Plus de cinquante-cinq ans après une adaptation historique du roman de Lewis Wallace, Ben-Hur fait son grand retour au cinéma avec un remake de haute volée qui n'a pas grand-chose à envier à son modèle, si ce n'est le contexte de sa sortie. On retrouve chaque moment clé de cette épopée mais quelques innovations bienvenues viennent enrichir la perception de l'œuvre, qui commence par montrer le passé des deux protagonistes alors qu'ils galopaient avant de se quitter, pour ne se revoir que lorsque Messala est devenu soldat : on découvre donc les retrouvailles des deux amis tout en ayant eu un aperçu de leur passé. Là où la parade du film de 1959 faisait tomber une tuile sur un personnage important, c’est cette fois-ci
un jeune sur le toit qui décoche une flèche bien placée pour venger ses parents, Judah se dénonçant à sa place,
en espérant que Messala laisse sa famille tranquille, ce qui n’est bien évidemment pas le cas, dans une scène où il va jusqu’à frapper son ami pour toujours mieux montrer l’exemple, bien qu’il se montre hésitant malgré son ambition de laver le nom de son grand-père en punissant des juifs.
Quintus Arrius est bien présent sur la galère
mais Judah est le seul à s’en sortir vivant, avec une
planche de bois combinée à un mât, le faisant dormir en baignant à moitié dans l’eau comme s’il était crucifié. Une fois échoué, il n’est pas sorti d’affaire
par le haut-placé romain, mais par un vieil homme nommé Ildarin (Morgan Freeman),
qui va l’héberger dans un campement près de Jérusalem en échange de soins apportés à un de ses chevaux malade, avant de l’entraîner lui-même pour la course de char. Cette scène d’anthologie est encore plus réussie que chez son prédécesseur grâce à une rivalité plus intense entre Judah et Messala, des plans plus dynamiques avec les chevaux qui viennent en plein écran et enfin un choix de musique épique qui vient sublimer le tout et notamment l’affrontement final, où Judah a bien plus de difficulté à s’en sortir
et où Messala s’en tire avec une jambe amputée.
La photographie est de grande qualité et le rendu n’hésite pas à choquer avec de puissantes mandales, ou encore une infection bien plus violente concernant les visages lépreux
de la famille de Judah.
Ce remake a également l'ingéniosité de faire passer ses valeurs par des moyens plus modernes, mais aussi de proposer de nouvelles idées,
notamment à la fin de la course de chars, où les juifs se précipitent vers Judah pour crier sa victoire, mais soulevant aussi Messala pour une raison plus ambiguë,
là où Ponce Pilate dit à Ildarin que les juifs deviennent romains car ils aiment le sang, participant alors à la romanisation de la Judée. L’aspect religieux est toujours présent avec un Jésus dont on voit désormais le visage, et ce dès le début du film alors qu’il travaille comme artisan pendant qu’un autre qui aurait pu être lui est puni de crucifixion. Le Christ est intelligemment valorisé avec ses paroles sages, son intervention pour donner de l’eau à Judah (cette fois-ci dans la ville, et non en dehors) tandis qu’un soldat romain se laisse éblouir par son visage apaisant, puis la persuasion qu’il lance à Judah
sur la fin, évitant ainsi que ce dernier ne lance de pierre au romain qui l’empêche de lui donner de l’eau,
mettant également en avant le pardon, prétextant qu’ils ne savent pas ce qu’ils font. Thème du pardon for bien amené et qui surprend jusqu’à la fin
car Messala s’excuse finalement auprès de son frère, qui le prend dans ses bras lors d’une scène émouvante.
Une belle sublimation qui rend grandement hommage au film de 1959 !