Virgil Oldman possède une maison de ventes aux enchères publiques qui porte son nom. On suppose qu'il a plusieurs succursales, dans d'autres pays, mais la maison-mère est à Vienne (Autriche), sous environnement strictement anglophone.... (un poil étrange). Sexagénaire, Me Oldman (il tient le marteau lui-même) ne voit la gent féminine qu'en peinture(s) - il a su en effet tirer le meilleur parti de ses connaissances pour se constituer une collection remarquable de portraits de toutes époques, de femmes uniquement (collection qu'il complète le plus souvent grâce à un excellent ami, Billy Whistler, qu'il commissionne pour acheter pour lui à ses propres ventes en qualité donc de command - ce goût de la discrétion allant jusqu'à conserver l'ensemble des tableaux dans une pièce secrète de son hôtel particulier). Sa vie bien réglée de célibataire, esthète et habile homme d'affaires, est soudain bouleversée par une mystérieuse cliente, Claire Ibbetson, qui le fait venir dans son palais immense et délabré pour une estimation de succession.
L'Italien Tornatore fait comme notre Leconte hexagonal : il réalise en langue anglaise, avec des acteurs anglo-saxons (l'Anglais Jim Sturgess, alias "Robert", un jeune homme plein d'entregent qui tient un atelier de réparations de toutes sortes et s'attaque à la reconstitution d'un automate trouvé en pièces détachées par Oldman dans le palais de Claire, tout en se rendant indispensable côté privé auprès du commissaire-priseur ; le Canadien Donald Sutherland, alias "Billy" ; l'Australien Geoffrey Rush, alias "Virgil"), ou au moins anglophone (la Néerlandaise Sylvia Hoeks, alias "Claire').... et c'est plutôt réussi. L'histoire mise en scène (qu'il a écrite également, seul) est à plusieurs niveaux, fonctionnant sur les faux semblants, en art, comme en amour (et même en amitié) - le tout formant un kaléidoscope que l'on n'apprécie et met en perspective que dans les dernières images, avec une fin poétique, sur l'air du temps... qui passe. Il y a quelques longueurs, certaines choses trop développées, d'autres au contraire insuffisamment (ou trop rapidement traitées), mais l'ensemble ne laisse pas indifférent, intrigue, puis séduit. Les acteurs tiennent parfaitement leur partie respective (mention spéciale à Donald Sutherland - même si son rôle n'est qu'épisodique), les images sont belles, les décors (presque uniquement en intérieurs) superbes, la musique du maître Morricone, et c'est une bonne introduction (l'intrigue psychologique mise à part) à "l'éternel féminin" en peinture, thème surabondant.