Passant outre le fait qu’ici les singes parlent, qu’ils soient doués d’habilité au fusil d’assaut, la suite à l’excellent reboot de la franchise par Matt Reeves, soit l’affrontement, démontre tout de même l’habilité des scénaristes en terme de gestion de la chronologie de cette toute nouvelle mouture du mythe. Se plaçant en effet plus de dix ans après les faits narrés dans les origines, la trame narrative de l’affrontement nous fait l’honneur d’éviter adroitement les aléas d’une production qui aurait mis en avant la contamination, l’extinction en masse de notre espèce, aux travers d’un film sans surprise voire carrément inutile. Non, ici, nous nous plaçons dans un environnement décharné, ou l’homme n’est plus désormais que le survivant, alors que l’animal, par analogie, le singe, domine le monde qui l’entoure. Ce postulat offre une opportunité alléchante permettant de raconter une histoire allant bien au-delà d’un simple conflit de suprématie. Pour autant, si l’écart narratif est conséquent, j’entends entre les deux films, les nouvelles bases induites par le film de Rupert Wyatt sont respectées.
Exit James Franco, que l’on ne reverra plus, et place à quelques nouveaux individus, dont Jason Clarke, Gary Oldman ou encore Keri Russell. Le monde a radicalement changé, la civilisation est maintenant déchue. Seul César, roi des primates, semble avoir gardé son esprit parmi les plus sages. Meneur de singes hors pair, la vedette en Motion Capture, alias Andy Serkis, est sans conteste l’élément fort d’un récit relativement intelligent. Oui, soyons certains que la Planète des Singes, l’affrontement, est ce que l’on pouvait faire de mieux comme suite au reboot d’il y a peu. Substance narrative et techniques de mise en scène novatrices sont notamment des aspects positifs indéniables de cette production qui ne prend jamais le public pour des consommateurs sans arrière-pensées. En somme, ce nouveau modèle de Blockbuster, bien au-dessus du tout-venant hollywoodien contemporain, offre nous seulement un spectacle visuel grandiose, mais aussi un scénario captivant. Chose rare.
Matt Reeves, pour rappel metteur en scène du curieux et saisissant Cloverfield, aurait simplement pu se contenter, pour l’occasion, de mette en scène une guerre spectaculaire et sans merci entre humains et chimpanzés. Heureusement, les scénaristes ont été plus subtils, privilégiant l’exercice de la réflexion, de la coordination de tout un ensemble narratif, en faisant l’impasse sur la simple et pure démolition à laquelle les blockbusters d’aujourd’hui nous ont habitués. Non seulement l’affrontement concorde avec le film précédent mais il permet aussi de laisser ouvertes bien des portes pour la suite des opérations. Mais l’affrontement est aussi, en dépit d’être un film étonnamment posé, une véritable démonstration de technologie. En effet, qui peut se vanter d’avoir vu mieux en matière de capture de mouvements. Cette nouvelle technologie, d’actualité principalement grâce à un certain metteur en scène, je pense à Peter Jackson, trouve ici son paroxysme.
Oui, la planète des singes, l’affrontement, est visuellement splendide. A l’exception de quelques séquences en CGI bien trop marqués, le film est d’une réelle beauté, et ce dans l’action ou dans la contemplation. Matt Reeves, qui s’était fait discret depuis son succès aux cotés de J.J. Abrams, démontre qu’il est un metteur en scène maîtrisant parfaitement les nouvelles technologies du cinéma, un réalisateur à qui l’on peut confier n’importe quel contrat de divertissement. En somme, pour conclure, disons qu’en dépit de quelques phases grotesques, notamment le singe rebelle sur son cheval et un fusil dans chaque main, l’affrontement est une réussite totale, l’archétype du Blockbuster réussi et respectueux, même si l’on regrette le peu de présence à l’écran de Gary Oldman. 16/20