Le 13ème Guerrier était un des films que je voulais le plus voir. Déjà car l'univers Viking m'attire beaucoup, mais surtout pour tenter de comprendre pourquoi il a été un flop monumental à son époque, et que même aujourd'hui il est très peu considéré. Pour être honnête je n'ai pas de réponse.
Pour moi, le 13ème Guerrier c'est un grand film, un film qui va toujours à l'essentiel, et ici ce n'est pas un défaut, c'est l'efficacité pur. On ne s'éparpille pas, en gardant un rythme soutenu sans aucune baisse de régime, haussant même jusqu'à l'epique très facilement.
On nous offre une belle plongée dans l'univers Viking : langues, rites, mythologie, croyances, un récit toujours proche du fantastique, reprenant même l'histoire de Beowulf par l'instar du roi Buliwyf, le tout dans une quête très sombre.
Il y a aussi toute une déconstruction de la figure du viking cliché que l'on connaît, en leur donnant un humour, des relations de frères : on ressent de l'empathie pour eux, une certaine proximité, tout en gardant un côté bestial et barbare, chez les ennemis notamment. On n'échappera par contre pas au supposé machisme de ces hommes, bien que les quelques personnages féminins s'en sortent bien.
Le personnage de Ahmed Ibn Fahdlan, incarné par un Antonio Banderas impliqué et plus que convaincant, est en cela intéressant, étant un point d'ancrage où toute les relations et l'empathie tournent, via le côté initiatique et apprentissage de son aventure. Il se plonge en même temps que nous, novice (ou du moins pas grand connaisseur) dans cette culture.
Il ne faut pas non plus oublier que ce film est réalisé par le grand John McTiernan. Il maîtrise complètement son oeuvre, dans son fond donc, mais aussi et surtout visuellement. Nous avons à faire à quelque chose d'une ambition dingue. Il y a une vrai parallèle à faire avec le Seigneur des anneaux (où plutôt le Hobbit dans l'histoire, Ahmed Ibn Fahdlan étant un peu dans le même rôle que Bilbon) surtout dans les ambitions visuelles et esthétiques, dont Peter Jackson semble s'être bien inspiré ou alors c'est du pur hasard, mais c'est parfois assez criant. John McTiernan nous sert du concret, du vivant, en étant très appliqué. Il utilise de vrai paysages magnifique, très variés (désertique, marin, forêt, brumeux, souterrain) et magnifiquement embellit par la belle photographie présente, ou alors on recréé les décors, on n'utilise pas de fond vert, pareil niveau costumes, c'est magnifique.
Que dire des scènes de batailles, elles sont tout simplement incroyable, magnifiquement filmées par un John McTiernan plein de savoir faire en terme d'action, et qui ici arrive même à se renouveler par rapport à ses Die Hard ou autre Predator. Et puis c'est ultra intense, c'est violent, ça cogne, on ressent les coups, le sang. Il y a une vraie impression de grandeur et d'immensité qui se dégage. La scène de l'assaut des cavaliers, en pleine nuit avec leur torche, est brillante dans la façon dont l'invasion du village cloîtré est mis en scène, dans son montage, dans son immersion, avec une utilisation parfaite des flammes et du nocturne, et en prime une musique dingue pour accompagné. C'est une des scènes les plus épiques que j'ai pu voir dans ma vie.
Et c'est encore plus beau (ou plus triste) quand on sait que le film à beaucoup souffert, que même malgré les charcutages dont il apparament été contraint, il s'avère assez complet. Rien que d'imaginer qu'une director's cut existerait quelque part et que l'on ne la verra sûrement jamais, me fais rager de toute mes forces, tant elle pourrait être celle d'un véritable chef d'oeuvre, pouvant compléter un film déjà bien garni.
Enfin bref un très grand film, très sous côté, qui ne mérite sans doute pas un 9/10 non plus, mais que je soutiens et veut réhabiliter.