après avoir été victime de critiques violentes suite à son embauche dans le costume du Chevalier Noir, Ben Affleck livre finalement une prestation impressionnante et surtout très différente de Batman. Le super-héros culte est ici un personnage torturé par la mort de ses parents et est en proie à des cauchemars apocalyptiques où Superman à prit le pouvoir et tue sans hésiter (un rêve peut-être prémonitoire, affaire à suivre…). Il est également obsédé par sa vengeance contre Superman suite à son arrivée sur Terre et c’est aussi un personnage très sombre et très violent car ce nouveau Batman tue véritablement ses ennemis du fait qu’il porte le masque depuis vingt ans et que sa vision de la justice a probablement changée suite à de tragiques évènements. Zack Snyder et Ben Affleck nous offrent donc un Batman plus massif, plus vieux, plus dur et ça marche tellement bien ! Le film aborde très bien le point de vue et l’avis de Bruce Wayne sur les actes et la présence de Superman sur Terre, ce qui lui permet d’en arriver très vite à le considérer comme une menace totale pour l’humanité. Cela nous l’avons dès le début du film qui est d’une puissance sans nom. Zack Snyder nous replonge en effet dans la fin de Man of Steel où Superman et le général Zod se battent en ravageant au passage Metropolis et le réalisateur nous entraîne, avec le personnage de Bruce Wayne, au plus près de la destruction de la ville ce qui rappelle le climat et la terreur du 11 septembre 2001 avec les immeubles qui s’effondrent, les civils morts, la poussière qui remplit la ville, le chaos total qui se répand,… Batman v Superman : L’Aube de la Justice représente parfaitement bien ses deux héros iconiques qui sont montrés tour à tour comme des héros et des monstres, surtout le personnage de Batman qui est montré comme une créature terrifiante par la musique puissante de Zimmer et Junkie XL ainsi que par sa voix grave, ses actes violents et sa motivation à tuer Superman. C’est limite si avec tous ces éléments il ne ferait pas peur ce nouveau Batman. Finalement les deux premières heures du film sont passionnantes à regarder car elles sont truffées de thèmes et de sujets qui font vraiment réfléchir, de scènes qui claquent par leur beauté esthétique et leur mise en scène démente, par le scénario qui se révèle plus intéressant qu’on pouvait le penser mais tout ça s’arrête un peu, le temps de la dernière demie heure complètement « what the fuckesque » et qui dévoile tous les défauts de la mise en scène de Zack Snyder. En fait pendant près de deux heures on n’est pas loin d’une sorte de chef-d’œuvre avec Batman v Superman : L’Aube de la Justice, oui je pèse mes mots bien qu’il soit inabouti par moment, mais cette dernière partie brise tout ce qui s’est établit pendant deux heures. Pourquoi ? Parce que Doomsday, parce que trop de destructions massives, trop de rayons lasers et électriques, trop de combat bourrés de surenchère, trop d’hystérie, trop d’effets visuels,… nous avons en fait sous les yeux une véritable orgie de super-héros comme Zack Snyder sait si bien les faire avec en point d’orgue l’arrivée involontairement drôle et kitch de Wonder Woman sous le son d’une musique totalement folle et très série TV qui prête vraiment à sourire mais aussi à une réaction d’épuisement devant ce spectacle total certes magnifiquement bien réalisé et très généreux en bruit, destructions et visuels fous mais qui franchit une fois de plus la limite avec cette surenchère en tout genre signée d’une main de maître. Le film a énormément été critiqué pour ses scènes d’action excessivement longues et destructrices, mais de là à parler d’un ratage je ne comprends pas. Zack Snyder semble s’amuser comme un fou à filmer les plus grands super-héros de comics et il s’autorise donc des choix esthétiques et de mise en scène originaux et forcément déroutants. Peut-être qu’il retiendra la leçon pour la Justice League puisque c’est lui qui est chargé de réaliser les deux films prévus par Warner Bros et DC Comics mais attention à ne pas refaire ces mêmes erreurs. Mais hormis cette dernière partie totalement folle à nous décoller la rétine, un montage qui a été amputé et des éléments scénaristiques maladroits ou peu développés, Batman v Superman : l’Aube de la Justice est un excellent film et ce que l’on pouvait espérer de mieux après une campagne promotionnelle décevante qui spoilait trop de choses. Au final la qualité est selon moi bel et bien là : la mise en scène explosive et esthétique de Zack Snyder, le scénario complexe malgré un trop plein de sujets à traiter, les thèmes fascinants abordés, le sérieux et la noirceur total du film, la musique monumentale et les acteurs qui sont excellents dans leur rôle : Ben Affleck en Batman torturé et massif, Henry Cavill en Superman qui cherche le pardon et l’acceptation de sa planète d’accueil, Jesse Eisenberg en Lex Luthor totalement taré et qui cabotine comme jamais, Gal Gadot en Wonder Woman charismatique et ultra badass, Amy Adams en Lois Lane toujours très charmante, Jeremy Irons en Alfred protecteur et fidèle à Bruce Wayne,…Batman v Superman est fun à sa façon en fait. Loin du fun de Marvel certes mais fun avec son style et son ambiance. Il faut aussi reconnaître que la tâche était difficile pour Warner et DC de mettre en place un tel univers en un seul et même film car ils n’ont pas eu le luxe de passer par toutes les origin story comme Marvel l’a fait. Batman v Superman se devait de continuer l’histoire de Superman, d’en recommencer une nouvelle avec un nouveau Batman, d’intégrer ces deux personnages dans un même univers avec divers enjeux, d’introduire rapidement les futurs membres de la Justice League et préparer enfin la base de la construction de cette équipe pour le rassemblement dans la première partie de Justice League prévu pour le 15 novembre 2017. Vous pouvez voir qu’il y avait énormément de choses à traiter et donc que forcément ce serait compliqué de tout réussir dans un film de 2h30 là où il faudrait deux ou trois films. Mais voilà, Batman v Superman : L’Aube de la Justice est probablement un des films de super-héros les plus étranges qu’on est vu depuis longtemps, un film qui divise déjà beaucoup de personnes mais je continue de penser qu’il sera réévaluer au fil du temps grâce à la version longue qui est prévu par Zack Snyder mais aussi par le fait qu’une communauté de fans et de supporters se formera pour le réhabiliter et faire en partie oublier cette mauvaise image qui lui colle à la peau depuis sa sortie. En tout cas, j’ai hâte de le revoir pour encore mieux analyser le déroulé du scénario parfois inutilement compliqué et les divers thèmes et références abordés dans ce film de super-héros atypique mais vraiment épique, jouissif et psychopathe par sa surenchère et sa démesure. Désormais, le prochain rendez-vous au sein du DC Extented Universe sera avec l’excitant Suicide Squad de David Ayer prévu pour le 3 août 2016 dans les salles obscures ! L’aventure continue et il va avoir du lourd.