Les Amants du Texas déroule la trame de son histoire dans le premier quart d'heure. Les dialogues sont distingués, efficaces, et posent remarquablement bien le fil conducteur qui amènera le (télé)spectateur jusqu'à la scène finale.
C'est l'histoire de deux hors-la-loi dans l'Ouest des États-Unis, à une époque qui semblerait être pendant la deuxième partie du siècle dernier, au vu des quelques éléments de décor qui permettent de le devinner. Il s'agit de Bob et de Ruth (Casey Affleck et Rooney Mara, respectivement, interprétant les rôles), grands amoureux, qui attendront bientôt un enfant : Sylvie.
Les éclairages envahissent l'écran, et la plupart soutiennent le propos. Des propos du passé (par des couchers de soleil) et des propos d'avenir (par des levés de soleil). La sublime musique accompagne aussi le jeu des acteurs (principalement lors des scènes jouées par C. Affleck et R. Mara). La toute première scène, est d'ailleurs orchestrée comme un balai de danseurs au milieu d'une prairie texane et le soleil se couchant sur eux attestant de la fin de quelque chose...
L'édition en DVD que je possède n'a pas de doublage français. J'ai donc regardé ce film en version originale, et ; j'avoue avoir été éblouï par le rôle joué de la part de Casey Affleck, que je ne connaissais pas encore. Sa voix (originale, donc) est renversante. Elle me fait penser à celle du doubleur de la V. F. de Marlon Brando dans la saga du Parrain. Feutrée sans être cassée, de premier abord fragile mais dôtée d'un timbre fort et assuré. J'ai même eu l'impression qu'il s'adresse à Ruth (et plus tard Sylvie) en vers ! Mais pas avec les autres... à croire que c'est réservé seulement à ceux qu'il aime dans sa vie, c'est à dire Ruth et leur fille ?
Keith Carradine est également de la partie. Ce dernier je trouve, apporte une bonne ossature aux protagonistes, ralentit le ton, sans flancher face au regard de Bob à un moment, lorsqu'il lui esquisse une grimace franchement terrorisante lorsqu'il commence à le menacer. Je l'ai trouvé en retrait... mais malgré tout, à sa place.
Très différent comme personnage, j'y reviens, Bob arbore un homme de la trentaine je dirais assez avancée, léger comme un de 20, expérimenté comme un de 40. C'est aussi un idéaliste, qui rêve éveillé. C'est un homme responsable, aux larges épaules, prennant les responsabilités des autres sans hésiter à les protéger : la fusillade du début le démontre. Il est aussi très doué.
Mais, cela lui causera sa perte, avant de lui faire perdre la vie. Je trouve que la très bonne actrice qu'est Rooney Mara jouant Ruth, assure à ses côtés. Mère instinctivement spontanée, complice et rapprochée de leur fille, elle attend le retour de Bob qui est en cavale depuis plusieurs années depuis son emprisonnement. Mais elle est déchirée, perdue : l'homme qu'elle aura bléssé au cours de la fusillade qui aura valu l'emprisonnement de Bob, se révèle être amoureux d'elle. Bob lui, pendant ce temps, sors de prison (par la porte (...)) et viens la rejoindre du Missouri, à pied, sans se nourrir ni biensûr se laver, pas un dollar en poche évidemment, mais... avec son flingue !
Le sublime film de David Lowery se clôture par un majestueux flash-back ; scène merveilleusement belle faisant revenir le (télé) spectateur aux premières minutes du film. Bob, ayant alors appris qu'il devenait père, chuchotte quelque chose au ventre de Ruth. Il eu à cet instant là, une vision...