Depuis quelques années, on peut remarquer un retour assez sympathique du western ("True Grit", Django Unchained", "Lone Ranger", "Shérif Jackson", "Jane Got a Gun", "Bone Tomahawk", "Les Huit Salopards") ; il n’est donc pas étonnant que ce genre tombe lui aussi dans la mode actuelle du remake. Et quel autre western mériterait (comprenez surtout « rapporterait le plus de pognon ») d’avoir son remake que le film culte de John Sturges ? En plus il s’agit d’une première dans le monde du cinéma : nous avons droit ici au remake d’un remake ! (je rappelle que le film original était déjà le remake du fabuleux film d’Akira Kurosawa, "Les 7 Samouraïs") Malgré tout, j’avoue que j’étais tout de même inquiet car les remakes sont rarement des réussites, d’autant plus que je venais de me bouffer coup sur coup les horribles "Ben Hur" et "Blair Witch" ! Donc, je restais sur ma défensive, malgré le fait que ce soit Antoine Fuqua qui se charge de l’affaire. Et bien c’est un grand OUF de soulagement que j’ai poussé : cette cuvée 2016 fait partie de ces rares remakes aussi bons voire meilleurs que leur illustre ancêtre ! Il faut avouer que Mister Fuqua avait du pain sur la planche pour nous faire adhérer à nouveau à une histoire que l’on connaît tous, mais cela fonctionne cette fois ci aussi, notamment à un traitement un peu plus proche de notre monde contemporain (finit les petits paysans à qui ont fauche toute la récolte et ont viole les femmes, et bonjour au gros vilain promoteur qui souhaite expulser de leurs maisons les habitants morts ou vifs pour exploiter leurs terres : en matière de métaphore sociale, nous nous retrouvons devant une critique assez caustique du capitalisme moderne) ; mais aussi à un respect scrupuleux les codes du genre (dans le bon sens du terme) tout en proposant un divertissement efficace. En effet, Fuqua a choisi d’ancrer son œuvre dans une certaine imagerie violente propre aux westerns d’autrefois (notamment comme le faisait si bien Sam Peckinpah) : le Far West est présenté comme sale sans aucun glamour et les scènes d’action, sans être des étalages d’hémoglobine, sont dotées d’une incroyable férocité où les balles fusent de partout, les coups marquent les chairs, les explosions giclent comme des geysers…on ressent les impacts d’une façon quasi viscérale : une très belle réussite, d’autant plus que les séquences de fusillade sont bien chorégraphiées et particulièrement intenses ! Et puis, un film est aussi bon parce qu’il a de bons acteurs, et là, difficile d’avoir quelque chose à redire sur un tel casting (et tant pis pour les fans de Tom Cruise qui sont déçus qu’il ait quitté le projet !!) : Chris Pratt qui fait du Chris Pratt en bad boy dragueur et blagueur (et comme il est nickel dans ce genre de rôle, il le fait super bien !), Ethan Hawke est impeccable (comme toujours, et si vous en doutez, regardez "Prédestination") en vétéran de l’armée confédérée traumatisé, Vincent D’Onofrio est absolument hilarant en trappeur bourru et burlesque (LE personnage surprise du film), Byung-Hung Lee succède de belle façon à Charles Bronson en cowboy lanceur de couteaux (il est aussi classe que dans "Le Bon, la Brute et le Cinglé" !), Manuel Garcia-Rulfo (que perso je ne connais point) est plutôt agréable en hors-la-loi mexicain même s’il aurait mérité un meilleur traitement (le personnage que j’apprécie le moins parmi nos 7 héros), Martin Sensmeier (encore un illustre inconnu à mes yeux) très convaincant en indien farouche exilé de sa tribu, et enfin la force tranquille Denzel Washington, tout en classe et charme, en chasseur de primes impitoyable mais noble (qu’est ce que vous voulez que je vous dise : il est parfait, il a LA gueule de l’emploi pour ce rôle !). Finalement, le seul point noir du casting (et c’est bien dommage vu qu’il s’agit du seul personnage féminin du métrage) demeure Haley Bennett : alors qu’elle est censé incarné une femme forte, elle n’est douée que pour faire la moue et pleurnicher (finalement elle en faisait plus et mieux dans "Hardcore Henry" !) ; de plus son étonnante ressemblance avec la fausse actrice Jennifer Lawrence n’arrange pas du tout les choses (tout comme cette dernière, Haley ne parle pas beaucoup et n’est capable que d’exhiber sa poitrine tout en présentant sur son visage une seule et unique expression !)…bref un bien beau gâchis pour se personnage. Je terminerais en disant un petit mot sur la B.O. : même si elle est souvent discrète, elle n’en demeure pas moins agréable à l’oreille (et la réorchestration du fabuleux thème des "7 Mercenaires" original composé par Elmer Bernstein sur lequel s’ouvre le générique de fin est tout bonnement magnifique !!) ; mais il faut noter qu’il s’agit avant tout de l’ultime composition du regretté et formidable James Horner. Remake d’un remake d’un film culte, "Les 7 Mercenaires" nous conte certes une histoire déjà connue ; mais n’en demeure pas moins un western respectueux des codes et clichés que son genre impose tout en étant un divertissement relativement efficace et non moins généreux. Antoine Fuqua nous le livre tel quel avec une telle sincérité qu’on ne peut que se délecter du produit fini : avec un bon réalisateur, un bon traitement, un bon rythme, une bonne action et un bon casting, on peut obtenir un bon remake ! Il ne faut donc pas bouder son plaisir : il en existe tant d’autres bien plus honteux et inutiles !