Le Polanski nouveau est arrivé et ma foi, ce n'est pas un mauvais cru, loin de là. Je ne savais rien du tout du film si ce n'est le casting avant d'aller le voir et c'est très bien comme ça. Je n'ai pas lu le roman à la base… j'étais pur ! Et j'ai pris mon pied, malgré que je croyais au début c'était Ludivine Sagnier qui jouait et pas Emmanuelle Seigner, je préfère Ludivine et le choix d'Amalric ne me laisse pas de marbre.
En fait Emmanuelle Seigner effectue une transformation dans ce film un peu comme Judith Henry dans la discrète. Elle commence un peu vulgaire, vilain petit canard, cheveux mouillés et puis au "fur" et à mesure elle devient papillon, ou plutôt mante religieuse !
Ce que j'aime dans les huis clos c'est vraiment ça, pourvoir s'intéresser aux personnages et vu que c'est Polanski qui réalise on a une putain de mise en scène millimétrée et pas juste du théâtre filmé. On a tout ce qu'il faut, tout ce qui fait du cinéma et pour une fois je vais dire du bien de la musique qui colle parfaitement et aide vraiment à créer une ambiance, Desplat a fait un bon travail.
Ce qui est vraiment jouissif avec ce film, c'est non seulement de l'histoire, mais c'est clairement le jeu entre les deux personnages, jeu dont on ne sait plus très bien quand il s'arrête et quand il commence, cette façon de se répondre avec des répliques lorsque l'on ne sait plus quoi dire. Fascinant. Difficile d'en parler sans rien révéler mais voir Amalric et Seigner se donner la réplique ainsi, difficile de ne pas être pris dans l'histoire, deux superbes interprétations. Je pense que ça sera dur aux César de choisir entre elle et les actrices de la vie d'Adèle.
Il y a deux scènes qui m'ont marqué particulièrement, celle où on entend Seigner jouer pour la première fois en hors champ, on voit le visage intrigué d'Amalric et on voit enfin Seigner dans son personnage et plus la fille gageure qu'elle était. Et cette autre scène, celle de la signature du contrat, où elle cherche dans son corset le contrat et en le faisant on voit un bout de téton dépasser, difficile de faire plus érotique.
Je pourrai longuement m'étendre sur les qualités d'écriture du film, ce jeu habile avec les costumes qui se mettent, s'enlèvent et qui correspondent parfaitement aux personnages. Brillant. Et cette mise en scène qui à chaque instant va mettre le bon personnage en valeur… On a rarement atteint ce niveau de perfection à ce niveau.
Le film n'oublie pas d'être intriguant, d'où est-ce-qu'elle sort ? Qui est-elle ? On se demande comment ça pourrait finir ?
Bref Polanski est foutrement en forme !