D’origine indienne, le producteur sud-africain Anant Singh, autrefois partisan du mouvement d’opposition à l’Apartheid, n’était pas considéré comme un citoyen blanc durant la ségrégation. Lorsqu’il a débuté sa carrière, il était l’un des premiers à produire des films engagés, mais n’avait ironiquement pas le droit d’assister à leurs projections dans les cinémas d’Afrique du Sud de nature séparatiste.
Avant qu’Un long chemin vers la liberté ne soit publié en 1995, Nelson Mandela avait fait lire le manuscrit au producteur Anant Singh : "Ça m’a pris le weekend et je lui ai immédiatement dit : 'il y a de quoi en faire un film considérable, je dois le faire !'" Deux mois plus tard, quand le livre a été publié, les offres arrivèrent d’Hollywood en abondance et la surenchère commença. Singh revient sur ce que Mandela lui avait alors déclaré : "C’est une histoire sud-africaine, c'est toi qui doit la raconter". C’est donc le leader en personne qui a cédé au producteur les droits d’adaptation tant convoités : "Tout ce que j’ai pu lui offrir en retour était la promesse de faire un film dont il serait fier."
Le scénariste William Nicholson ainsi que les producteurs David Thompson et Anant Singh avaient déjà collaboré tous les trois pour Sarafina!, une comédie musicale autour de la libération de Nelson Mandela.
Mandela : Un long chemin vers la liberté retrace 70 ans de la vie du premier président de la république d’Afrique du Sud. Ainsi, trois acteurs l’incarnent : Siza Pina durant son enfance, Atandwa Kani de 16 à 23 ans et Idris Elba de 23 à 76 ans. Pour faire évoluer le visage du comédien britannique sur 53 années, de nombreux travaux en termes de maquillage ont été nécessaires. La chef maquilleuse Megan Tanner a dû faire appel à Mark Coulier, spécialiste en prothèses de latex qui avait obtenu l'Oscar du Meilleur maquillage pour La Dame de fer, un autre biopic.
Le producteur Anant Singh ne souhaitait pas faire appel à un scénariste sud-africain par souci d’impartialité. Il a donc demandé au scénariste anglais William Nicholson d'adapter les mémoires de Nelson Mandela. 16 années ont été nécessaires pour venir à bout de ce travail colossal : "C’était une expérience plutôt terrifiante. Je sentais le poids d’une énorme responsabilité : il fallait que je la raconte bien sans passer à côté de l’histoire. On peut aussi avoir peur d’offenser les gens, d’omettre des faits, de donner une fausse image de toutes ces personnes qui ont vécu cette période, parfois sacrifié leur vie ou tout au moins une grande partie", explique Nicholson.
Mandela : Un long chemin vers la liberté est directement adapté des mémoires du leader sud-africain. Ces dernières ont été rédigées et sont sorties durant son incarcération. Ses codétenus ont joué un rôle déterminant dans la parution de cet ouvrage. Ils s’occupaient de relire, condenser les 600 pages de la version finale en seulement 50 et faire sortir le livre clandestinement de prison.
Justin Chadwick, Naomie Harris et Anant Singh avaient déjà tous trois collaboré pour The First Grader, qui retraçait l'histoire vraie d'un Kenyan et de sa lutte pour le droit à l’éducation.
Idris Elba a été choisi pour incarner Nelson Mandela grâce à ses rôles dans la série Sur écoute (où il campait un redoutable gangster) et le téléfilm Quelques jours en avril qui retrace le génocide rwandais.
Pour réaliser ce film, l’intervention du coach dialogue Fiona Ramsey était indispensable en raison des 11 langues officielles d’Afrique du Sud. Idris Elba a ainsi dû oublier son accent cockney, un accent très prononcé de l’est londonien, qui a fait le succès de Michael Caine.
Naomie Harris, qui incarne l’épouse de Mandela, est née le 6 septembre, soit le même jour qu’Idris Elba.
Pour ajouter de la crédibilité à son film, Justin Chadwick a décidé avec la directrice de casting Moonyeenn Lee de faire appel à 140 anciens prisonniers de Robben Island ayant côtoyé de près ou de loin Nelson Mandela.
Trouver des décors s’est avéré une affaire plus complexe qu’il n’y paraissait. En effet, la majorité des lieux décrits dans le livre par Nelson Mandela ont extrêmement changé ou sont désormais interdits d’accès. Il n’aurait de plus pas été correct vis-à-vis des Sud-Africains de recréer en pleine rue des scènes d’affrontement qui ont choqué l’ensemble de la population. Pour ces diverses raisons, une importante partie du film a été tournée en studio.
Avec ses 12 000 figurants, Mandela : Un long chemin vers la liberté devient le quatrième film de l’histoire avec le plus de figurants, juste après Le Seigneur des anneaux : le retour du roi qui en compte 20 600, reléguant ainsi La Bataille de Solférino, sorti 3 mois plus tôt, à la cinquième place.