En plus des Eclats (Ma gueule, ma révolte, mon nom), Sylvain George propose la même année un autre documentaire, L' Impossible - Pages arrachées. Distincts dans la réalisation, ces deux longs métrages répondent pourtant à la même démarche intellectuelle. En effet, le réalisateur précise : "Ce sont des films qui répondent à cette nécessité profonde, propre à chacun, que d’essayer de se re/définir comme individu et être humain, de détruire, re/construire, une relation avec le monde comme avec soi-même."
Le titre "Les Eclats" renvoie à la notion de fragment, comme c’était déjà le cas pour le titre de L'Impossible - Pages arrachées, autre long métrage du cinéaste. "Ma gueule, ma révolte, mon nom" est un vers du poète Aimé Césaire.
Le réalisateur Sylvain George a fait du film documentaire sa spécialité en filmant au cœur de l’action puis en nourrissant sa réflexion par la lecture d’auteurs comme Walter Benjamin, mais aussi Arthur Rimbaud ou Dostoievski, car pour lui : "La poésie et la politique sont intrinsèquement liées."
Les Eclats (Ma gueule, ma révolte, mon nom) s’inscrit dans la continuité des précédents films de Sylvain George, L' Impossible - Pages arrachées et Qu'ils reposent en révolte. Dans ce long métrage, le cinéaste a développé et creusé son sujet, l'immigration. Très lié à ses lectures poétiques ou philosophiques, il définit son travail comme "un mouvement, un processus, lié au fait d’être cinéaste (...) une recherche portant sur certaines thématiques est engagée, et ces dynamiques trouvent à se cristalliser à un moment X dans ce qu’on va appeler un film."
Sylvain George s’inspire ouvertement du travail de John Gianvito en refusant d’esthétiser la politique. Le cinéaste décrit le travail de son mentor : "Il fait, loin de tout prosélytisme, œuvre de connaissance en travaillant, en dépliant différents niveaux de réalités ; et, dans le même temps, dans l’immédiat, opère une critique des réalités mythiques et majoritaires, prend position, travaille au corps la question de la révolte et de l'insurrection, œuvre et appelle à la transformation, à la destruction radicale et immédiate de politiques mortifères et inacceptables (politiques migratoires…)."
Pour définir sa façon de travailler, le réalisateur qualifie l’énergie déployée pendant le tournage comme "proche de l’esprit du free-jazz ou du punk."