Ça y est, sortez les mouchoirs ou exécutez une danse de la joie, une des sagas les plus rentables mais aussi une des plus vides du cinéma d'épouvante contemporain vient de s'éteindre avec une conclusion d'une médiocrité à la hauteur de sa réputation.
Avant de revenir sur ce piètre dernier opus, un petit retour sur chaque épisode s'impose pour dresser un bilan de la franchise.
En 2009, le premier "Paranormal Activity" débarquait sur nos écrans. Tourné pour le budget dérisoire de 15 000 dollars, le film allait surfer sur un buzz incroyable (et inexpliquable) pour tourner au phénomène mondial en engrangeant plus de 193,4 millions de billets verts et même effrayer papy Spielberg bloqué dans sa salle de bains (la porte de sa baignoire a dû rester coincée d'où la panique).
Que retiendrons-nous de ce premier épisode ? Sur le fond, pas grand chose de nouveau, on a juste affaire à une banale affaire de possession induite par un démon qui a visiblement un gros coup de cœur pour l'héroïne, Katie (interprétée par la très mauvaise Katie Featherston).
Mais que l'on y adhère ou non, "Paranormal Activity" a incontestablement créé une sorte de schéma narratif qui ne bougera quasiment pas d'un iota au fil des épisodes et dans lequel une fournée de found-footages s'est enfoncée (encore le récent "Gallows" par exemple) : du vide où gravitent des personnages sans consistance (un des plus gros défauts de la saga), une montée en puissance des manifestations surnaturelles et enfin un dernier quart d'heure qui se veut explosif au niveau du rythme.
Sauvé par quelques effets en bout de course (allez, hop, je suis un démon invisible et je te traîne par les pieds dans toute la maison !), ce film n'avait visiblement rien de bien solide pour devenir le premier épisode d'une franchise et pourtant, on connaît la suite...
Arrive ensuite cet étrange objet qu'est "Paranormal Activity : Tokyo Night", premier spin-off de la série devenu depuis une sorte d'épisode "parasite", son intrigue ne collant pas avec les suivants. "PA : Tokyo Night" n'est rien d'autre qu'une redite du film originel mais au Japon et centrée sur un frère et une sœur victimes du fameux démon.
Lorsqu'on connaît la qualité des films d'épouvante asiatiques, on peut légitimement se demander quel est but de ce quasi copier-coller du premier long-métrage...
On n'en retiendra rien si ce n'est que les personnages passent leur temps à manger (on apprend même à cuire une dorade, si, si !), que les tas de sel font éternuer les démons invisibles et que les prêtres japonais font des exorcismes avec des serpillières en papier crepon. Voilà, voilà.
Forcément, suite au phénomène du premier film, une suite est rapidement mise en chantier et, un an plus tard, débarque naturellement "Paranormal Activity 2" qui suit cette fois la sœur de Katie, elle aussi poursuivie par les même assauts démoniaques.
Ce deuxième épisode n'est en fait qu'un 1 bis se contentant de rallonger les scènes les plus "impressionnantes" du précédent. Inintéressant au possible, ce deuxième épisode est un des pires de la franchise, son existence n'est due qu'à un mini-twist d'ordre chronologique dont on se moque royalement.
Mais le succès est encore au rendez-vous, on mangera encore du "Paranormal Activity" pour un bon moment.
Alors que l'on n'en attend vraiment pas chose, déboule le pourtant sympathique "Paranormal Activity 3" qui prend la forme d'une préquelle sur la jeunesse des deux sœurs et de leurs premières confrontations avec le démon dénommé maintenant "Toby" (le pauvre gars quand même, un prénom pareil).
Peut-être l'épisode le plus réussi de la franchise, ce troisième épisode parvient à se distinguer grâce à sa famille héroïne pour une fois attachante, une certaine efficacité dans ses effets (les petites filles qui courent en riant en pleine nuit à la poursuite d'amis imaginaires, ça marche toujours) et se révèle même parfois inventif sur la forme grâce à son côté 80's (l'idée des séquences avec la caméra bricolée sur un ventilateur est une vraie trouvaille).
On notera aussi son bon quart d'heure final (même si rappelant furieusement celui du "Dernier Exorcisme") qui met en place un des piliers de la maigre mythologie de la série : la confrérie des Sage-Femmes, une brochette de vieilles sorcières qui ont un accès VIP au démon.
À noter que Quentin Tarantino l'avait placé dans son top 10 annuel de films (non pas que ce soit un argument mais ça me fait un soutien de poids sur ce coup).
On commençait presque à se dire "Hé, on ne sait jamais !" quand "Paranormal Activity 4" est venu enterrer tous nos petits espoirs. Replongeant avec allégresse dans les pires tares de la franchise, ce quatrième volet vient tutoyer le deuxième (dont il est la suite directe) en termes d'ennui. On apprendra juste qu'un petit démon aurait la possibilité de jouer avec la Kinect s'il le souhaitait. C'est cool !
Ah oui, Katie est retour et elle joue toujours aussi mal.
Vient ensuite "Paranormal Activity : The Marked Ones", deuxième spin-off cette fois destiné à la communauté latino-américaine.
Un statut assez bizarre car il est le seul film qui va vraiment tenter de construire quelque chose avec les éléments mis en place dans les précédents (on y apprendra certains buts poursuivis par la confrérie de sorcières), tout ça reste très simpliste mais il a le mérite de vouloir se montrer un peu plus intelligent que les autres.
De plus, "The Marked Ones" va se montrer beaucoup plus rythmé que ses aînés grâce à ses jeunes personnages adolescents (exit l'habituelle famille) et en se muant en une sorte de "Chronicle" surnaturel dans sa première partie en prenant à revers les conséquences d'une possession démoniaque (ben ouais, ça peut se révéler hyper-sympa d'avoir des pouvoirs maléfiques en fin de compte).
Plutôt efficace au niveau des jumpscares, le film possède aussi la fin la plus réussie de la saga, très généreuse en action (on défouraille même de la sorcière à coups de fusil à pompe, étonnant) et qui aurait très bien pu servir de point final à toute cette histoire avec un sentiment de "la boucle est bouclée".
Mais non car voilà, aujourd'hui, "The Ghost Dimension 3D", véritable conclusion de la saga qui a fait la promesse de tout nous montrer.
Et c'est raté. Mais alors comme il faut.
Une nouvelle famille a la mauvaise idée d'emménager dans la maison d'enfance de Katie et Kristi. Le père découvre par hasard un carton de VHS appartenant aux anciens occupants... et une sorte de caméra magique (me demandez pas, c'est bien n'importe quoi) qui va lui permettre, aux contraire de ses prédécesseurs, de filmer physiquement les manifestations surnaturelles.
Mais le démon Toby n'aime pas qu'on pointe un objectif sur lui alors qu'il est tout nu, ah ça, non, alors !
Revenant au schéma narratif classique de la plupart de ses grands frères, "The Ghost Dimension" tente de relier entre eux les points de mythologie de la saga pour enfin nous dévoiler le grand dessein qui se cache derrière tout ça.
Dommage, celui-ci est d'une telle platitude que le sentiment d'arnaque absolue (tout ça pour ça, non, mais sérieusement, les gars, il vous a fallu sept films ?!) est tout simplement ce qui prédominera lorsqu'on repensera à cette franchise.
Passé ça, il ne reste bien évidemment plus grand chose pour sauver le film : les séquences d'attaques démoniaques renvoient toutes irrémédiablement à des scènes des précédents. Certes, cette fois, le démon n'est plus invisible et laisse des résidus ectoplasmiques partout derrière lui (gros dégoutant, va !) mais la 3D qui ne couvre d'ailleurs que ses apparitions (soit 20 minutes du film) ne sert pas à grand chose et, pire, désamorce complètement les tentatives de jumpscares.
Les personnages sont tous également inintéressants, ils ont même ajouté une espèce de bombasse blonde (Olivia Taylor Dudley, l'héroïne des "Dossiers secrets du Vatican", qui a visiblement décidé de se construire la pire filmographie possible) à la famille, juste comme ça, pour se faire plaisir.
Hormis une sympathique scène d'exorcisme (enfin "d'extermination"), tout est loupé dans "The Ghost Dimension", même son dernier quart d'heure qui aurait pourtant mérité une certaine ampleur au vu des enjeux.
Mais non, la caméra tombe une énième fois lors de l'ultime scène... avec les rares espoirs qu'on avait placé en ce film.