Pendant la préparation de La Nuit d'en face, Raoul Ruiz a semé plusieurs doutes concernant l'idée du film. Il a par exemple dit qu'il s'est inspiré des contes d'Hernan Del Solar pour raconter l'histoire du père de l'un de ses vieux amis. Il s'est avéré par la suite que le film reflète l'histoire de son propre père. Le producteur François Margolin a même parlé d'un "retour presque autobiographique sur l’enfance". Le but de ces ambiguïtés a été de brouiller les pistes pour que personne ne sache que le réalisateur n'avait qu'une chose en tête : réaliser son ultime film.
François Margolin s'est chargé pour la troisième fois ici de la production d'un film de Raoul Ruiz. Le producteur français a déjà collaboré avec le cinéaste dans Dias de campo (2003) et La Maison Nucingen (2007) : "Raoul m’a donné le goût du Chili. En allant là-bas, je me suis rendu compte que ce qu’on croyait être son surréalisme était en fait la réalité quotidienne du pays", partage-t-il.
La Nuit d'en Face a été entièrement financé par le Chili, chose qui ne s'est pas faite pour les films de Raoul Ruiz, depuis Palomita blanca réalisé en 1973.
Pour son dernier film, Raoul Ruiz s'est inspiré des contes d'Hernan Del Solar pour donner à son film un aspect "imaginiste" : "Dans les œuvres de Del Solar coexistent le quotidien et l’onirique, la tendresse et la cruauté, les évocations littéraires et l’omniprésence de l’univers de l’enfance. Ses fictions imposent une double lecture permanente. Elles exigent, à la fois, d’y croire et de cesser d’y croire. Tout cela pour dire que ces fictions sont d’une inspiration totalement libre. Qui est un défi pour le cinéma, mais un défi stimulant", explique-t-il.
On retrouve dans La Nuit d'en face le personnage de Jean Giono, interprété par Christian Vadim. C'est en rencontrant la fille de l'écrivain français que Raoul Ruiz a eu l'idée d'intégrer ce personnage à sa fiction : "Il y a quelques années, j’ai eu la chance de rencontrer la fille de l’écrivain Jean Giono (...). Elle me raconta que l’ultra-provincial Giono, à qui un voyage à Paris semblait un saut vers l’inconnu, aimait rêver de voyages extraordinaires à l’autre bout de la terre. Un jour, il annonça ainsi à sa famille qu’il était en train de se préparer pour un voyage sans retour dans une ville nommée, Antofagasta. Un port, situé tout au nord du Chili. Dans ma libre adaptation, je fais le postulat que Jean Giono effectua ce voyage réellement", confie le réalisateur.
Le Festival de Cannes 2012 a rendu hommage au réalisateur franco-chilien Raoul Ruiz décédé en 2011. La Nuit d'en face a été programmé dans la Section Quinzaine des Réalisateurs pendant cette 65e édition.