Il fallait bien s’y attendre. Avec un sujet aussi propice à une remise à jour régulière, "Les Sept Mercenaires" (qui était, déjà, un remake des "Sept Samouraïs") allait forcément revenir, un jour ou l’autre, sur grand écran avec un casting renouvelé ! Et c’est le décidemment inclassable Antoine Fuqua qui s’est colle, avec son acteur fétiche Denzel Washington en tête d’affiche et, petit bonus, Ethan Hawke (son partenaire de "Training Day"). L’avantage avec ce genre de projet, c’est qu’il ne suscite pas une attente trop forte dans la mesure où l’histoire est parfaitement connue, que ce soit dans son évolution ou dans sa résolution, le jeu consistant, tout au plus, à moderniser la mise en scène
et à laisser planer le mystère sur les mercenaires qui survivront.
C’est, donc, sans surprise que "Les Sept Mercenaires" version 2016 remplit son rôle de divertissement à l’ancienne, où les explosions en pagaille ont moins leur mot à dire que les gunfights, les bagarres de saloon et autres cavalcades viriles. Bien que leur heure de gloire appartienne au passé, les westerns font toujours leur petit effet lorsqu’ils sont sérieusement réalisés et assurent le dépaysement (voir, récemment encore, le travail d’ambiance sur la série "Westworld"). Pour autant, ce remake a tendance à se laisser un peu trop aller à certaines facilités qui l’empêcheront de marquer les esprits (ce qu’avait su faire son prédécesseur par rapport au film original de Kurosawa). Le scénario, tout d’abord, ne s’encombre pas beaucoup des motivations des différents personnages et ce, malgré le sort qui les attend. La facilité déconcertante avec laquelle le héros convainc ses six futurs partenaires de se joindre à lui fait perdre un peu de tension au film. De même, on ne peut qu’être agacé par les axes scénaristiques prémâchés qu’on ne cesse de nous ressortir, film après film, au mépris de toute originalité. Pourquoi, par exemple, nous refaire le coup de l’ancienne légende, devenue l’ombre d’elle-même,
qui va fuir devant le danger… pour mieux revenir au moment propice
? Quant à
la révélation finale du passé commun entre le héros Chilsom et le méchant Bogue
, elle fait vraiment rajout opportun de dernière minute déjà vu mille fois… Autre souci, le casting qui, la plupart du temps, se rapproche davantage de l’honnête cacheton que l’interprétation transcendantale. On peut considérer que c’est suffisant mais, au vu des acteurs réunis, on espère forcément un peu plus. Certes, Denzel Washington tire son épingle du jeu grâce à un scénario qui le met outrageusement en avant, mais les autres têtes connues sont en roue libre avec des rôles peu écrit (Chris Pratt en flambeur, Ethan Hawke en alcoolique, Vincent d’Onofrio en fou de Dieu). Ce sont, d’ailleurs, les acteurs moins connus qui s’en sortent le mieux grâce à un jeu plus animal qui s’avère particulièrement payant dans les scènes d’action (Byung-Hun Lee et ses couteaux, Manuel Garcia-Rulfo en bad guy mexicain et l’Indien Martin Sensmeier et son arc). La volonté de réunir une bande aussi hétéroclite, bien qu’assez peu subtil dans son exploitation, est plutôt une bonne idée en ce qu’il s’agit d’une des seules plus-values de cette version. Le reste du casting est du même acabit, avec des acteurs qui font le boulot mais qui ne s’aventurent jamais au-delà du trait de caractère unique dont on a affublé leur personnage (Haley Bennett en veuve courage énervée, Peter Sarsgaard en psychopathe déconnecté, Luke Grimes en compagnon transparent, Cam Gigandet en homme de main…). Heureusement, Antoine Fuqua a assez de métier pour nous concocter des séquences d’action spectaculaires, dont une bataille finale (attendue comme le summum du film) plutôt réussie, à défaut d’être vraiment marquante. Il débute, également, son film avec une séquence suffisamment forte pour poser les bases de l’histoire et comprendre la volonté de vengeance des habitants de Rose Creek. "Les Sept Mercenaires", millésime 2016 se regarde, donc, gentiment sans, pour autant, apporter quelque chose de vraiment nouveau à l’histoire. Pour changer la donne, il faudrait changer d’environnement, comme l’avait fait John Sturges en 1960 en transformant les Ronins japonais de Kurosawa en cow-boys américains. Ou alors, il ne faut plus toucher à ce mythe et redevenir original. C’est peut-être demander beaucoup à Hollywood…