Lifshitz a souhaité donner la parole, ô combien utile en ces temps d'intolérance prononcée (cf les manifs contre le mariage pour tous), à ces oubliés de l'histoire, des homosexuels, hommes et femmes, qui ont dû vivre leur homosexualité en des temps très incertains. Temps où on ne parlait pas de ces choses-là, comme il est rappelé à plusieurs reprises dans le film.
Lifshitz a raison de nous montrer ici la conviction de ces personnes âgées qu'on montre si rarement au cinéma ou à la télévision, ou sinon, que pour laisser déblatérer les experts à grands coups de clichés (Alzheimer, maisons de retraite, etc.). Il le fait avec une poésie certaine (la scène de la tourterelle), une adresse incroyable pour recevoir les confidences de tous ces êtres humains que la vie a plus ou moins blessés, mais qui ont une parole libre, spontanée et réfléchie, qui parlent de désir, d'amour, du corps, grand tabou de la vieillesse. Une grande émotion sourd de ces interviews, entrecoupées de superbes paysages de nature, filmés sur écran large. Les documents d'archives montrent la liberté incroyable qu'il y a eue dans les années 70. Nous sommes plutôt en régression !