Star Wars épisode IX ou comment renier l’héritage de la saga pour en faire une bouillie grand public sur fond d’effets spéciaux poussés à l’extrême.
Que ce soit clair : le neuvième épisode n’est pas le pire de la post-logie. Mais par son rôle clef de clôture de toute l’histoire des Skywalker, le dernier film portait de biens grandes espérances et nous avions le secret espoir qu’il sauve l’univers Star Wars repris en main par Disney. C’est dans cette optique que le film est plus que décevant, qu’il n’est pas l’acmé qu’il devrait. Sûrement que les attentes étaient immenses à son encontre. Certainement qu’il n’est pas le plus mauvais des trois derniers épisodes. Pourtant, il n’en est pas moins le plus insatisfaisant par les portes qu’il laisse béantes et les possibilités infinies et non exploitées d’une fin grandiose qu’il balaie d’un revers de sabre. La fin de l’épisode huit nous laissait avec un gout d’inachevé en bouche, illustré par la mort du suprême -et néanmoins inconnu- leader Snoke, le rôle inutile au possible accordé à Finn et la disparition tout sauf admirable de Luke. Déjà, en visionnant la bande annonce, et notamment en voyant Rey comme adepte du côte obscur maniant un double sabre inédit mais dont le seul but était d’attiser les ardeurs du public, le doute nous assaillait. Une fois en salle, à mesure que le film avançait, une question revenait sans cesse, presque inavouable. Etait-il possible que le film le plus attendu de la décennie, la réelle fin de la plus grande saga cinématographique, se construise à la hâte, fondant son propos sur de simples easter-eggs davantage que sur un vrai fond étayé, allant même -faute de mieux et d’inventivité- à aller rechercher au fin fond des gouffres de feu la seconde étoile de la mort un empereur agonisant, illustre méchant des films passés, mais qui ne demandait rien d’autre que le repos éternel du guerrier noir qui lui était légitimement dû ? C’est que chaque enchevêtrement de scènes, collées à la va-vite pour tenter vainement de construire un ensemble cohérent, rendait cette peur plus qu’hypothétique. Et il faut avouer que le visionnage de ce dernier opus m’a paru interminable tant les scènes de combats tous plus grandiloquents mais vide de sens les uns que les autres s’enchaînaient sans jamais sembler s’arrêter. Disney avait pourtant distillé durant la promotion de vraies bonnes pistes : un Kylo Ren enfin devenu le seigneur noir des Sith qu’il convoitait depuis si longtemps, épaulé par de sinistres chevaliers de Ren dont l’affrontement final contre Rey promettait enfin un combat épique. Mais vains espoirs que tout cela.
Disney a expédié le traitement des Chevaliers pour ne leur accorder que d’inutiles scènes, et dans la pure veine de toutes ces super-productions américaines, le grand méchant s’est en réalité révélé être le plus héroïque des repentis, allant jusqu'à renier ce à quoi il avait toujours aspiré, tout cela pour un baiser à oublier au plus vite avec la plus terne des Jedi -et c’est une faveur immense que je fais à Rey en la qualifiant de Jedi.
Comme dans un mauvais film, le scénario semblait soufflé par le petit-fils de je-ne-sais quel réalisateur, qui sûrement pour blaguer, avait du murmurer du haut de ses huit ans que ce serait une bonne idée pour le dernier épisode que faire revenir à la vie l’Empereur et de faire rejouer la scène de l’Empire contre attaque,
cette fois-ci à base d’un « je suis ton grand-père » trop incongru pour être pris au pied de la lettre.
Pourtant c’est sur cette tentative de refaire marcher quelque chose qui avait fait la légende des premiers films que cet épisode se construit -et même cette post-logie en général- tentative qui ne fait qu’illustrer que ces films ont été pensés à la va-vite, sans construction cohérente, et qui, faute de méchant convainquant, est allée rechercher dans un succès lointain, très lointain, de quoi se repentir. Mais les amateurs de Star Wars que nous sommes, disneyphiles compris, ne sont pas dupes. Alors certes, il reste un film grand budget, avec de magnifiques décors et costumes, mais cela ne suffit pas. Ce film est un échec car il ne parvient pas à sauver cette nouvelle trilogie en lui offrant le finale qu’il méritait. On en vient même à se demander face à un tel manque d’inspiration si le titre -L’ascension de Skywalker- n’a pas été trouvé par ce même enfant de huit ans, après la scène d’escalade de Kylo Ren remontant des gouffres d’Exegol, dans un passage qui aurait été davantage justifié dans un film d’alpinisme.
Voilà ce qui arrive quand on se centre seulement sur la forme aux dépends du fond, on fini par pondre un navet intergalactique qui trahit la véritable genèse de cette post-logie : faire toujours plus d’argent et au diable l’histoire du moment que l’étiquette Star Wars est apposée à l’arrivée ! Ce dernier film n’est pas le plus mauvais de la saga par sa construction ou son rendu visuel, il est le plus mauvais par les immenses attentes qu’il suscitait et qu’il laisse encore plus béantes qu’auparavant. Sûrement à tout jamais.