Rushmore est le deuxième film de Wes Anderson, et c'est un bon film. Bien meilleur qui plus est que son premier long-métrage Bottle Rocket. Il est d'ailleurs intéressant de comparer les deux pour constater l'évolution impressionnante du réalisateur en seulement deux ans, évolution qui se poursuivra dans le bon sens trois ans plus tard avec son troisième film, La Famille Tenenbaum. Dans Rushmore, Wes Anderson nous présente Max Fischer : 15 ans, binoclard, cheveux gras, appareil dentaire, pas très costaud, étudiant médiocre, mais débordant d'énergie créatrice et d'optimisme. Bref, un gentil loser comme les aime Anderson. Max se sent bien à Rushmore, établissement privé pour gosses de riches dans lequel il est entré grâce à une bourse, lui fils d'un modeste coiffeur, où il peut se livrer à tous ses loisirs favoris. Il se lie d'amitié avec Hermann Blum, riche industriel dépressif qui déteste sa femme et ses deux fils, et tombe amoureux de madame Cross, belle institutrice à Rushmore et veuve n'ayant pas totalement fait le deuil de son époux défunt. On trouve dans le film un défaut récurrent chez Anderson, qui handicapait déjà son premier film : la faiblesse de la trame scénaristique. En effet, à part l'amour impossible de Max pour madame Cross, pas grand chose à se mettre sous la dent. Pourtant, ce défaut est vite gommé par les nombreux autres aspects positifs dont fourmille le film. Déjà, Max Fischer et les personnages de Rushmore sont moins fades que ceux de Bottle Rocket, leur personnalité et leur loufoquerie sont plus marquées. Les dialogues sont plus soignés, l'humour est davantage présent et bien souvent fait mouche, les décors sont plus riches, la mise en scène plus étudiée. Malgré la faiblesse initiale de l'intrigue, dans Rushmore Anderson réussit à dynamiser son film avec quelques rebondissements (ce qu'il échouait à faire dans Bottle Rocket), un montage vif et une bo entrainante. On commence à voir émerger l'univers d'Anderson et ses gimmicks, par exemple ses fameux plans symétriques. Les musiques pop-folk correspondent à merveille à l'ambiance de Rushmore (et des films d'Anderson en général). Enfin, outre le trio de personnages principaux (Max-Blum-Miss Cross), on trouve toute une galerie de personnages secondaires assez attachants : le père de Max, le directeur de Rushmore, Dirk, Margaret Yang, Magnus Buchan... Au final, l'alchimie fonctionne bien, la forme entraînante et soignée sert efficacement un fond original et très plaisant. Une réussite !