Le Jour attendra est le premier film d’Edgar Marie. C’est sa rencontre avec Olivier Marchal qui a véritablement lancé sa carrière. Il a rédigé le scénario des Lyonnais et s’est associé également à l’ancien policier pour Braquo. Il n’est donc pas étonnant que pour faire ses débuts derrière la caméra, Edgar Marie ait fait appel au réalisateur de 36 Quai des orfèvres.
Dans la plupart de ses rôles au cinéma, Olivier Marchal interprète des policiers ou des voyous. Edgar Marie a voulu cette fois mettre en avant son côté enfant et sa joie de vivre. Mais le personnage de Milan se révèle finalement très différent de l’acteur, permettant ainsi à ce dernier de montrer l’étendue de son talent : "Malgré tout ce que l’on dit et croit de moi, je ne lui ressemble pas... Bien sûr je suis fêtard, je picole, j’adore les potes, je suis un bulldozer capable d’encaisser beaucoup de choses, de travailler énormément tout en dormant quatre heures par nuit, mais Milan ne me plaît pas totalement humainement !"
Le Jour attendra a été réalisé avec un budget très serré de 2,6 millions d’euros. En étant une coproduction belge, le film a pu profiter de la Tax Shelter. Ce système permet aux entreprises qui investissent dans des projets cinématographiques de bénéficier de réductions d'impôts.
Olivier Marchal a rencontré Edgar Marie après avoir lu une de ses adaptations d’un film de John Cassavetes. Le réalisateur du Jour attendra apprécie particulièrement Meurtre d’un bookmaker chinois. Le polar sorti en 1976 évoque le vieillissement d’un homme, tout comme le fait le premier long-métrage d’Edgar Marie. Ce dernier avoue avoir un autre cinéaste de référence, Sam Peckinpah : "Il a remis en place les codes du western, même dans des films qui n’en sont pas, comme Apportez-moi la tête d’Alfredo Garcia ou Le Guet-Apens. Je voulais montrer deux cow-boys en fin de règne ! Des mecs paumés dans un monde qui ne leur ressemble plus… Pour ajouter à cette idée de western, je dois dire que pour la scène du tout début, nous avons eu la chance de pouvoir travailler avec le petit-fils du régisseur de Sergio Leone, dans les décors espagnols où il a tourné tous ses grands films !"
Edgar Marie a permis à Olivier Marchal de tourner une nouvelle fois avec son ami Francis Renaud. Ils avaient déjà collaboré pour Police District (2000), Gangsters (2001), 36 Quai des Orfèvres (2004), Scorpion (2007), MR 73 (2008) et Les Lyonnais (2011). Dans Le Jour attendra, Francis Renaud incarne l’un des hommes de main de Carlo Brandt, patron de boîte de nuit n’hésitant pas à tuer pour arriver à ses fins.
Depuis quelques années, le cinéma français se tourne de plus en plus vers le polar. Comme Le Jour attendra, plusieurs films évoquent le monde de la nuit. Nuit blanche de Frédéric Jardin et Une nuit de Philippe Lefebvre se concentraient d'ailleurs eux aussi sur une seule nuit. Mais pour Edgar Marie, la différence repose sur le fait que ses deux héros ne sont pas des policiers, mais au contraire des hommes travaillant dans ce milieu nocturne.
Le premier long-métrage d’Edgar Marie devait à la base s’appeler "La nuit je mens", en référence à la chanson d’Alain Bashung. N’ayant pas obtenu l’autorisation de la famille du défunt, le réalisateur a finalement opté pour Le Jour attendra.
Avant de devenir scénariste, Edgar Marie a travaillé comme organisateur de soirées dans plusieurs boîtes de nuit parisiennes. Il connaît donc bien le milieu qu’il met en scène dans Le Jour attendra. Le club dont il s’est principalement occupé, le Shéhérazade, a été rendu célèbre pour avoir accueilli le tournage de l’émission de Thierry Ardisson "Lunettes noires pour nuits blanches" à la fin des années 80.
Si une partie du Jour attendra se déroule dans les rues de Paris, la plupart des scènes ont été tournées à Bruxelles. Tous les décors ont été inventés. Le club avec une piscine intérieure qu'on voit dans le film était en fait un restaurant dans lequel a été installé un bassin de plongée. De quoi donner des idées aux propriétaires de boîtes de nuit !
Avant d’écrire le scénario de son film, Edgar Marie s’est adressé à son ami Olivier Marchal : "C’était très différent de ce qu’est devenu Le Jour attendra : les héros étaient des trentenaires ! Nous avons travaillé sur plusieurs versions et je l’ai convaincu de vieillir les personnages principaux pour que leur vie, leur famille, leur passé soient plus intéressants... Je ne pensais absolument pas faire l’acteur devant sa caméra, ce n’était pas une priorité absolue ! Edgar a tout chamboulé et il a fini par me proposer le rôle de Milan...", raconte le comédien.
La collaboration entre Jacques Gamblin et Olivier Marchal s’est parfaitement déroulée. Les deux acteurs n’ont cependant pas du tout la même façon de travailler : "Jacques avait beaucoup travaillé sur le texte, il avait pris des notes. Moi, je passe par le scénario évidemment mais aussi plus par les costumes par exemple et je me lance. Lui a posé mille questions, toutes censées d’ailleurs, et Edgar s’en est beaucoup servi au final, tout comme de nos différences...", explique Olivier Marchal.
Bien que Le Jour attendra peut d’abord apparaître comme un "film d’hommes", les femmes n’en sont pas moins importantes : "Jacques et Olivier sont deux bateaux échoués en pleine mer et leurs femmes sont des phares qui leur montrent la côte. Elles sont prédominantes dans le destin de ces personnages masculins", explique Edgar Marie. Pour les incarner, il a choisi Anne Charrier, actrice connue pour son rôle dans la série Maison Close, et Laure Marsac, recommandée par Olivier Marchal.
Olivier Marchal est connu pour ses rôles sombres mais il désire aujourd’hui de plus en plus changer de registre : "J’ai grandi en lisant Hugues Pagan, Jim Thompson, James Ellroy ou James Crumley. Leurs héros m’ont nourri, leurs ambiances aussi : les mecs à la Humphrey Bogart, clope au bec, chemise collée au corps, les ventilateurs, les filles... C’était mon fantasme d’adolescent : être Philip Marlowe ! Mais aujourd’hui, je suis arrivé au bout de cette quête "noircissique" !", confie l’acteur-réalisateur. On a ainsi pu le voir ces dernières années dans Quelque chose à te dire ou Le Fils à Jo et il sera prochainement à l’affiche de la comédie romantique Belle comme la femme d’un autre aux côtés de Zabou Breitman.
Jacques Gamblin n’est pas vraiment considéré comme un acteur de polar, même s’il a dernièrement incarné un policier dans A l’aveugle aux côtés de Lambert Wilson. Le Jour attendra lui permet une nouvelle fois de s’éloigner de ses rôles habituels : "Je suis très heureux d’aller m’amuser à cet endroit là. Il y a toujours un moment dans un parcours où on a envie de varier les plaisirs, de bouger, d’aller explorer d’autres genres, d’autres styles, de se surprendre. Ce métier reste un truc de grand gamin quand même, on joue à jouer, alors plus c’est différent plus c’est un régal. Du moment que j’adhère à l’histoire et au style, je ne me sens pas de barrière ou de famille de genre."
Edgar Marie a participé activement à l'élaboration de la bande-originale de son premier long-métrage. A l'instar de Drive, qui a révélé Kavinsky, le réalisateur a surtout utilisé de la musique électronique, peu mise en avant dans le cinéma français. Dans Le Jour attendra, on peut entendre Yuksek, C2C ou encore Lindstrøm et Apparat.