Sympathique long-métrage destiné à la jeunesse, le plus britannique des oursons, Paddington prend vie à l'écran sous la direction de Paul King. Véritable succès, voire phénomène de la littérature jeunesse britannique, l'improbable animal péruvien, avatar parcourant la métropole londonienne au gré d'aventures drôles et loufoques, méritait sans conteste un tel traitement cinématographique. Pour autant, le concept était casse-gueule, et pas des moindres. La frontière entre total n'importe quoi et crédibilité étant bien maigre, il fallait ici casser les barrières du rationnel. Dès lors, le succès du film ne découle que de l'absence de raison, celle permettant aux divers personnages réels de ne pas tomber des nues en croisant un ours habillé qui parle. Oui, Paul King prend clairement le parti d'assumer cette présence animée dans un monde bien réel sans pour autant en apporter des explications laborieuses. Paddington débarque du Pérou et enchaîne les péripéties. C'est un fait et il est inutule d'y voir une quelconque logique. Ce n'est, dans le fond, qu'un divertissement pour nos juniors.
En surplus du mignon petit compagnon poilu, doublé par le nouveau Q de la saga 007, Ben Whishaw, le casting se compose de quelques trombines bien connues outre-Manche, Hugh Bonneville, Peter Capaldi ou encore Jim Broadbent. On sent alors que la production a mis les petits plats dans les grands, à la mesure du succès littéraire dont le film s'inspire. Par ailleurs, en vedette version Cruella, débarque une Nicole Kidman libérée de son académisme ordinaire. L'actrice australienne, star planétaire que l'on ne présente plus, s'amuse, et cela se voit, à jouer la méchante caricaturale. Là encore, il s'agit d'une démonstration de force de la part de la production. Gros casting, en somme, au service de l'humour british tranchante et qui enchante aussi bien qu'elle nous plie parfois en deux de rire.
Par ailleurs, l'équipe technique derrière les claviers et autres souris, excelle en matière de création visuelle. Dès lors, l'ours prend vraiment des allures de plantigrade à la fois crédible et imaginaire. Mignon, expressif, la modélisation de Paddington est parfaitement maîtrisée, d'autant que ce personnage en CGI s'intègre parfaitement à tous les plans du film. On apprécie alors les visuels proposés, soignés, qui démontre une fois de plus la savoir-faire des britanniques dans tous les domaines.
Difficile finalement de vraiment rapprocher ce Paddington du tout-venant des productions animées ou lives du même type, productions souvent nettement moins agréable, inventive que celle-ci. On pourrait finalement bouder un brin la courte durée du métrage, ne dépassant guère la petite heure et demie, malgré le potentiel à la fois comique et spectaculaire. Il y avait véritablement de quoi prolonger l'aventure sans pour autant ternir la lecture de l’œuvre, franchement trépidante pour les plus petits. Tout le monde en aurait pris une nouvelle tranche, c'est sans doute la démonstration de la réussite de cette adaptation importante pour les britanniques ayant grandis en écoutant les aventures de Paddington. 14/20