Après ses clowneries anti franquistes de « balada triste » et son aversion pour la téléréalité de « un jour de chance », ses deux derniers brûlots, le réalisateur espagnol le plus énervé est de retour, pas calmé pour autant ! « Les sorcières de ZUGARRAMANDI » s’inspire d’une légende urbaine qui prend sa source en 1610 avec un procès en sorcellerie mené par l’inquisition dans la ville titre, et une sentence par l’immolation de douze personnes. Une équipe de braqueurs amateurs est en fuite après le cambriolage d’une bijouterie ayant dégénéré en fusillade sanglante (de ce coté la, l’intrigue est très actuelle !).Les deux survivants de l’équipée sauvage et le fils de l’un d’eux, embarqués dans un taxi dont ils ont kidnappé le chauffeur et son passager, vont atterrir dans ce bled ou ils vont se retrouver aux prises avec trois sorcières qui entendent bien mener a son terme un rituel censé ressusciter l’esprit maléfique, grâce au jeune garçon pressenti comme « l’élu ».Il est impossible de ne pas penser à « une nuit en enfer » du mexicain robert Rodriguez, tant ALEX DE LA IGLESIA emprunte très clairement la structure narrative de cette œuvre bicéphale. Le scénario de « les sorcières… » s’articule donc en deux parties extrêmement distinctes, la première débute sur un braquage, bifurque en road movie et se termine dans un lieu insolite occupé par d’étranges personnages, et la seconde, nous dévoile les intentions belliqueuses de ces tronches haineuses (oui, oui, je sais ! Mais j’y reviens plus loin) et dégénère en mode fantastique ! Mais l’espagnol, (très) probablement (très) inspiré par son sud américain de collègue trouve surtout matière à assouvir ses pulsions de cinéaste…inventif. La preuve avec cette intro surréaliste, ou les braqueurs déguisés en soldat de toys story( !), bob l’éponge( !!), et jésus (!!!), affrontent la police dans une violence sans concession a la Peckinpah(la « horde sauvage » en mode Benny Hill!) nous offrant sous un déluge de balles et de gags un sommet de burlesque! « Les sorcières … »est un film protéiforme entre action-movie, humour, horreur, fantastique, truffé de « gueules » et mené à un rythme effréné. ALEX DE LA IGLESIA en profite pour revisiter le cinéma « de genre », lui le cinéaste d’un genre de cinéma ,avec son univers coloré et en relief( sans 3D !) ,quelque part entre Fellini , Tim Burton ,russ meyer, Tarentino…sans limite et décomplexé . Son film est bourré de clin d’œil plus qu’appuyés
(«une nuit en enfer » -donc-« les sorcières d’eastwick »-« the lords of Salem »-« Indiana Jones et le temple maudit »-la longue scène du rituel-« réservoir dogs »-la scène de torture avec l’oreille-« massacre a la tronçonneuse »- avec la scène du repas /je vous avez promis d’y revenir -…).
Dans son coté cinéaste engagé ALEX (après une longue critique on devient plus intime) livre le tout sous fond de guerre des sexes, motivée par les affres d’un divorce difficile (pléonasme ?!) mené pendant le tournage (il me dit tout, ALEX !). « les sorcières … » n’est pas a proprement parler son film le plus « équilibré » , le plus maîtrisé (un peu long , un peu trop de personnages , l’homosexualité en forme de coming out des 2 flics n’amène rien , une scène dans la grotte qui s’éternise …). Mais cette pellicule plus référentielle qu’irrévérencieuse, plus cartonnesque que noircie, plus jubilatoire que sérieuse, aussi créative que récréative, est un bon défouloir qui respecte son public et nous divertie. AL (l’amitié s’est installée !) est un vrai bon cinéaste, comme il n’en existe pas autant que le bon cinéphile (le mauvais attend les critiques de Télérama avant de faire son choix !) l’espérerait.