Le prestigieux cinéma contemplatif de Terrence Malick semble faire des émules. C’est en tous les cas ce qui ressort du travail de David Lowery sur les amants du Texas, film lyrique pour le moins déconstruit, et ce malgré une très belle photographie. Le mythe de Bonnie & Clyde y est sans doute aussi pour quelque chose dans le processus de création de David Lowery, signant là un film indispensable lors de la projection de sa bande annonce puis finalement à oublier dès la fin de la découverte. Pour parler franchement, les amants du Texas est un film inutile, une œuvre élitiste qui use et abuse du procédé filmique des œuvres de Malick pour le réchauffement d’une soupe mélancolique et romantique qui n’intéresse concrètement que les poètes en mal de délicatesse.
Pourtant, l’intrigue est soigneusement écrite, les personnages étant très loin des stéréotypes du genre, texans soiffards, un éternel Stetson vissé sur le crâne. Non, ici, autant Casey Affleck, attachant mais survolant son rôle de hors la loi, autant Rooney Mara dont la talent est sous-exploité, que Ben Foster, qui peine à sortir du rôle de second couteau, malgré son talent, ont tous un énorme potentiel narratif qui jamais ne sera complètement développé. Par peur de réécrire une nouvelle histoire d’amour mêlée au banditisme, au lyrisme du sud des Etats-Unis des années 60, David Lowery tisse une toile irrégulière, narrant une fable mystique qui n’accroche jamais l’intérêt du public moyen.
Il est pour autant dommage que le résultat ne soit pas à la hauteur en regard à l’application que met dans son travail le réalisateur. Certes, son film peut s’apparenter à du plagiat artistique, référence à l’ami Terrence, notamment sur Tree of Life, mais sa vision d’une photographie privilégiant la beauté naturelle des éléments est à l’image de celle du maître, très profonde. Des champs plats et infinis des plaines texanes, David Lowery en fait un endroit poétique, oublié des hommes, repaires éternels des légendes du sud, théâtre aussi bien des tristes coutour de l’époque américaine que des réjouissances d’accéder au statut d’Américain, pays de la démocratie, de la liberté.
Difficile d’en dire d’avantage sur un film qui s’oublie, prenant d’avantage le temps de contempler que de narrer une véritable histoire. Au fil du récit, l’on se prend à espérer un final poignant, une morale, mais rien ne vient. Le final est à ce point brouillé que l’on se demande clairement ou voulait en venir le metteur en scène, en quoi les acteurs auront été utiles pour ce faire. Sous-exploités, la solution de faire des acteurs autre chose qu’une décoration au service d’une œuvre amorphe aurait été bien meilleure. Potentiel gâché, acteurs ayant sans doute perdus leur temps, Les amants du Texas aurait mérité d’être autre chose qu’une expérience. 05/20