Le cinéaste sicilien, Giuseppe Tornatore, reconnu en Italie pour sa démarche d’ouverture cinématographique du cinéma transalpin vers l’international, du moins par le biais de différentes tentatives, livre un film délicat, mystérieux. Dans l’univers luxuriant et sirupeux des marchands d’art, d’un commissaire-priseur embourgeoisé et établi à Milan, le réalisateur nous offre un thriller intelligent, un film aussi sombre qu’exaltant. L’art rimant toujours avec faussaires, il s’agira une fois encore, par des chemins détournés, de distinguer le vrai du faux, la vérité du mensonge. Bien que l’introduction sensible ne nous entraîne pas vers une chute en forme de twist, The Best Offer n’est autre qu’un exercice de style avec mention très bien, un hommage aux grands artisans du polar, du thriller, notamment ceux ayant donné au cinéma italien ses lettres de noblesses durant le 20ème siècle.
Mais The Best Offer vaut aussi beaucoup de par l’excellente interprétation de son comédien principal, le trop rare Geoffrey Rush. Maniaque, mesquin, roublard, l’homme se complait dans une forme de luxure, vendant aux plus offrants des œuvres d’art de tous genres, escroquant parfois les masses pour à son propre bénéfice, au crédit de sa passion pour la peinture. Alors qu’une mystérieuse cliente lui demande l’inventaire de ses biens, les ennuis ou les réjouissances apparaissent. Tout en subtilité, la tension monte, le mystère s’épaissit. Drôle d’histoire que voilà. Un maniaque de l’hygiène, une mystérieuse demoiselle qui ne se montre pas, des œuvres inestimables, semble-t-il, attendant à la pelle aux quatre coins d’une curieuse bâtisse. De quoi éveillé la curiosité des cinéphiles conquis d’emblée par la sublime mise en scène de Tornatore.
En effet, le réalisateur, profitant de l’interprétation magistrale de Geoffrey Rush, compose son film de plans fixes remarquables, s’amusant avec la profondeur de champs, jonglant entre photographie et peinture traditionnelle. Les décors sont fastes, curieux, attirants, à l’image des personnages pour lesquels une certaine tension monte tout au long du métrage. Pour ne rien dévoiler, disons seulement que l’intrigue suit un schéma traditionnel mais dans un univers particulier. Un thriller aux cotés de drôles de gens qui surprennent et émeuvent également. Un jeu, voilà à quoi pourrait se résumé les affaires du commissaire-priseur depuis sa rencontre avec cette étrange demoiselle, un jeu pas si bénéfique, un jeu perfide. Mais à qui l’avantage?
Giuseppe Tornatore démontre donc un indéniable talent, un sens du détail et de la mise en scène qui ne rougirait en rien devant les grands noms américains du thriller. Film intriguant, puis captivant, The Best Offer est une œuvre qui vient tout droit de là ou on ne l’attendait pas, d’une industrie du film italienne qui pâtit d’un manque de reconnaissance depuis maintenant de nombreuses années. Il semble donc que les grands metteurs en scène transalpins aient trouvé leur descendance. Puisqu’il s’agit somme toute d’une critique, soulignons tout de même qu’en dépit d’une première partie excellente, d’un final captivant, le rythme souffre d’une certaine baisse en milieu de parcours, sans doute histoire de trancher entre l’avant et l’après, même si cela pourrait être maladroit. Quoiqu’il en soit, un film à conseiller. 15/20